Vous imaginez Emmanuel Macron suivi partout à la trace par treize journalistes dès qu’il quitte l’Élysée ? Et quand je dis « partout », c’est partout. C’est le cas pour le président des États-Unis. Dès qu’il se déplace, que ce soit pour un voyage international ou une journée à la plage, il est flanqué d’un « pool », un groupe de reporters et de photojournalistes d’agence, de radio, de télé, et de presse écrite. Ce dispositif, auquel l’Agence France-Presse participe, est orchestré par l’influente Association des correspondants à la Maison Blanche. Régulièrement, je suis donc dans le « pool », aux premières loges du grand spectacle présidentiel.
J’ai, en une journée, sauté d’hélicoptère en avion pour aller de Bethléem à Tel-Aviv, puis à Jeddah. Je suis entrée brièvement dans la maison de Michael Douglas quand l’acteur a organisé une collecte de fonds au profit du parti démocrate. J’ai sillonné l’Amérique à bord de l’immense convoi, sur des routes désertes bordées parfois de trumpistes au majeur levé, parfois de partisans enthousiastes, le plus souvent de curieux occupés à filmer avec leur téléphone.
Moins glamour qu’Air Force One ou les villas des stars, j’ai passé des heures dans des minibus ou des salles sans fenêtre, sous bonne garde du « Secret Service », pendant que Biden était à la messe, au restaurant avec sa femme, ou en discussion avec les grands de ce monde. Nous avons beau avoir un accès privilégié, nous sommes tout de même maintenus à bonne distance. Ma tâche, dans le « pool », est de guetter la citation marquante ou l’événement inattendu. Vite, il faut en rendre compte dans un email envoyé par smartphone. Pas question d’être approximative. Dans certains cas, quand Biden n’est ni filmé ni enregistré, ce compte-rendu est la seule source disponible pour des milliers de journalistes, jusqu’à ce que la Maison Blanche publie une transcription officielle des propos du président.