Dans les quartiers défavorisés français, l’échec scolaire continue de coller aux baskets des gamins. Les causes sont connues depuis que les sociologues s’intéressent au problème : conditions de vie des parents, manque de ressources économiques et culturelles. En mai 2023, le ministre de l’Éducation, Pap Ndiaye, a même annoncé un timide plan d’action, pour favoriser la mixité et endiguer les phénomènes de ségrégation scolaire. Sur le terrain, des professionnels prennent le problème à bras-le-corps. C’est le cas au collège Jacques Prévert, situé dans les quartiers nord de Marseille. Anthony Micallef a photographié les activités de cet établissement classé en réseau d’éducation prioritaire (REP+). Dans ce collège qui dispose de moyens supplémentaires, le programme s’adapte aux besoins des jeunes. Des classes Segpa pour les élèves en difficulté, Ulis pour ceux en situation de handicap et des enseignements spéciaux pour les phobiques scolaires.
Ces apiculteurs en herbe vêtus de combinaisons blanches font partie du «micro-collège», une section consacrée aux décrocheurs. Chaque semaine, ils s’occupent des ruches entreposées à côté du poulailler et du potager de l’établissement. Ils se rendent régulièrement au cinéma ou sur les îles du Frioul, voisines. Avec ces activités, l’équipe pédagogique veut ouvrir les horizons, raconte Anthony Micallef. « Le but de ce collège est de contredire des destinées sociales déjà écrites. C’est un lieu qui cherche à “élever” les jeunes au sens de les tirer vers le haut. » Avec quels résultats ? Cela dépend des parcours. Mais ce qui a frappé le photographe, c’est que « les élèves sont en osmose. Tout ça, ça donne de l’espoir.»
Ce reportage fait partie d’Un voyage photographique en France, un ouvrage collectif de trente séries documentaires publiées par Le Bal des Rejetons aux Éditions de Juillet.