Après la pandémie de Covid-19, Macao a vu le nombre de ses visiteurs s’effondrer. L’année 2022 a attiré 6 millions de touristes alors qu’ils étaient 36 millions en 2018, selon l’institut public Macao Tourism Data plus. Les grandes fortunes qui peuplaient les salons VIP ont déserté. Un coup dur pour la région autonome de la côte sud de la Chine continentale dans laquelle, au début des années 2000, les autorités chinoises ont décidé d’ouvrir le secteur des jeux d’argent à la libre concurrence.
Désormais, Macao cherche à renouveler son public, et vise « notamment les familles des classes moyennes », raconte le photographe Christian Lutz. Après avoir immortalisé l’envers des décors qui s’effritent à Las Vegas, le photographe suisse s’est intéressé dans sa série The Pearl River à « la nouvelle Las Vegas », comme a été nommée la ville du delta de la rivière des Perles. « Dans le reste de la Chine, les jeux de hasard sont interdits », rappelle–t-il.
Stuc et carton-pâte
« Les principaux touristes viennent de Chine et de Hongkong », précise Christian Lutz. Ils cherchent des décors qui évoquent l’Europe. « La classe populaire chinoise n’a pas vraiment les moyens de voyager jusque-là, Macao leur fait goûter à l’illusion d’y être transportée. » Dans la cité des jeux, les halls des hôtels ressemblent à des centres commerciaux, avec défilés de mode, boutiques et casinos, devant des façades vénitiennes ou parisiennes, en stuc et carton-pâte. Aujourd’hui, le nombre de touristes visitant Macao est en train de remonter (28 millions en 2023).
La ville se met en scène, mais jamais les photographies de Christian Lutz : « Tout est déjà donné à voir sur place. Je ne parle jamais aux gens, j’adopte une position d’observateur. » C’est cette distance qui lui permet de s’immerger dans ces lieux clinquants et se fondre dans la masse. « Tout est déjà sur l’image, je n’ai pas besoin de légende. »