Sydney est la fille d'Erik Grimland, chasseur-businessman états-unien. Chez eux trônent les trophées chassés de leurs safaris passés en Afrique du Sud. La famille est propriétaire d’un immense ranch de 800 hectares au Texas où sont élevés des animaux non originaires des États-Unis. Ils y accueillent toute l’année des clients chasseurs.
C’est au hasard d’un travail sur la conservation des espèces animales, que la photographe Mélanie Wenger apprend l’existence de ces ranchs privés aux États-Unis. Début 2018, elle prend un aller simple pour la Convention internationale de la chasse qui se tient à Dallas, au Texas. Elle finit par faire la connaissance de Erik : « Il boit beaucoup. Et plus il boit, plus il parle. À force de présence, je suis adoptée, et il m’invite à venir quand arrivent des clients chasseurs. »
Pour améliorer son chiffre d’affaires, il s’est formé à la taxidermie. L’art de la conservation d’animaux est de rendre naturelle et esthétique leur posture. « Certains animaux empaillés sont vendus jusqu’à 5 000 dollars. Les chasseurs apprécient que l’animal garde sa position d’attaque avant d’avoir été abattu. »
La photographe souhaite comprendre cet univers-là, très éloigné d’elle, avec une posture de non-jugement. Elle documentera le quotidien de cette famille sur quatre années, en plusieurs voyages. « Les nuances du comportement humain sont au cœur de ma démarche, raconte-t-elle. Comme si la photographie était mon vêtement pour entrer dans la maison des autres. »