Quand la Silicon Valley refait le monde sur une île privée

Écrit par Hannes Grassegger Illustré par Gazhole
Quand la Silicon Valley refait le monde sur une île privée
En 2015, « XXI » s’était glissée parmi un petit groupe d’influence se retrouvant en toute discrétion à Necker Island, le paradis du milliardaire britannique Richard Branson. Leur objectif ? « Définir l’avenir. » Rien de moins. Leur « vision » est depuis au cœur des réflexions des banques du monde entier.
Paru en octobre 2016
Article à retrouver dans cette revue

Sur une jetée rouge, une jeune femme nous fait signe. La brise plaque son combishort contre le corps. Elle agite la main droite tout en retenant son chapeau de soleil avec la gauche. Le capitaine rapproche le hors-bord du débarcadère, le moteur toussote. Je saute hors du bateau. « Bienvenue à Necker, me dit la jeune femme. Je m’appelle Kezzia… » Elle se retourne et ajoute : « Suivez-moi. »

L’air est à cette température parfaite, un peu inférieure à 30 degrés, où l’on cesse de sentir son corps et où on a l’impression de fondre dans le reste de l’univers. L’eau cristalline de la mer des Caraïbes est à peine plus fraîche de quelques degrés. Comme ­l’invitation disait « élégance décontractée », je porte une ­chemise blanche habillée au-dessus de mon short de bain.

Après un voyage de trente-six heures, j’ai enfin atteint ma destination : l’île privée du milliardaire britannique sir Richard Branson. ­Kezzia ­m’emmène jusqu’à une voiturette de golf garée sur le sable. Je ne peux m’empêcher de penser à une vidéo que j’ai vue, où l’une des comptables de Necker Island racontait gaiement qu’après ses heures de bureau elle avait servi de plateau humain lors d’un repas naturiste à base de sushis. Dans une interview, Branson parlait en riant d’une nouvelle intendante sur l’île qui voulait instaurer une règle interdisant toute liaison entre employés et ­visiteurs : « Ça a duré exactement deux jours. »

Le sens exact de l’événement m’échappe. Apparemment il s’agit de préparer une sorte de coup d’État.

À Necker Island, il n’y a pas de séparation entre le travail et la vie privée, du moins pour les employés. Pour les moments où il ne veut pas être dérangé, Branson s’est acheté l’île voisine de ­Mosquito. Seul Larry Page, le PDG de Google avec qui il fait du kitesurfing, a récemment été autorisé à s’acheter un terrain là-bas.

J’ai été convié à Necker Island à l’occasion d’une réunion de chefs d’entreprise de la Silicon Valley et d’anarcho-capitalistes radicaux formant le noyau dur du mouvement en faveur du bitcoin, la monnaie numérique. Le sens exact de l’événement m’échappe, mais apparemment il s’agit de préparer une sorte de coup d’État. « Nous avons hâte de vous accueillir au paradis », proclame l’invitation.

Un petit groupe de personnes triées sur le volet a été invité. Chacun a dû entreprendre un voyage ardu car Necker se situe à la limite orientale des îles Vierges, à deux heures d’avion à l’est de la Jamaïque. Le droit d’entrée à acquitter est de plusieurs milliers de dollars par jour.

« Définir l’avenir »

En chemin, j’ai déjà rencontré quelques-uns des participants. Attendant le bateau pour ­Necker Island, j’ai croisé Michael Zeldin, 64 ans, devant un kiosque sur la plage. Aux États-Unis, c’est un éminent expert de la lutte contre le blanchiment d’argent. Pour l’avoir souvent vu sur CNN, je l’ai reconnu malgré son jean et son t-shirt vert. Ancien délégué américain au G7, il est désormais « conseiller spécial » d’un cabinet d’avocats qui représente dix-sept des vingt principales banques des États-Unis.

À côté de lui, il y avait Brock Pierce, en maillot de bain, une bière Carib à la main. Brock Pierce, qui prétend avoir inventé l’expression « user-generated content » (« contenu généré par l’utilisateur »), est passé à 17 ans du statut d’enfant star à celui de milliardaire de l’ancienne « nouvelle économie ». Puis, il a disparu de la circulation après un scandale sexuel impliquant des mineurs. Pendant son exil en Espagne, il a bâti un empire des jeux en ligne en vendant des armes virtuelles pour les jeux sur ordinateur, devenant ainsi l’un des principaux patrons à s’enrichir en monnaie numérique. Alors que nous prenions un verre ensemble, il m’a confié avoir investi dans trente-quatre sociétés différentes.

Comme moi, Brock Pierce et Michael Zeldin ont été invités au « dîner de clôture du Sommet de la blockchain » célébré sur l’île de Branson par « un cocktail et repas des lémuriens », les ­animaux fétiches du milliardaire. Selon l’annonce, ce « sommet » vise à réunir « les plus grands esprits mondiaux dans le domaine de l’innovation numérique » afin de « définir l’avenir ». Au fond, cela signifie que beaucoup d’argent et de pouvoir sont rassemblés ici, au milieu des Caraïbes, sur l’île privée d’un milliardaire, dans le but de comploter.

Branson avait évidemment deux choses en tête lorsqu’il a aménagé son île : le sexe et l’alcool. Sa villa a été construite à Bali, puis démontée, expédiée et rebâtie au sommet de Necker Island.

La voiturette de golf ne parcourt que quelques mètres sur une étroite piste de sable bordée de pierres, avant de s’arrêter devant une maison en bois à deux niveaux. « Les autres sont déjà à table. Je vous suggère de prendre un verre, de faire un petit tour, puis de nous rejoindre », dit Kezzia. « J’aurai besoin d’argent ?… » La jeune femme secoue la tête en riant, et s’en va.

De l’étage me parviennent les éclats de voix des convives du déjeuner. Le rez-de-chaussée est une sorte de bar tropical, ouvert à tout vent. Sur ma gauche, un grand écran plat montre un match de tennis. Devant moi s’étend un court de tennis en terre battue, et sur ma droite se trouve un gigantesque billard. Des haut-parleurs cachés diffusent du reggae. Le milieu de la pièce est occupé par un comptoir. Une créature brune au museau de chien et au corps de singe sirote un verre abandonné, sans doute un des lémuriens que Branson a rapportés de Madagascar pour les sauver de l’extinction. L’animal me dévisage un instant, puis replonge le nez dans son verre.

Je me dirige vers le bâtiment principal, sur la colline, par un sentier qui longe le court de tennis puis s’enfonce dans la jungle. L’odeur de cette île pourrait être commercialisée comme parfum : une senteur de bois exotique avec un soupçon de menthol et un peu de brise marine. Un filet est suspendu devant les arbres, et j’aperçois derrière deux énormes aras, des perroquets tropicaux. Branson se vante d’avoir transformé l’île en biotope. Il y a introduit des centaines d’espèces pour les protéger : un « best of » de la nature.

Un petit monde mégalomane

Branson avait évidemment deux choses en tête lorsqu’il a aménagé son île : le sexe et l’alcool. Sa villa a été construite à Bali, puis démontée, expédiée et rebâtie au sommet de Necker Island. Un spa en bois trône sur le toit, derrière lequel s’agite le drapeau des îles Vierges britanniques, l’Union Jack sur fond bleu avec la devise « Vigilate » (« Sois vigilant »). D’ici, on peut voir toute l’île : la maison de plage, le court de tennis, les deux lacs, trois ou quatre nids d’amour éparpillés et, au loin, quelques autres îles. Près de la maison s’étend la surface verte et scintillante d’une piscine à débordement, avec vue sur l’horizon infini des Caraïbes.

Necker fut aussi jadis le refuge occasionnel de Lady Di. Une lettre manuscrite adressée à ­Branson témoigne de son amour pour cet endroit. À plusieurs reprises, Branson a profité de l’intimité de son île pour organiser d’ambitieuses rencontres, notamment celle qui a réuni hommes politiques et chefs d’entreprise, comme Tony Blair et Larry Page, pour sauver le monde menacé par le changement climatique.

En contrebas, j’aperçois les panneaux solaires qui alimentent l’île en électricité. Sur une jetée cachée, des ouvriers déchargent un des bateaux qui font constamment la navette pour fournir à l’île toutes sortes de denrées, dont de la crème solaire et une boisson énergétique appelée « Pussy ».

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Après le spa sur le toit, je passe devant quelques terrasses afin d’atteindre une salle assez haute pour accueillir des palmiers de bonne taille. Une boule disco est suspendue au plafond. ­Apparemment, c’est là que les principaux événements auront lieu. Le paysage composé de ­canapés confortables est jonché de quelques livres aux titres comme ­Promenade d’un optimiste dans le futur ou Une expérience de démocratie ­industrielle.

Notre époque est obsédée par le progrès, comme l’a été la fin du XIXe siècle où le chemin de fer et le téléphone transformèrent tout, générant des richesses jusque-là inimaginables et une explosion du nombre d’individus richissimes. Les Rockefeller et les Morgan d’aujourd’hui s’appellent Mark Zuckerberg, Larry Page, Bill Gates et – il fut l’un des premiers – Richard Branson.

Ces entrepreneurs de la « vallée » veulent ­reconstruire les marchés existants avec la nouvelle technologie, pour les ­monopoliser et engranger les bénéfices.

Ces dernières années, la fortune des mille huit cents milliardaires en dollars que compte la planète a augmenté de manière si colossale qu’ils se demandent que faire de tout cet argent. ­Heureusement, près de San Francisco, des chefs d’entreprises de haute technologie ont besoin d’argent pour leurs projets, de beaucoup d’argent. Ces entrepreneurs de la « vallée » veulent ­reconstruire les marchés existants avec la nouvelle technologie, pour les ­monopoliser et engranger les bénéfices. Ils appellent cela « disruption », une « désorganisation » comme celle opérée par Airbnb dans l’hôtellerie ou Uber pour les taxis. Plus le secteur visé est vaste, mieux c’est. Google a, par exemple, un laboratoire secret pour tester les « moonshots », les « tirs vers la Lune ». Les projets venus de la « vallée » sont si mégalomanes que tout le monde les jugerait irréalisables, sauf quand on a quelques milliards à dépenser.

C’est précisément un de ces projets que Richard Branson a en tête. Le créateur de la marque Virgin pèse 5 milliards de dollars et a investi des dizaines de millions de dollars dans plus d’une douzaine de start-up à travers le monde, dont 30 millions dans le projet « Blockchain » lié à cette monnaie ­numérique qu’est le bitcoin.

Dans son discours inaugural, Branson invite ses visiteurs à évaluer leur plan d’affaires en fonction de « l’ampleur de son effet sur la société ». De l’autre côté du comptoir, plusieurs rangées de fauteuils en osier sont placées face à un écran plat où sont affichés ces mots : « Sommet de la blockchain – La Vision ».

Pour moi, il est clair qu’il s’agit d’un groupe d’individus dont les minutes coûtent cher et sont comptées. Un intermède musical est assuré par la violoncelliste star Zoë Keating, qui passera le reste de son séjour à publier sur Instagram des photos enthousiastes des tortues géantes de Branson. Ces gens-là ne se réunissent pas uniquement pour s’amuser, mais peut-être pour s’amuser aussi.

Si Branson a choisi d’habiter ici, ce n’est pas un hasard. Les îles Vierges britanniques, dont ­Necker fait partie, sont le plus apprécié des paradis fiscaux au monde. En y élaborant un réseau ­complexe de sociétés, Branson a réussi à embrouiller les autorités anglaises au point de ne pratiquement payer aucun impôt dans son pays natal. Tous les petits Anglais ont entendu parler de Necker. C’est une île rêvée, qui incarne l’idée qu’un individu peut vaincre l’État.

« Vous voulez essayer quelque chose ? »

En guise de modérateur pour le sommet, ­Branson a embauché un spécialiste renommé en matière de technologie financière. Michael J. Casey, chroniqueur au Wall Street Journal, a récemment publié The Age of Cryptocurrency (« L’Ère de la crypto-monnaie »),un livre sur les monnaies numériques, comme le bitcoin, et le principe de programmation sous-jacent, la « blockchain ». Comme l’explique Casey dans son livre, la blockchain est simplement un registre, un livre de compte numérique qui répertorie chaque transfert de liquidités.

Contrairement à notre système monétaire actuel, où chaque banque tient son propre registre centralisé pour vérifier si les sommes correctes sont bien transférées, la blockchain décentralise la vérification, créant ainsi un « livre de compte commun partagé » consultable sur tous les ordinateurs connectés. La blockchain autorise donc chaque usager du bitcoin à remplir les fonctions d’une banque. Mais ce n’est qu’un détail, car la blockchain ne se contente pas de rendre impossible la falsification de la monnaie numérique. En principe, prophétise Michael J. Casey, la ­techno­logie pourrait remplacer les entreprises, les ­cabinets d’avocats et les agences financières dont la principale activité est la gestion des actifs.

Sous un parasol sur la plage, je rencontre un groupe de trentenaires. Ils sont tous en short, ont la couleur d’un lavabo et un début de bedaine. Un géant barbu du nom d’Oliver ­Luckett écoute du rap sur le genre de petit lecteur de CD qu’utilisent souvent les ados dans les jardins publics. Il raconte qu’il a récemment acheté une Rolls à 10 000 dollars sur Craigslist, uniquement pour l’incendier avec des lance-flammes, pour le clip d’un rappeur. La vidéo a connu un succès viral immédiat, puisque tous les participants avaient déjà énormément de followers sur Internet. « Une affaire, pas vrai ? », demande-t-il. Les autres hochent la tête. Pour avoir fait du rappeur une célébrité du Net, Oliver est payé par le label de disques du musicien. The Audience, sa société de relations publiques, a également géré la campagne d’Obama sur les réseaux sociaux. Auparavant, il a travaillé pour Disney. Dans l’empire numérique, il est ministre de la Propagande.

Au-dessus d’un banc de sable, j’aperçois un catamaran et, à côté, une dizaine de personnes. Branson est peut-être parmi elles. « Vous voulez essayer quelque chose ? », nous propose un des bellâtres de la plage qui m’entraîne vers une cabane remplie de planches de surf, de voiles et de tubas. Au mur est suspendue une photo de Branson, tout sourire pour l’appareil. Debout sur une planche de surf, il tient devant lui un cerf-volant tandis qu’un mannequin nu est accroché à lui comme un sac à dos.

Créer un « vrai » capitalisme

Un Néerlandais d’une cinquantaine d’années se présente comme « Marc ». Il veut tenter le paddle­board, une sorte de planche pour naviguer. Je décide de l’imiter. Marc investit dans les start‑up, il arrive de Vancouver en avion. « Pourquoi êtes-vous venu ici ? », lui demandé-je tandis que le maître-nageur place notre planche en eau calme. « Le bitcoin est en train de devenir quelque chose de sérieux, répond Marc en tentant de tenir debout sur la planche vacillante. Vous avez vu qui est ici ? Un président de Samsung, un directeur de la stratégie chez Ernst & Young. Vous saviez que l’économiste préféré d’Obama, Larry Summers, a des parts dans une banque bitcoin ? Et le fondateur de Visa aussi ? »

Au pub tropical, je tombe sur le chroniqueur du Wall Street Journal. Michael J. Casey ressemble au correspondant de guerre américain typique avec son micro démesuré, sauf qu’il est australien. Nous commandons chacun un Painkiller, un excellent cocktail à base de noix de coco, et nous commençons à bavarder. « Depuis la crise de 2008, dit-il, le système financier est totalement brisé. Ils ont essayé de camoufler cette réalité en imprimant plus de dollars, mais l’argent n’est qu’un produit, et ­maintenant nous sommes face à un excédent. ­Regardez ce qui est en train de se passer en Suisse. Ils ont des taux d’intérêt négatifs, autrement dit vous payez pour donner de l’argent aux autres. Bien sûr, les gens cherchent d’autres placements, l’immobilier ou autre. Mais que sont-ils censés utiliser comme monnaie ? »

Le chroniqueur secoue la tête. « Le problème fondamental de la crise financière, c’est que tout était bien trop connecté, la centralisation ! Et ce qui est absurde, c’est que ça s’est encore aggravé. Pendant ce temps-là, toute l’économie internationale repose sur deux banques centrales. Vous trouvez que c’est une situation stable ? Le bitcoin est l’alternative à ce système monétaire brisé. »

Au pub tropical, je tombe sur le chroniqueur du « Wall Street Journal », Michael J. Casey. « Depuis la crise de 2008, le système financier est totalement brisé. Le bitcoin est l’alternative à ce système. »

Il est presque l’heure du cocktail du soir. Du pub tropical, je retourne à la villa de Branson avec ­Oliver Luckett, l’incendiaire de Rolls, et un ­Australien en vacances. L’Australien nous emmène dans sa chambre qu’il paie un peu plus de 2 000 dollars la nuit. C’est un tarif correct ; en général, il faut louer toute l’île à 65 000 dollars la journée. Pour ce prix dérisoire, l’Australien partage sa chambre avec un vieux futurologue, Marshall Thurber. Sur le balcon, Michael J. Casey filme le coucher du soleil : « Nous vivons un moment tellement exaltant. Imaginez si vous aviez vécu la naissance d’Internet…, c’est un événement d’une ampleur comparable. »

Les premiers invités sont arrivés la veille. La réunion démarre officiellement ce matin par une séance dans la grande salle où nous partons prendre l’apéritif. Personne ne connaît vraiment les détails du programme. Michael J. Casey se vautre sur un canapé à côté d’un gros chauve en polo bordeaux qui raconte comment il a rédigé la Constitution du Pérou. C’est Hernando de Soto, son métier est de conseiller les gouvernements.

Comme l’explique le chroniqueur du Wall Street Journal, quand « Hernando » a une question sur la Russie, il passe un coup de fil à Poutine, qui décroche ! Bill Clinton a un jour appelé de Soto « le plus grand économiste vivant ». Pour être sûr que l’économiste arriverait à temps, le Premier ministre des îles Vierges lui a personnellement faxé un visa. Hernando de Soto a des bras velus et terriblement musclés qu’il agite comme les pinces d’un crabe. Ce matin, il briefe les participants pour leur mission : donner naissance au capitalisme. Car, dit-il, le véritable capitalisme n’existe pas encore.

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Selon la théorie qui a valu à de Soto sa réputation internationale, la pauvreté n’est pas l’exploitation mais l’exclusion. Autrement dit, les gens ne peuvent pas participer au capitalisme parce qu’ils n’ont rien pour marchander. Les habitants des bidonvilles, par exemple, bâtissent des cabanes mais ils ne peuvent en être propriétaires puisque aucune loi n’existe pour les enregistrer en tant que tels. S’ils avaient une sorte de document officiel, un titre de propriété garanti, la cabane aurait une valeur et ils pourraient la vendre ou s’endetter pour créer une entreprise. Pour tirer les gens de la pauvreté, il faut donc que leurs objets de valeur soient liés à eux en tant qu’individus. Ils ont besoin de droits de propriété.

Dans la plupart des pays, c’est quasiment impossible. De Soto ouvre une chemise remplie de papiers : la trentaine de formulaires nécessaires pour l’immatriculation d’une entreprise au Pérou. Un « barrage physique », dit-il, et il faut des centaines de jours pour le franchir. Si l’on remédiait à de telles situations, la pauvreté mondiale prendrait fin et le véritable capitalisme s’épanouirait. L’auditoire est ravi.

À côté d’Hernando de Soto est assis Brian Forde, un homme discret qui était, jusque récemment, conseiller d’Obama à la Maison Blanche pour les questions technologiques. Brian Forde dirige en ce moment la « Digital Currency Initiative » (« l’Initiative monnaie numérique ») au Media Lab du MIT (Massachusetts Institute of Technology). Il parcourt aussi le monde pour convaincre les gouvernements et les sociétés d’essayer la blockchain.

« Il faut retirer l’humain de l’équation »

Au dîner, nous sommes accueillis par les cris de centaines de flamants roses. Un feu brûle dans la cheminée, des cuisiniers encadrent le buffet et une longue table blanche a été dressée. En dehors des employés, presque personne n’a respecté le mot d’ordre « soirée en blanc ». La plupart des convives sont en short, le costume étant l’emblème d’une civilisation trop contraignante. Soudain, un aileron de requin apparaît dans la mer. Un des ­invités glousse et jette dans les vagues une cuisse de ­poulet. Sur son t-shirt, on peut lire « Économisez l’eau, buvez du champagne ».

Soudain, un aileron de requin apparaît dans la mer. Un des ­invités glousse et jette dans les vagues une cuisse de poulet. Sur son t-shirt, on peut lire « Économisez l’eau, buvez du champagne ».

Je suis attablé face à Paul Brody, un cadre dirigeant de San Francisco, mince aux cheveux courts et grisonnants. D’une voix nasillarde, il raconte gaiement qu’à 7 heures du matin Branson l’a battu à plate couture sur le court de tennis. « Pas mal, pour 65 ans ! » Brody a testé tous les entraîneurs sportifs de l’île, en commençant le matin par un peu de poids et haltères. Je lui demande combien il a payé pour venir ici. « Hmm !,calcule-t-il, c’est ma société qui a payé. Mon tarif est de 36 000 ­dollars pour les trois jours, plus le vol, plus le logement ici sur l’île, et les frais de participation. Dans les 50 000 ­dollars… »

Paul Brody est une petite star de la Silicon ­Valley. Il avait six mille personnes sous ses ordres chez IBM, où sa priorité était ­l’Internet des objets. À présent, il est « leader stratégique » américain pour Ernst & Young. Sans que je sache trop comment, nous en venons à parler bicyclette. « J’adore ça ! dit-il. J’en faisais beaucoup avant d’être renversé par une voiture. Je me suis juré que je remonterais sur un vélo uniquement quand il n’y aura plus que des voitures à pilotage automatique. » Notre voisin hoche la tête avec enthousiasme : « L’humain est trop faillible. Il faut le retirer de l’équation. »

À côté de Paul Brody est assis Jeff Garzik, un des principaux développeurs du bitcoin. En ce moment, il cherche des investisseurs pour l’aider à mettre sur orbite des minisatellites pour créer un réseau spécialisé adapté à la monnaie numérique. « Aucun gouvernement au monde ne serait plus capable de contrôler le bitcoin », s’enthousiasme-t-il. Je rencontre ensuite un groupe d’individus étendus sur un canapé, qui font circuler une cigarette électronique remplie de marijuana liquide. ­Certains sont membres du ­personnel de Branson. L’un m’explique qu’il faut cent vingt personnes pour faire fonctionner l’île tous les jours. Il gagne 1 200 dollars par mois, le salaire horaire de Brody.

Comme un show de téléréalité

Le lendemain matin, vers 9 heures, le buffet du petit déjeuner propose bacon, œufs, tomates, croissants et jus de chou pour la « detox ». Les barres de granola issues du commerce équitable côtoient les bouteilles de champagne à étiquette dorée, « Île privée de sir Richard Branson ».

Au-dessus du saladier de muesli, je me retrouve face à Richard Branson. « Salut ! », lance-t-il avec un sourire amical. Sa crinière léonine de surfeur, jaune d’or presque fluo, va bien avec sa grande bouche et ses dents énormes qu’encadre un bouc plus sombre. Branson est bronzé et porte bermuda et t-shirt Nike gris. Il prend un verre de jus de fruit et s’éloigne avec son muesli. Je le suis dans une véranda où une longue table en bois peut largement accueillir la trentaine de personnes qui séjournent dans sa villa.

Comme je commence à le comprendre, la vie d’un milliardaire ressemble à un show de télé­réalité. Hernando de Soto, Brian Forde, Michael J. Casey et Oliver Luckett ont pris place autour de Branson, et essaient de lui vendre leurs projets avec le moins de phrases possible. C’est la technique des « discours d’ascenseur » : ces quatre-vingt-dix secondes dont on dispose pour convaincre l’investisseur rêvé de participer à une entreprise commerciale. Branson, réputé pour son extravagance en affaires, est une occasion en or. Un fabricant d’ascenseurs lui a un jour suggéré d’en installer un sur l’île, précisément pour ces moments.

Branson écoute calmement, tout en mangeant son muesli et en sirotant son café. De temps à autre, il pose une question de sa voix douce. Son bégaiement prononcé est bien maîtrisé. Lorsqu’il tente de retourner au buffet, il ne peut pas avancer sur plus de quelques mètres sans être retenu pour écouter une nouvelle idée ou poser pour une photo qui sera aussitôt postée en ligne, ce qui augmente du même coup la valeur marchande de celui qui y figure avec lui.

Lorsqu’il tente de retourner au buffet, Branson ne peut pas avancer sur plus de quelques mètres sans être retenu pour écouter une nouvelle idée ou poser pour une photo.

Vers 10 heures, nous arrivons au principal événement. Les trente-cinq participants, dont cinq femmes et un Noir, sont réunis autour de l’écran plat de la grande salle. Certains ont préparé un bref exposé. Paul Brody, l’ancien d’IBM, explique que dans un avenir proche presque tout sera en ligne. « Chaque grille-pain aura une puce comme celle qu’il y a là-dedans », dit-il en brandissant le chargeur de son iPhone. « Cette puce a plus de puissance de traitement que le premier iPhone », commente-t-il avec joie. « Cet appareil pourrait se connecter au Net. Et qu’arrive-t-il aux choses qu’on met en ligne ? Nous enregistrons leur usage, nous commençons à mesurer leur capacité que nous essayons d’améliorer. Comme la forme physique grâce aux bracelets Fitbit qui comptent nos pas, comme les appartements que nous sous-louons sur Airbnb quand nous partons, comme les voitures que vous pouvez louer quand elles ne servent pas. »

« Il y a partout du potentiel inutilisé », ­poursuit Brody. S’il existait une méthode permettant d’indexer ce potentiel et de le commercialiser, le marché serait « terrible, incroyable ». La blockchain est précisément l’outil qu’il faut pour gérer un « Internet des valeurs », où « tout » serait échangeable. L’économiste Hernando de Soto est radieux.

Un « tir vers la Lune »

La blockchain permettrait enfin au capitalisme de conquérir le domaine d’Internet. Les tentatives antérieures ont échoué parce que, dans ­l’environnement numérique, tout est si facile à copier. Rien n’est donc rare, c’est pourquoi le contenu numérique, musique, images ou texte, est presque toujours gratuit ou extrêmement ­protégé.

Les énormes capacités de la blockchain pour répartir chaque morceau de code au sein de son système pourraient, par exemple, entièrement éliminer la possibilité de copier une chanson parce que l’on saurait qui détient quelle copie numérique. Un magazine numérique fondé sur le système de la blockchain aurait des ­exemplaires uniques, ­exactement comme un magazine ­imprimé. On pourrait l’acheter et le vendre comme un objet physique.

Apparemment, la blockchain pourrait automatiser la bureaucratie. Elle remplacerait des millions d’employés.

Un informaticien chevelu, nommé Patrick ­Deegan, fait la démonstration d’une des applications de cette idée. Il utilise la blockchain pour créer des passeports numériques permettant aux gens d’enregistrer leurs possessions. Deegan parle de « contrats intelligents », de transactions s’exécutant automatiquement, comme ces voitures de location qui ne démarrent pas tant que le montant fixé n’a pas été versé. Le personnel ­administratif deviendrait superflu. Deegan est optimiste. ­Apparemment, la blockchain pourrait automatiser la bureaucratie. Elle remplacerait des millions d’employés. Un « tir vers la Lune ».

Tout cela serait spectaculairement favorable au bien commun, affirment la plupart des orateurs durant leur présentation. L’un d’eux évoque l’architecte visionnaire Buckminster Fuller, sorte d’Abraham dans l’épopée de la Silicon Valley. Il distribue la bible de Fuller, Operating Manual for Spaceship Earth (Manuel d’instruction pour le vaisseau spatial « Terre »), et raconte ­comment « Bucky » a transmis sa mission durant ses derniers jours : « De l’intégrité personnelle dépend le sort de l’humanité. »

Le même présente ensuite un système d’évaluation des humains, dans lequel les gens sont continuellement évalués. Comme le service de taxis Uber où les clients notent les chauffeurs et où les chauffeurs notent les clients, mais pendant toute la vie, et visible de tous.

En conclusion, Oliver Luckett, celui qui a brûlé une Rolls, affirme que l’essor d’Internet et de la blockchain est spirituellement correct mais aussi profondément naturel : la nature n’est-elle pas, elle aussi, organisée en réseaux ? En guise de preuve, le publiciste montre des images de réseaux de champignons, à côté de visualisations de réseaux de médias sociaux. Applaudissements frénétiques.

« Fantastique, mec ! »

Pendant une courte pause, les participants se rassemblent sur la gigantesque terrasse-échiquier pour une photo de groupe en 3D. Quand le drone photographe surgit dans le ciel bleu, tout le monde lève le bras et l’acclame.

Au déjeuner servi dans la piscine inférieure, c’est l’euphorie. Quand je m’enfonce dans l’eau, une jeune fille lance vers moi un petit bateau chargé de verres : « Cocktail au saké ? » Vient ensuite un kayak couvert de fleurs et rempli de sushis. Un chef français étoilé sert sa haute cuisine en maillot de bain. Du bar au toit en feuilles de palmier me parviennent les échos électro-pop du groupe Ratatat : « Cream on Chrome ».

Un câble est tendu au-dessus de la piscine. ­L’investisseur hongkongais et co-organisateur du sommet, le musclé Bill Tai, est le ­premier à s’y essayer mais il chute après deux pas. Will O’Brien, 33 ans, de Palo Alto, se prépare à son tour. Quelques personnes applaudissent et crient. Il démarre, fait deux ou trois pas en courant, le fil bouge et il glisse. Lorsqu’il tombe à l’eau, les éclaboussures atteignent mon bateau à sushis. Pendant une seconde tout s’arrête, puis O’Brien fait surface.

Le poisson frais est excellent. Il doit être arrivé en avion de très loin, car un virus bizarre a rendu les poissons d’ici immangeables.

Tout en prenant un verre d’eau de coco au bar, je discute avec un banquier d’investissement aux cheveux blonds sculptés par du gel. Il est en transe : « Fantastique, mec ! Ma boîte est numéro un pour faire sortir l’argent de Chine. C’est compliqué comme tout, c’est rien que des règlementations, transparence et contraintes. D’énormes frais de suivi… Je pense que l’efficacité va augmenter terriblement.
— Comment ? demandé-je.
— Quand tout passera par la blockchain… je pourrais licencier la moitié de mon équipe,annonce-t-il radieux. Les juristes, les avocats, les banquiers : ils font ce que la blockchain fait automatiquement. »

Une femme en robe moulante, coiffée d’une énorme capeline, détourne l’attention de mon interlocuteur. Les invités pour la fête du soir arrivent. J’attrape un sushi. Le poisson frais est excellent. Il doit être arrivé en avion de très loin, car un virus bizarre a rendu les poissons d’ici immangeables.

« C’est une révolution »

Un homme aux cheveux noirs, d’une trentaine d’années, s’approche en pagayant. Il est trader en bitcoin et fait des allers-retours entre Londres et la France. Il a l’œil radieux : « D’immenses secteurs du gouvernement ne font que gérer des avoirs et exécuter des contrats. Pas seulement les banques centrales, mais les agences de passeport, les bureaux d’enregistrement, le cadastre pour l’immobilier. Tout ça deviendra superflu. » Alors qu’un vieux bailleur de capital-risque coule à pic près de nous son Blackberry à la main, l’homme murmure comme un conspirateur : « C’est une révolution. »

Nous sortons de la piscine. Un jeune Arabe mince se plante devant moi, un duvet en guise de moustache. « Salam », dit-il avec un sourire bienveillant. « Il vient des Émirats, m’explique mon nouvel ami. Il pourrait être le premier de son pays à investir dans la blockchain. Il se peut qu’il soit plus riche que Branson. En tout cas, Branson lui a défendu d’amener ses gardes du corps dans l’île. » Sur la plage, je prends un tuba. Je nage au fond de l’océan et je croise une créature en forme de ballon. Large de cinquante centimètres, elle gonfle et se dégonfle. De drôles de gros poissons semblent partout autour de moi.

« Le capital ! », s’écrie Hernando de Soto. « Le mot vient de la tête de César sur les pièces romaines, de “caput” (la “tête”). Cette tête, c’est le pouvoir. » Il lève le poing. « Et cette tête, c’est vous. »

Le « dîner final » va bientôt commencer. Il est environ 19 heures, et j’attends Tina Hui. Elle gère un réseau social consacré au bitcoin et poste constamment des mises à jour, tout en retouchant son maquillage. « Il ne peut pas m’arriver d’être négligée, je suis toujours en ligne », dit-elle. Tina est l’une des rares femmes ajoutées à la liste des invités lorsqu’il a été reproché aux organisateurs de n’inviter que des hommes. Les autres sont une astrophysicienne qui travaille pour la société aérospatiale de Branson, une avocate célèbre et Elizabeth Rossiello, qui gère un projet social de bitcoin en Afrique et explique que c’est formidable pour la réputation de la monnaie, car le bitcoin ne sera jamais adopté par les masses tant qu’il sera perçu comme réservé aux gangsters d’Internet.

Dans le même esprit, un monsieur discret, arborant une très longue mèche rabattue pour masquer sa calvitie et une chemise en lin de couleur abricot, auparavant employé par le ministère américain de la Justice, suggère de coopérer avec les « agences d’État ». Un cessez-le-feu stratégique, pour ainsi dire.

Des femmes et des torches

Nous arrivons juste à temps au pub tropical. Le cuisinier a préparé un repas marocain, peut-être en l’honneur du jeune cheikh. La table est en U. L’île accueille à présent quelque soixante-dix ­invités. Je retrouve Brock Pierce, le vendeur d’armes ­virtuelles, et Michael Zeldin, l’ancien ­délégué ­américain au G7, entourés de plusieurs femmes en robe. Des torches sont plantées dans le sable. On verse dans les verres du rosé de Nouvelle-Zélande.

En face de moi est assis Ted Rogers, qui ressemble à l’entraîneur d’une équipe de rameurs. Rogers est président de la Xapo, la réserve de bitcoin que Larry Summers vient de rejoindre après avoir renoncé à sa candidature à la présidence de la Réserve fédérale.

Les entrepreneurs bitcoin doivent sortir des îles de pirates pour aller dans les pays « propres », dit Ted Rogers. La société qu’il préside, Xapo, a un de ses sièges sociaux en Argentine, un autre en Suisse : « La Suisse pourrait devenir le pays du bitcoin », ­suggère-t-il en trouvant idéale cette culture de la vie privée et du non-interventionnisme. « Et en plus, les législateurs sont raisonnables, on peut leur parler. » Lorsque Branson apparaît, Ted Rogers est train d’expliquer qu’une importante communauté de partisans du bitcoin vit à Zug, une petite ville suisse de trente mille habitants qui fut longtemps la capitale de l’offshore bancaire.

En 1977, lors du jubilé d’argent de la reine d’Angleterre, le jeune Branson a affrété un bateau sur la Tamise d’où les Sex Pistols se sont moqués de la souveraine.

Des notes de violoncelle flottent dans l’air au-dessus du court de tennis. Les invités s’allongent sur des coussins disposés en demi-cercle. Branson trône sur un canapé, avec le cheikh à sa gauche. La violoncelliste Zoë Keating quitte la scène. ­Hernando de Soto se lève, c’est au tour de l’économiste de jouer sa partition.

Pendant un bref moment, Branson est seul. « Sir Richard », dis-je. Il s’incline. « Vous avez fait signer un contrat aux Sex Pistols », lui rappelé-je. Il hoche la tête et dévoile ses dents en un sourire : en 1977, lors du jubilé d’argent de la reine d’Angleterre, le jeune Branson a affrété un bateau sur la Tamise d’où le groupe punk s’est moqué de la souveraine. Le scandale a propulsé les Sex Pistols en tête du hit-parade et lui a permis de gagner beaucoup d’argent.

Il y a deux sortes de milliardaires. Les uns s’enrichissent sur le dos du système, Branson s’enrichit de la destruction du système. « S’agit-il encore de la même démarche qu’à cette époque ? demandé-je. Contre l’État, contre les banques ? » Sir Richard sourit et lève la main pour me faire un high five. « Bien sûr, mec. Tu as tout compris. »

« Le capital ! », s’écrie l’économiste Hernando de Soto, serrant le poing et scrutant la foule. « Le mot vient de la tête de César sur les pièces romaines, de “caput” (la “tête”). » Sa voix est forte, et même la violoncelliste écoute. « Cette tête, c’est le pouvoir. » De Soto lève le poing. « Et cette tête, c’est vous. »

Branson ressemble à un petit garçon qui voit son avion téléguidé décoller pour la première fois. De Soto désigne son auditoire. « Vous faites partie de la création d’un nouveau capital. » Bref silence. « Oui ! », dit Branson depuis son divan. « Oui ! », et il se met à applaudir. Les autres le rejoignent, l’île se remplit d’acclamations. La beach party finale fut un flop. 

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