Vingt-quatre ans. C’est le temps qu’il a fallu pour que l’obligation de proposer aux enfants des écoles françaises une éducation à la vie affective et sexuelle soit formalisée par un programme. Ce dernier est paru le 6 février 2025 au Bulletin officiel de l’Éducation nationale, après deux ans de travaux, et malgré l’offensive réactionnaire d’associations proches de l’extrême droite et des milieux conservateurs.
Depuis une loi de 2001, les établissements scolaires se devaient de proposer trois séances par an sur le sujet, du CP à la terminale. En toile de fond, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, la protection de l’enfance, mais aussi la prévention de l’exposition à la pornographie. Sur le terrain cependant, l’application de la loi n’est pas harmonisée et, dans les faits, elle reste très peu effective : certains établissements font appel à des intervenants spécialisés, d’autres se reposent sur les forces en présence, enseignants ou infirmiers scolaires. Moins de 15 % des élèves bénéficient de cette éducation à la sexualité, selon le dernier rapport, en 2021, de l’Inspection générale.
« Les règles douloureuses nécessitent une consultation médicale »
C’est fort de ce constat que l’ancien ministre de l’Éducation nationale Pap Ndiaye a saisi en juin 2023 le Conseil supérieur des programmes. Après de multiples étapes, un texte a été validé en janvier 2025 par le Conseil supérieur de l’éducation, qui réunit différents représentants de la sphère éducative – ministère, syndicats, usagers et partenaires. Le texte final s’appuie sur trois axes : « Se connaître, vivre et grandir avec son corps », « Rencontrer les autres et construire des relations, s’y épanouir » et « Trouver sa place dans la société, y être libre et responsable ».
Des objectifs y sont précisés pour chaque tranche d’âge. À titre d’exemple, pour le premier axe, les CP devront savoir « nommer les parties du corps, dont les parties intimes, avec un vocabulaire scientifique précis et identifier les points communs et les différences physiques entre les filles et les garçons ». Et les sixièmes devront être capables de « comprendre que la puberté est une composante de l’adolescence, qui entraîne des changements physiques, physiologiques, psychologiques et affectifs, et savoir que ces changements se produisent selon des rythmes différents pour chaque individu », mais également que « les menstruations (règles) douloureuses nécessitent une consultation médicale ».
Désormais, directeurs d’établissement et enseignants pourront s’appuyer sur ce programme pour organiser ces séances – la question de la sexualité ne concernant que les collèges et lycées.
