« On va sûrement tenter une action commune contre le Marché de la poésie. Ce qu’ils ont fait est vraiment intolérable », me glisse une des témoins de mon reportage avant de raccrocher. À une semaine du lancement de la 41e édition de l’événement parisien, l’écrivaine m’apprend que le salon le plus influent du genre en France prévoit de déprogrammer la Palestine en tant qu’invitée d’honneur en 2025.
Même si je doute que la prise de position connaisse un grand écho tant l’édition sait étouffer ses scandales – je travaille sur le secteur depuis six ans –, je jette un œil à Instagram. Surprise : sur mon fil, les messages de colère défilent et un appel au boycott du Marché de la poésie met le feu aux poudres. La poétesse Rim Battal ou encore certains éditeurs québécois annoncent ne plus venir à l’événement cette année.
Et puis, les médias s’y mettent – Libération, Le Monde, Politis, L’Humanité –, commentant l’affaire et la transformant en polémique. Je comprends rapidement pourquoi. Les poétesses qui s’opposent à la déprogrammation se sont organisées en un réseau influent et ultraconnecté. Une semaine plus tard, l’association organisatrice de l’événement change de cap. Dans un communiqué, elle confirme la présence de la Palestine en tant qu’invitée d’honneur en 2025. Je ne peux que me rendre à l’évidence : il se passe quelque chose de nouveau dans le monde de l’édition.