En coulisses  |  Algorithmes

« J’avais en tête l’image du gamer dans sa chambre qui bouffe des chips »

Écrit par Nicolas Gastineau Photos par Guy Leroy
Dans les coulisses du récit Les gladiateurs du clic

Lorsque le photojournaliste lillois Guy Leroy découvre l’existence de compétitions professionnelles de jeux vidéo, la première image qu’il a à l’esprit est celle du « gamer dans sa chambre qui bouffe des chips », confesse-t-il. Autour de lui, le cliché semble faire consensus et pourtant, le quotidien L’Équipe a bien sa rubrique consacrée à ce phénomène, l’esport, pour « sport électronique ». Intrigué, ce photographe spécialisé dans les sujets liés à la biodiversité a décidé d’aller voir ce qu’il se tramait derrière les portes des clubs.

La première chose qu’il a apprise est que ce sujet est difficile à photographier. Chez les athlètes des jeux vidéo, la lumière qui prédomine est celle, pâlotte et aplatissante, que réfléchissent les écrans LED sur leurs visages concentrés. Surtout, les joueurs s’entraînent face à des murs pendant les parties et il est donc impossible de glisser son appareil photo pour capturer les expressions des visages. Les gamers, pourtant de véritables stars en ligne, comme le champion de Rocket League Evan « Monkey Moon » Rogez, sont aussi apparus comme plutôt timides et pas toujours à l’aise avec l’objectif d’un photographe professionnel.

Minutes suspendues

Immergé pendant quatre jours dans le « bootcamp » de l’équipe League of Legends du club GameWard, Guy Leroy a été frappé de la rigueur quotidienne et du mode de vie athlétique auquel s’astreignaient les joueurs. « L’écosystème qui nous environne est comme celui d’un sport classique : il y a les coachs, les managers, la salle de sport, le programme quotidien d’entraînement. » La comparaison, comprend-il rapidement, tient d’autant mieux la route que ces professionnels cumulent, comme n’importe quels athlètes, des centaines d’heures d’entraînement, en vue d’une seule fin : être les meilleurs de leur discipline, le jour J, pendant quelques dizaines de minutes suspendues. Et surtout, l’émotion des grands matchs est au rendez-vous : « À mon arrivée dans le Copper Box Arenaje suis resté un quart d’heure sans bouger », raconte le photographe, « Je n’en revenais pas. C’était super émouvant. La lumière giclait. La musique hurlait. Les commentateurs étaient déjà hystériques. J’avais oublié qu’il s’agissait d’un jeu vidéo, j’étais complètement happé par l’énergie de l’événement. » 

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