Un grand regret, au terme de ce portrait : j’aurais aimé pouvoir rencontrer le maire socialiste de Lens, Sylvain Robert. Après avoir essuyé un net refus de son chargé de communication, je décide de tenter ma chance directement en me rendant fin janvier 2024 aux vœux de la Communauté d’agglomération Lens-Liévin (Call), que préside l’édile. Celui-ci a décidé d’organiser la cérémonie… dans l’un des espaces privatifs du stade Bollaert-Delelis. Tout un symbole, qui dit à quel point le RC Lens, plus encore que le Louvre-Lens, est utile pour soigner une image publique !
L'événement réunit le gratin des notables du coin. Une assemblée très majoritairement composée d’hommes d’un certain âge, tous en costumes sombres. L’ambiance est légère, bon enfant. Sur scène, animateur et intervenants enchaînent les plaisanteries entre deux discours de promotion du territoire. En tant que président de la Call, Sylvain Robert ouvre et referme le bal, souriant. Mais quand, hors scène, je l’aborde pour lui parler du rachat du stade et de Joseph Oughourlian, le quinquagénaire se tend immédiatement. « On n’a pas décidé de communiquer à ce sujet, il n’y a rien à dire », lâche-t-il, fuyant, avant de se carapater.
Cœur battant du bassin minier
Il y a beaucoup à dire, au contraire. Le RC Lens est le cœur battant du bassin minier, qui compte 1,2 million d’habitants. Une vitrine exceptionnelle, source d’une fierté immense. Ce n’est pas rien pour une ville comme Lens – un peu moins de 33 000 habitants, l’équivalent des communes de Trappes ou Nogent-sur-Marne en région parisienne, par exemple. C’est donc peu dire que l’arrivée d’un puissant financier à la tête du RC Lens, la remise à flot du club, sa montée en puissance et ses grands projets ont la capacité de changer la physionomie d’une cité minière qui se débat avec un taux de chômage à 26,7 % selon l’Insee en 2020, et 35 % de ménages imposables en 2021.
Sylvain Robert, le maire de Lens, et Joseph Oughourlian, le président du RC Lens, sont nés la même année, en 1972. Ces deux hommes que tout aura longtemps opposés ont aujourd’hui quelques préoccupations communes. « On s’entend bien, et je pense que Sylvain est quelqu’un qui comprend quel est l’intérêt pour la ville, qu’il doit se concentrer sur des missions de service public. Il a hérité du management d’un stade, mais Lens est une petite ville, la municipalité n’est pas équipée pour gérer un stade de foot », pose clairement le patron des Sang et Or.
On aurait aimé entendre l’intéressé expliquer lui-même sa position. Cette tradition de silence et de discrétion, typique du bassin minier – milieu très clanique où l’on confond volontiers journalisme et communication, ne m’a pas facilité les choses !