Ce numéro de XXI est tissé de menteurs et de menteuses. Un rappeur clinquant qui se présente comme un enfant de la Ddass, une mythomane au chevet des victimes du Bataclan, le mythe du cow-boy blanc, de fausses accusations de blasphème...
Leurs histoires, chacune à leur manière, racontent quelque chose de nous : l’appétit de nos multinationales, qui poussent des Indiens à céder leurs terres contre de fausses promesses ; notre fascination pour la réussite ; notre besoin de reconnaissance et de compassion, qui peut tourner à la pathologie.
Dans un monde saturé de fake news, les journalistes, eux aussi, sont traités de menteurs. Et c’est en partie vrai. Sur le terrain, il faut parfois avancer masqué, pour la bonne cause. Se faire discret, tout petit, pour se fondre dans le décor et vérifier ses informations. C’est Florence Aubenas qui se fait passer pour une femme de garagiste divorcée dans le but de partager le quotidien des précaires de Ouistreham.
C’est, dans ce numéro, Solène Chalvon-Fioriti, qui se cache sous une burqa et l’identité d’une journaliste turque au Pakistan : en enquêtant sur le blasphème, la correspondante française risquait sa peau. Cocteau disait : « Je suis un mensonge qui dit toujours la vérité.»