Revue XXI n°54

La France qui se flique (et qui aime ça)

Aujourd’hui les caméras, bientôt la reconnaissance faciale, déjà en test à Nice : ce déploiement de la technologie sécuritaire fait craindre aux défenseurs des libertés une dérive vers « une société de suspects ». Demain, tous surveillés ?
Printemps 2021
La France qui se flique (et qui aime ça)

Des histoires d’images. Il y a celles que les appareils de surveillance prennent à notre insu. Au supermarché, au feu rouge, sur notre palier. Avec 420 millions de caméras, la Chine a poussé l’idéal sécuritaire à son paroxysme. On nous promettait des villes intelligentes ; au Xinjiang, on obtient des camps de rééducation. Hikvision, l’entreprise qui fournit 145 villes de France en matériel de surveillance, participe à la répression des musulmans ouïghours. De ces femmes et de ces hommes ne reste qu’une multitude d’images manquantes.

Parfois, une image se détache, singulière. Elle devient symbole, s’invite dans les livres d’histoire. En Afghanistan, un taliban en turban aurait dû rester dans l’anonymat de son village. C’était compter sans ses yeux verts sur ciel bleu, son lance-roquettes et le réflexe d’une photographe française, qui l’immortalisa. Quarante ans de guerre dans un regard. On peut tout faire dire à des photographies, y compris la vérité. Réduites à des pixels, elles nous tracent. Le disque dur global enfle, notre mémoire va exploser. « Je veux bien être transformé en papier », dit l’écrivain Jean-Marie Gustave Le Clézio. Les histoires de XXI aussi.

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Indépendante, sans publicité, elle propose à ses lectrices et lecteurs
des reportages et des enquêtes à dévorer comme des romans.