Le pouvoir est chose étrange. Omniprésent dans le quotidien de millions d’hommes et de femmes, il reste insaisissable dans sa nature. Comme au théâtre, il s’exerce sur une scène. Et comme un spectacle, il n’a de matérialité que par son public. Qui y croit ou pas. Qui applaudit ou siffle. Le pouvoir est un couple, forcément. D’un côté l’incarnation, de l’autre l’accord tacite.
Dans des années pas si lointaines, il n’était encore nullement question d’extinction des espèces, de raréfaction des ressources, de gaz à effet de serre, des limites de la planète... Le « bien commun » était le « gâteau » à partager : or, diamants, argent, minerais, bois... il était illimité. Seule comptait la taille des tranches. Et pour qui.
Ces vingt dernières années, tout a changé, tout est en train de changer. On le voit avec l’émergence de nouvelles figures qui réinterprètent l’idée du « bien commun », réintroduisent la notion de communauté vivante sur un espace fini et limité, entendent redonner valeur à un principe avancé sur le mode de la bouffonnerie par un dinosaure, l'ancien roi du Zaïre, Mobutu : « Servir et non pas se servir. » L’évolution en cours est probablement irrésistible. Parce qu’il n’y a pas le choix. Certains l’ont compris, d’autres restent ancrés dans l’ancien monde. Nous sommes en transition. L’époque est charnière. C’est le principe de ce dossier : trois récits qui sont autant de visions du pouvoir. La bataille autour de l’idée du « bien commun » a démarré.