Voici cinq ans, en mars 2007, un militant palestinien du Djihad islamique est tué au cours d’un échange de tirs avec l’armée israélienne dans la ville de Jénine, en Cisjordanie. L’information est mentionnée dans les médias israéliens, et aussitôt occultée par le feu roulant de l’actualité. Une année passe, sans remous. Jusqu’à ce jour de novembre 2008 où le quotidien israélien Haaretz dégoupille une grenade. Documents à l’appui, le journal affirme que la mort du militant palestinien était un assassinat illégal, une politique mise en œuvre par l’armée.
Le journaliste Uri Blau vient de déterrer un secret de famille. Que l’armée israélienne puisse procéder à des liquidations extrajudiciaires, cela était chuchoté de longue date sous forme de rumeurs, de vagues bruits, d’accusations plus ou moins précises. Supputé sans être établi, trop troublant pour être reconnu, le non-dit était voué à rester secret. En le prouvant, l’enquêteur brise un tabou. Il en paiera le prix. Très rapidement, Uri Blau est menacé de poursuites par les autorités et doit négocier pied à pied pour éviter une arrestation. L’affaire est soumise à un black-out total. Aucun média israélien n’a le droit de l’évoquer.
Tel est le nœud du secret de famille. Il met en jeu, dans un huis clos, une réalité que l’on pressent sans forcément la connaître. Il n’appelle pas à un jugement tranché, mais sa révélation oblige à interroger une histoire, une identité, un passé. Le monde juif, celui des enfants de Jacob, est riche de tels secrets.
Nous avons choisi de l’explorer. À notre manière, pour rendre la complexité du réel et sortir des sentiers battus des représentations. Les trois récits qui suivent abordent chacun tour à tour la question de l’histoire, de l’identité et du passé. Ils ne prétendent à rien, si ce n’est à une appréhension plus fine de ces secrets qui nous obligent, parfois, à réviser des idées reçues.
