À la conquête du Grand Nord

Photos par Louie Palu Un portfolio issu de la revue XXI
À la conquête du Grand Nord
C’est la dernière frontière. Une terre vierge, immaculée, qui n’appartient encore à personne. Mais pour combien de temps ? Avec le réchauffement climatique, de nouvelles voies maritimes se sont ouvertes en Arctique. Avec elles, des possibilités de commerce, d’extraction de ressources… La compétition mondiale s’organise. Une nouvelle guerre froide.
Paru en janvier 2020
Article à retrouver dans cette revue
C’est la dernière frontière. Une terre vierge, immaculée, qui n’appartient encore à personne. Mais pour combien de temps ? Avec le réchauffement climatique, de nouvelles voies maritimes se sont ouvertes en Arctique. Avec elles, des possibilités de commerce, d’extraction de ressources… La compétition mondiale s’organise. Une nouvelle guerre froide.
Le photographe Louie Palu s’est rendu dans le Grand Nord canadien et américain. Là, il a rencontré des soldats qui se préparent à affronter un ennemi encore imaginaire. Au temps de la Guerre froide, le bloc de l’Ouest craignait d’être bombardé par des missiles russes via le pôle Nord. Cette fois, d’où viendra la menace ? Ces Canadiens cherchent un point de vue sur la carcasse d’un avion qui s’est écrasé à cause du blizzard.
Les États qui entourent l’Arctique se disputent la zone. En 2007, la Russie a planté un drapeau sous le pôle Nord, signalant son désir de conquête. En 2013, le Canada a installé une base dans la province du Nunavut pour réaffirmer sa souveraineté sur une route stratégique, le passage du Nord-Ouest, qui joint les océans Atlantique et Pacifique. Les États-Unis, eux, considèrent qu’il s’agit d’un détroit international avec libre passage.
Pour supporter le froid, ces soldats américains dévorent des rations riches en calories. On leur enseigne des techniques héritées de la Seconde Guerre mondiale : pendant la « guerre d’Hiver », les Finlandais ont résisté à l’invasion soviétique grâce à leur maîtrise du ski et des raquettes. Les soldats qui n’ont jamais été aux sports d’hiver n’ont pas d’autre choix que d’apprendre.
Pour supporter le froid, ces soldats américains dévorent des rations riches en calories. On leur enseigne des techniques héritées de la Seconde Guerre mondiale : pendant la « guerre d’Hiver », les Finlandais ont résisté à l’invasion soviétique grâce à leur maîtrise du ski et des raquettes. Les soldats qui n’ont jamais été aux sports d’hiver n’ont pas d’autre choix que d’apprendre.
Des hommes creusent un tunnel dans le flanc d’une colline. Cet abri improvisé, appelé « grotte de neige », n’est chauffé que par une seule bougie. Les soldats envoyés dans le Grand Nord doivent apprendre à se repérer, manger, boire, dormir dans des températures extrêmes, allant de zéro l’été à -60 °C l’hiver.
Des hommes creusent un tunnel dans le flanc d’une colline. Cet abri improvisé, appelé « grotte de neige », n’est chauffé que par une seule bougie. Les soldats envoyés dans le Grand Nord doivent apprendre à se repérer, manger, boire, dormir dans des températures extrêmes, allant de zéro l’été à -60 °C l’hiver.
Les États-Unis ne possèdent pas de base militaire au-delà du cercle arctique, la zone qui connaît des jours et des nuits polaires. Pour patrouiller, ils dépendent de leurs sous-marins et de leur aviation. Ici, le sous-marin nucléaire USS Connecticut fend la banquise en mer de Beaufort, au nord de l’Alaska.
Les États-Unis ne possèdent pas de base militaire au-delà du cercle arctique, la zone qui connaît des jours et des nuits polaires. Pour patrouiller, ils dépendent de leurs sous-marins et de leur aviation. Ici, le sous-marin nucléaire USS Connecticut fend la banquise en mer de Beaufort, au nord de l’Alaska.
La base de Hall Beach, dans la région de Qikiqtaaluk, au Nunavut (Canada) a été fondée en 1957 pour accueillir un radar, puis un aéroport, tout près d’une communauté inuit de 650 habitants. Des soldats vont et viennent au gré des entraînements. « Keep moving » est l’ordre qu’on entend le plus. Ne pas bouger, c’est risquer la mort.
La base de Hall Beach, dans la région de Qikiqtaaluk, au Nunavut (Canada) a été fondée en 1957 pour accueillir un radar, puis un aéroport, tout près d’une communauté inuit de 650 habitants. Des soldats vont et viennent au gré des entraînements. « Keep moving » est l’ordre qu’on entend le plus. Ne pas bouger, c’est risquer la mort.
Des soldats s’entraînent à interpeller des avions de sauvetage en alignant des blocs de neige en forme de « X » et en les tachant avec des grenades à fumée rouge.
Survivre, c’est une affaire de détails. Éviter de transpirer et changer ses chaussettes tous les jours, car la sueur gèle. Se découvrir dès qu’il fait meilleur. Et, quand on emporte de la nourriture, la garder contre son corps, sinon elle est immangeable : on se casse les dents.
Survivre, c’est une affaire de détails. Éviter de transpirer et changer ses chaussettes tous les jours, car la sueur gèle. Se découvrir dès qu’il fait meilleur. Et, quand on emporte de la nourriture, la garder contre son corps, sinon elle est immangeable : on se casse les dents.
Des Inuits forment les soldats au sauvetage. Celui-ci s’allonge dans la neige et attend que ses camarades le sauvent de l’hypothermie. Un autre dit au photographe : « Nous, Inuits, on parle du changement climatique depuis longtemps. Maintenant le gouvernement se réveille, et nous demande de veiller sur l’Arctique. Bon, OK. On est de bons citoyens. » Puis il rigole : « J’aimerais juste qu’on soit de suffisamment bons citoyens pour mériter des lignes téléphoniques… »
Des Inuits forment les soldats au sauvetage. Celui-ci s’allonge dans la neige et attend que ses camarades le sauvent de l’hypothermie. Un autre dit au photographe : « Nous, Inuits, on parle du changement climatique depuis longtemps. Maintenant le gouvernement se réveille, et nous demande de veiller sur l’Arctique. Bon, OK. On est de bons citoyens. » Puis il rigole : « J’aimerais juste qu’on soit de suffisamment bons citoyens pour mériter des lignes téléphoniques… »
Des soldats du corps des marines et des membres des Forces spéciales américaines patrouillent dans la toundra aux abords d’une station radar près de Barrow, en Alaska, pendant un exercice. Pendant la Guerre froide, ces stations devaient détecter toute tentative d’intrusion soviétique. On l’appelait la ligne DEW, pour « Distant Early Warning », la « ligne avancée d’alerte précoce ».
Des soldats du corps des marines et des membres des Forces spéciales américaines patrouillent dans la toundra aux abords d’une station radar près de Barrow, en Alaska, pendant un exercice. Pendant la Guerre froide, ces stations devaient détecter toute tentative d’intrusion soviétique. On l’appelait la ligne DEW, pour « Distant Early Warning », la « ligne avancée d’alerte précoce ».
Un radar grandes ondes sort de la nuit à Hall Beach, au Nunavut (Canada). C’est l’une des cinquante stations inhabitées du Grand Nord américain qui surveillent l’espace aérien. Leur construction, commencée pendant la Guerre froide, en 1954, a réclamé 25 000 hommes, répartis sur 10 000 kilomètres carrés. Les stations les plus efficaces ont intégré trente ans plus tard le « système d’alerte du Nord », géré conjointement par les Canadiens et les Américains.
Un radar grandes ondes sort de la nuit à Hall Beach, au Nunavut (Canada). C’est l’une des cinquante stations inhabitées du Grand Nord américain qui surveillent l’espace aérien. Leur construction, commencée pendant la Guerre froide, en 1954, a réclamé 25 000 hommes, répartis sur 10 000 kilomètres carrés. Les stations les plus efficaces ont intégré trente ans plus tard le « système d’alerte du Nord », géré conjointement par les Canadiens et les Américains.
En pleine nuit polaire, ce soldat canadien se fait aider par les phares d’une motoneige pour s’exercer à la pêche blanche, la pêche sous glace, et attraper des ombles chevaliers, un salmonidé à la chair délicate qui nourrit les Inuits depuis toujours.
Décharge de Resolute Bay, au Nunavut (Canada). Après le passage des hommes, les ordures sont incinérées. Elles attirent les animaux, et on ne peut pas les enfouir dans le sol gelé… Il faut donc tout brûler.
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« Pour préserver la biodiversité, il vaut mieux conserver les habitats »
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Bruno Colas est biologiste à l'université de Saclay. Il travaille sur des espèces végétales rares, dont la conservation est en jeu.