De Paris à Monaco, la crypto-visite de Trump Junior

10 septembre 2025
portrait de Donald Trump Junior
photo : Spencer Platt, Getty Images via AFP / montage : William Keo
Business et « tourisme » : Revue XXI révèle le très discret voyage de l’aîné des enfants du président américain, entre déambulation trois étoiles au Louvre et atterrissage sur le Rocher pour y vendre sa cryptomonnaie familiale. Le tout en pleine passe d’armes entre l’ambassade américaine et l’Élysée. 
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Dans un palais du Louvre privatisé, le dauphin de la dynastie MAGA déambule une petite heure. Ce mardi 9 septembre 2025, Donald Trump Junior a eu droit au privilège des VIP : le « chefs-d’œuvre tour ». Une visite à l’abri du public, pour contempler le triptyque Delacroix-Joconde-Samothrace. Mais quand Donald Trump Junior se pointe en « touriste » quelque part, l’ombre du senior plane. La dernière fois que l’aîné des Trump s’était présenté ainsi, c’était au Groenland, en janvier, pendant que son président de père se gargarisait depuis la Maison Blanche de ses envies pressantes d’annexion arctique. 

Mardi, Junior n’a rien publié sur ses réseaux sociaux. Côté français, rien au protocole, pas plus qu’à l’agenda officiel. À l’Élysée, cette « visite privée » n’avait même pas été annoncée : c’est Revue XXI qui a appris au cabinet d’Emmanuel Macron (certes bien occupé par une forte actualité politique nationale) la première venue d’un Trump en France depuis le retour du patriarche au pouvoir. Signe aussi que les relations entre le Château et la chancellerie américaine ne sont pas au mieux depuis les tonitruantes déclarations du nouvel ambassadeur à Paris, Charles Kushner. À peine nommé dans la capitale, celui qui n’est autre le père de Jared Kushner, mari d’Ivanka Trump, s’était distingué fin août par une lettre au vitriol accusant Emmanuel Macron d’alimenter « la flambée de l’antisémitisme en France », notamment en reconnaissant la Palestine, attaques qualifiées d’« abjectes » par l’Élysée. L’affaire avait valu à Kushner une convocation au Quai d’Orsay dans la foulée. 

Le fils prodigue sur la Riviera 

« Don Junior » – son surnom dans les cercles trumpistes – n’a aucune fonction officielle. Chez les Trump, après une jeunesse de fils indigne perdu dans les vapeurs d’alcool, il s’est vu octroyer un rôle officieux mais très stratégique depuis l’accession de son père à la Maison Blanche : celui chargé de l’enrichissement familial. Quitte à multiplier les lucratives casquettes : podcasteur et conférencier anti-woke, lobbyiste cryptomaniaque, VRP de l’armurier GrabAGun (pitché comme l’« Amazon des flingues »), et « partner » du fonds d’investissement ultraconservateur 1789, dont les actifs ont dépassé ce mois-ci le milliard de dollars. Une manne qui permet au fils Trump de financer les Enhanced Games, les premiers Jeux d’athlètes officiellement dopés, prévus pour 2026 à Las Vegas. Liste non exhaustive… 

Paris n’est qu’une étape pour l’héritier. Ce jeudi, il est attendu de pied ferme à Monaco. Ces derniers jours, son nom bruissait parmi les personnalités les plus influentes du Rocher. Le lieu de la visite n’a pas encore fuité, mais la raison de sa présence est cristalline. À la tête des sociétés du clan Trump, le fiston vient sonder la faune fortunée des investisseurs locaux sur son projet de cryptomonnaie, le World Liberty Financial (WLFI). Une monnaie virtuelle qu’il promeut sur ses réseaux sociaux et podcasts, façon télévangéliste, et qu’il porte à bout de bras, utilisant l’entregent familial pour lui donner vie. Selon le Wall Street Journal, ce « token » a rapporté cinq milliards de dollars en quelques jours à la famille Trump. Et ce malgré des alertes dans la communauté crypto, relayées dans une note publiée le 8 septembre par le cabinet d’avocats spécialisé ORWL, soulignant la « radioactivité » du WLFI, dont les liens avec les Trump laissent présager d’importants risques de « manipulation de marché » et de « conflits d’intérêts ».

Un drôle de pari pour l’élite monégasque, alors que la principauté cherche depuis des mois à faire oublier les frasques financières qui l’ont conduite à un placement sur les listes internationale et européenne des pays sous surveillance renforcée pour risques accrus de blanchiment et financement du terrorisme. Un classement infamant dont le prince Albert II, qui s’était affiché aux côtés de Trump Senior dans une loge VIP du Super Bowl en février, à La Nouvelle-Orléans, cherche à sortir à tout prix. Une démarche sur laquelle, qui sait, le clan Trump pourrait aider. Puisque « impossible est ce que nous faisons de mieux », dernier mantra du 47e président américain. Ironiquement, l’ouragan trumpien pourrait frapper le Rocher au moment où se tient le grand rendez-vous mondial… des assureurs. 

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