« Je suis impressionnée par l’agilité des élèves lorsqu’ils grimpent aux arbres et s’y installent pour lire ou se reposer », s’éblouit la photographe Catalina Martin-Chico. C’est une rencontre en Norvège, en 2018, qui a déclenché son intérêt pour la classe dehors. Elle y rencontre la directrice d’une Forest School : « Ele est venue me parler de l’immersion des enfants dans la nature, qui existe depuis plus de cinquante ans là-bas. Cela a fait tilt. »
La photojournaliste réalise alors un premier travail sur les écoles de la forêt en Norvège. À rebours de ses idées reçues, elle découvre que les élèves des collèges les plus en difficulté en sont les premiers bénéficiaires. « Comme beaucoup de gens, j’imaginais que pour aider un gamin qui a des problèmes en maths, il faut lui donner des cours particuliers. Dans ces écoles, au contraire, l’idée est de lui permettre de prendre de l’assurance et d’être fier de lui grâce à d’autres activités. »
Lorsqu’en 2021 la Bibliothèque nationale de France lance un appel à projet photographique pour dresser le portrait de la France post-Covid, Catalina Martin-Chico y répond avec son envie de « parler des enfants, qui ont beaucoup souffert pendant cette période d’enfermement et de contraintes ». Des Landes à la Bretagne en passant par le Pays Basque et la Drôme, la photographe citadine se dit qu’elle aurait aimé bénéficier de l’école dehors lorsqu’elle était petite. « Ces enfants sont tellement plus à l’aise dans la nature que moi, confie-t-elle. Ils aiment l’école, se sentent bien où ils sont et kiffent ce qu’ils font. »
L’enfant perchée sur l’arbre est la fille de la directrice d’une école au Pays Basque. Ces écoles, généralement associatives et privées, sont souvent créées à l’initiative de parents, parfois d’enseignants. L’un de leurs objectifs est d’imaginer des lieux d’apprentissage centrés sur le lien avec la faune et la flore. La classe dehors n’est pas un privilège réservé à nos écoles de campagne ; elle se pratique aussi en ville, notamment dans les parcs et les jardins.