Quelques mètres carrés d’un gazon malingre, au centre d’un paysage brûlé par le soleil. C’est tout ce qu’il reste, en cet été 2025, de l’espace vert d’un golf de 27 trous dans le Hampshire, sur la côte sud de l’Angleterre victime de la sécheresse.
Cette image saisissante du terrain de golf de Barton on Sea a été prise le 17 juillet par le photographe Max Willcock, de l’agence de presse BNPS. Ce rectangle sur lequel alternent des bandes d’un vert plus ou moins soutenu, comme des coups de pinceau, fait penser à des œuvres de land art telles qu’en ont réalisé les Américains Kevin Benham et Michael Heizer ou encore le Néerlandais Marinus Boezem. Sauf qu’ici, il ne s’agit pas d’art, mais d’une tentative dérisoire de lutter contre de vastes chamboulements climatiques.
Fondé en 1897 sur une falaise côtière non loin de l’île de Wight, le parcours de golf de Barton on Sea, bien connu des amateurs, accueille régulièrement des tournois internationaux. Une vue satellite montre sa large étendue totalement desséchée.
Acheter de l’eau à la Norvège
Le changement climatique, qui provoque une multiplication des jours sans pluie outre-Manche, entraîne désormais des sécheresses régulières et affecte même les cultures de lavande dans le Hampshire. D’où les contrôles renforcés sur l’utilisation de l’eau et la multiplication des interdictions d’arrosage, y compris pour les terrains de golf.
Cependant, les bouleversements météo ne sont pas seuls responsables des pénuries. Le secteur de la distribution de l’eau au Royaume-Uni, privatisé en monopoles régionaux à la fin des années 1980, se trouve dans une situation périlleuse. La compagnie Southern Water, qui dessert cinq millions de clients dans le sud-est du pays (Kent, Sussex, Hampshire, île de Wight), met en place des plans d’urgence pour acheter de l’eau, en cas de poursuite des sécheresses, à… la Norvège.
Quant à Thames Water, la compagnie numéro un du secteur au Royaume-Uni avec 15 millions de foyers servis dans la région de Londres, elle a vu la note de sa dette massivement dégradée par les agences de notation, et pourrait être rachetée par une société chinoise pour éviter la faillite.
Crédit photo : Max Willcock/BNPS