« Voyant sur les routes de la Somalie des files de camions remplis de charbon de bois, je me suis dit que dans ce pays où il y avait peu d’arbres, il n’en resterait bientôt plus. » C’est en se rendant régulièrement en Afrique à partir de 2002 que le photographe français Pascal Maitre s'est intéressé au sujet du charbon de bois, appelé également la braise ou le makala.
Le charbon de bois est utilisé comme combustible depuis plus de 30 000 ans notamment pour la cuisson, le chauffage et le transport. Selon l'ONU, plus de la moitié des arbres abattus sur la planète aujourd'hui sont utilisés pour le charbon de bois et le bois de chauffage. Malgré cet impact environnemental, sa valeur est très prisée, en Afrique, en Asie et en Amérique latine.
Ce commerce illégal de charbon de bois sert souvent à financer des groupes armés en Afrique. En Somalie, par exemple, dès 2008, la milice islamiste Al-Shabab a contrôlé l’exportation de charbon de bois essentiellement vers les pays du Golfe, ce qui lui rapportait 25 millions de dollars par an. Et malgré l’interdiction des exportations de charbon de bois somalien décrétée par l’ONU en 2012, cela lui rapporte encore entre 7 et 8 millions de dollars par an.
« Serait-il possible de se passer du charbon de bois ? » se demande Pascal Maitre. Pour 2,5 milliards de personnes dans le monde, il est indispensable pour cuire les aliments. Les alternatives proposées restent encore inadéquates ou insuffisantes. Outre ses conséquences environnementales, l’utilisation du charbon de bois a une influence directe sur la santé des populations à cause de ses émissions polluantes.