Les galériens du calcaire égyptien

Photos par Mohamed Ali Eddin Un portfolio issu de la revue XXI
Les galériens du calcaire égyptien
Aux portes du désert égyptien, le calcaire nourrit les hommes. Neuf heures par jour, en sandales et à mains nues, ils réduisent la montagne en briques sous une chaleur écrasante. Le photographe Mohamed Ali Eddin raconte.
Paru en octobre 2015
Article à retrouver dans cette revue
Aux portes du désert égyptien, le calcaire nourrit les hommes. Neuf heures par jour, en sandales et à mains nues, ils réduisent la montagne en briques sous une chaleur écrasante. Le photographe Mohamed Ali Eddin raconte.
« Les jours sans vent sont les plus dangereux. Quand la poussière refuse de décoller du sol, les ouvriers manient les scies circulaires à l’aveugle. Respirer devient douloureux. »
« Les terres cultivables sont rares et les familles pauvres dans la province de Minya, à 250 kilomètres au sud du Caire. Ici, des montagnes pleines de calcaire bordent le Nil. C’est la seule richesse de la région, mais les carrières abîment les hommes au moins autant qu’elles les font vivre. »
« Les terres cultivables sont rares et les familles pauvres dans la province de Minya, à 250 kilomètres au sud du Caire. Ici, des montagnes pleines de calcaire bordent le Nil. C’est la seule richesse de la région, mais les carrières abîment les hommes au moins autant qu’elles les font vivre. »
« Les poussières en suspension dans l’air sont riches en silice. Inhalées à haute dose, ces particules de minerai provoquent de graves maladies respiratoires. Les ouvriers bricolent un équipement dérisoire pour s’en protéger. Leur espérance de vie est de quarante-cinq ans d’après le Bureau international du travail. »
« Les poussières en suspension dans l’air sont riches en silice. Inhalées à haute dose, ces particules de minerai provoquent de graves maladies respiratoires. Les ouvriers bricolent un équipement dérisoire pour s’en protéger. Leur espérance de vie est de quarante-cinq ans d’après le Bureau international du travail. »
« Le tableau électrique permet de répartir l’électricité vers les machines. Des câbles abîmés courent partout sur le chantier, les ouvriers piétinent en sandales. C’est la partie la plus dangereuse. »
« La scie circulaire est surnommée “la faucheuse”. Les accidents sont fréquents et rarement déclarés. En cas de blessure, la règle est de négocier une indemnité avec le propriétaire de la carrière. C’est loin d’être garanti. Depuis la création d’un syndicat dédié à ces travailleurs en 2012, la situation s’améliore doucement. »
« Acheminés sur les chantiers à l’arrière de pick-up fatigués, les ouvriers entament le travail avant l’aube pour finir vers 14 heures, avant la grosse chaleur. D’après les ONG, ils seraient au moins vingt mille, mais personne ne connaît leur nombre exact : la majorité des carrières n’a aucune existence légale. »
« C’est la pause déjeuner. On voit Yahya au premier plan à gauche, il a 12 ans. Son salaire nourrit la famille. Après des années passées à débiter des briques, son père paralysé par des douleurs au dos a jeté l’éponge. Sa mère ne travaille pas, ce serait pris comme une atteinte à la réputation de son mari. »
« Yassin, 14 ans, s’est entaillé le pied sur une scie circulaire. Il a eu de la chance, il aurait pu perdre sa jambe, ou pire. Son père est pressé de le renvoyer sur les chantiers. Selon le programme alimentaire mondial, 2,7 millions d’enfants égyptiens travaillent. Ils seraient aux alentours de cinq mille sur les carrières. »
« Yassin, 14 ans, s’est entaillé le pied sur une scie circulaire. Il a eu de la chance, il aurait pu perdre sa jambe, ou pire. Son père est pressé de le renvoyer sur les chantiers. Selon le programme alimentaire mondial, 2,7 millions d’enfants égyptiens travaillent. Ils seraient aux alentours de cinq mille sur les carrières. »
« Les ouvriers sont payés en liquide après chaque journée de travail. Ceux qui manient les machines peuvent gagner jusqu’à 120 livres égyptiennes par jour, environ 14 euros. Le travail est risqué, mais il paie bien. »
« Les ouvriers sont payés en liquide après chaque journée de travail. Ceux qui manient les machines peuvent gagner jusqu’à 120 livres égyptiennes par jour, environ 14 euros. Le travail est risqué, mais il paie bien. »
« Dans ces villages encaissés où vivent de nombreux chrétiens coptes, la révolution de 2011 est passée presque inaperçue. La région est très conservatrice. »
« À Nazlet el-Ebeid, on trouve une dizaine d’ateliers spécialisés dans la réparation du matériel utilisé sur les chantiers. Beaucoup de propriétaires de carrières habitent cette ville, devenue la plus riche du coin grâce au calcaire. »
« Il est 2 h 30 du matin. Nabil, 45 ans, monte la garde sur un chantier en attendant que des camions viennent chercher les briques. Les plus belles seront utilisées pour la construction, les autres réduites en poudre avant d’être transformées en ciment ou vendues aux laboratoires pharmaceutiques. »
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