Tout à leur enthousiasme, les fans ratent l’essentiel. Ce samedi 25 mai 2024, sur la « stage one » du salon parisien des start-up VivaTech, c’est la première fois depuis des mois que leurs idoles Amine Mekri, alias Prime, et Kamel Kebir, alias Kameto, apparaissent ensemble en public. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ne se sont pas mis d’accord sur le dress code. Le premier, grand corps athlétique, porte des baskets et le t-shirt blanc de sa marque de vêtements. Le second a revêtu un costume cintré. À 31 et 28 ans, ces deux célébrités d’Internet sont les fondateurs de la Karmine Corp, le plus populaire des clubs d’esport français.
Depuis son lancement en 2020, la « KC », comme disent les fans, a rassemblé jusqu’à 29 000 spectateurs à La Défense Arena, sur la même scène que Taylor Swift. En 2023, le club a même vendu 40 000 maillots, soit davantage qu’un petit club de Ligue 1 de football. Invités d’honneur au sommet annuel des start-up de la tech, tout comme Elon Musk et Bernard Arnault, les deux entrepreneurs, ascendant influenceurs, sont là pour officialiser une nouvelle étape dans leur course aux records. La Karmine sera le premier club européen d’esport à avoir sa propre arène, 3 000 places à Évry-Courcouronnes.
Avec le président de la communauté d’agglomération Grand Paris Sud qui a œuvré à la signature de ce contrat de résidence dans un stade flambant neuf, l’ambiance est à la fête. Les sponsors – CIC, Red Bull et Orange en tête – sont ravis. Mais dès que les caméras et webcams s’éteignent, dans les coulisses, Prime et Kameto s’évitent soigneusement. Ce que personne ne sait, c’est que les deux influenceurs se sont livré une guerre secrète. Avec, pour butin, le contrôle de ce diamant des sports électroniques. Derrière ce duel, un enjeu très contemporain : les célébrités d’Internet ont muté en chefs d’entreprise hyper exposés. Et le moindre accroc à la légende se paie en perte de sponsors et en chute d’audience.
Le stream chasse la téléréalité
La Karmine Corp est l’histoire d’une ambition. Celle de Kamel Kebir, un jeune homme né en 1995 à Corbeil-Essonnes de parents algériens. Issu d’un milieu modeste, il se passionne pour les jeux vidéo en ligne. Pendant les vacances d’été, il joue toute la nuit, et le matin, dans le taxiphone où il raconte avoir travaillé, il dort sur le comptoir en rêvant d’une carrière de gamer sur League of Legends. Ce jeu est celui dont la compétition professionnelle est la mieux structurée et où les espoirs de percer sont les plus palpables. À peine sorti de l’adolescence, Kameto se fait connaître sur Twitch. Le concept de la plate-forme de streaming est simple : on partage son écran avec ses spectateurs tout en interagissant avec eux. Et rapidement, dans le petit carré au bord de l’écran, le visage poupon de Kamel Kebir se met à compter davantage que le jeu sur lequel il s’échine.
Esport ! Comme un sport, mais derrière un écran. La compétition de jeu vidéo remplit désormais des stades de 30 000 spectateurs et fait vendre plus de maillots que certains clubs de foot de Ligue 1. XXI, la revue de l’enquête et du grand reportage, consacre son numéro d’hiver à cette nouvelle génération qui réinvente l’industrie du divertissement.
L’ère de la téléréalité est révolue. Celle des streamers s’ouvre. Avec Kameto, les temps de silence du joueur concentré laissent place aux hurlements, aux fous rires et même aux confidences. Le garçon parle sans fard. Il exprime ses émotions en direct tous les soirs. À la fin de l’année 2020, le voilà propulsé maître d’une chaîne de presque 700 000 followers (il en a près de 2 millions aujourd’hui). Encore plus intéressant : il cumule alors sur Twitch 12 000 abonnés payants – ses vrais fans, qui déboursent 5 euros par mois pour le soutenir. La plate-forme lui verse à ce titre au minimum 25 000 euros brut par mois, auxquels s’ajoutent les partenariats commerciaux avec des marques. Kameto devient l’un des premiers streamers français. Et ce n’est qu’une rampe de lancement – en 2022, la société personnelle de Kamel Kebir dépassera le million d’euros de chiffre d’affaires.
Le jeune homme n’oublie pas pour autant son objectif, qu’il martèle à son public : créer un club d’esport capable de gagner les championnats du monde sur League of Legends. Ce qui implique de monter une équipe de cinq joueurs professionnels et de gravir de multiples ligues intermédiaires. Débute l’une des histoires entrepreneuriales les plus réussies de la génération Internet.
Un plan pour devenir riche
En 2019, à l’occasion d’un voyage en Corée du Sud, Kamel Kebir sympathise avec une autre vedette des réseaux, Amine Mekri. Lui est né à Aubervilliers en 1992. Trois ans d’aînesse, à l’échelle d’Internet, c’est un fossé générationnel. Sous le pseudo de Prime, ce fils d’une modeste famille originaire d’Algérie s’est fait connaître sur YouTube en se mettant en scène dans un récit à faire baver Hollywood. Celui d’un jeune des quartiers qui a percé dans le football américain, avant de se blesser. Mais qui est parvenu, en croyant en lui, à déjouer la fatalité.
Prime publie des vidéos aux titres accrocheurs : « Survivre 100 heures en Amazonie » ou « Le plan pour devenir riche ! » Il crée une marque de vêtements sobrement appelée Narcissique, et baptise son entreprise Prime Corp, puis une autre qu’il nomme Kelawin – autrement dit : Que la victoire. Il se lance dans le rap, produit un album et parvient à remplir le Bataclan puis l’Olympia. Sa rencontre avec Kamel Kebir lui ouvre les portes d’un monde qu’il ne connaît que de loin : celui des tryharders, les gamers les plus endurcis, qui encaissent des dizaines d’heures pour optimiser leurs performances. Et rêvent de gloire électronique.
À cette époque, l’esport français compte déjà quelques grands noms. Il y a Team Vitality, le pionnier historique, dont les équipes combattent sur de nombreux jeux compétitifs, notamment League of Legends, en championnat européen. Il y a aussi Solary, une structure hybride composée de streamers, qui aligne une équipe en ligue nationale. L’une entend conquérir les cœurs par les trophées, l’autre par une ambiance familiale et des contenus divertissants. Et quand, en mars 2020, sur ses deniers personnels, Kamel Kebir monte sa propre équipe professionnelle, il puise aux deux sources.
377 000 spectateurs en direct
En deuxième division, les matchs de la « Kameto Corp » s’affirment mouvementés, captivants… et victorieux. La passion de l’influenceur est communicative, le stream s’emballe. Alors que la « KC » prend son élan, ses spectateurs se métamorphosent en véritables supporters. Quand, surprise, le 17 novembre 2020, les fans qui se connectent découvrent un décor de conférence de presse. Kamel Kebir est assis à côté d’Amine Mekri, qui annonce rejoindre le projet. Et leur idée d’adjoindre son prénom au nom du club. La Kameto Corp devient Karmine Corp.
Karmine ? L’étymologie latine du terme, affirme l’ancien joueur de football américain, renvoie à quelque chose de « chanceux et de prospère ». C’est faux. Mais peu importe : la Karmine Corp, promue en première division en janvier 2021, écrase tout sur son passage, remporte le titre national puis gagne l’équivalent de la Ligue Europa de football. Deux fois d’affilée. Avec, déjà, cet enthousiasme du public français pour ses nouveaux champions : leur premier titre européen est regardé en direct par 377 000 spectateurs, un record pour le tournoi.
« C’est scripté », répète régulièrement Kameto à ses fans heureux et incrédules. Scripté, car le néo-patron de club est un grand amateur de mangas de type shōnen, un genre littéraire au noyau invariable : une histoire d’apprentissage où un jeune combattant, parti de rien, se hisse à force de volonté au sommet de son monde. Le rapprochement est tentant et, aux yeux de la communauté, la KC écrit ce récit dont Kamel Kebir est le héros. Le chapitre final s’achèvera forcément avec des titres de champion du monde. Portée par ce souffle épique, sa chaîne sur Twitch, qui devient le lieu officiel de diffusion des matchs de l’équipe, entame une nouvelle ascension.
De l’autre côté des écrans d’ordinateurs, en février 2021, dans le bureau-loft d’Amine Mekri à Saint-Denis, les deux influenceurs signent les statuts de la Karmine Corp. Y est prévu que la société de Kamel Kebir détient 55 % des parts, contre 45 % pour Prime Corp, celle d’Amine Mekri. La répartition des tâches est établie entre les nouveaux associés : Kameto se retrouve président et responsable des aspects sportifs, quand Prime obtient le titre de directeur général, chargé de l’événementiel et des produits dérivés – principalement les maillots.
Le 26 juillet 2021, le premier Karmine Corp Experience (KCX), un événement à mi-chemin entre le concert et le tournoi de jeux vidéo, fait salle comble au Palais des congrès à Paris, sans aucun relais médiatique. Le test est réussi, la KC est en train d’accomplir ce dont tous les clubs du secteur n’osaient rêver : faire sortir l’esport des chambres étudiantes.
Une association d’ultras, Le Blue Wall, est créée en septembre 2021. Avec leurs chants, leurs maillots floqués et leurs écharpes, les fans importent dans ce nouveau monde la culture des fans de foot – le supportérisme. La petite entreprise tourne au mouvement culturel. Elle porte l’explosion du marché de l’esport français : le secteur, qui pesait 50 millions d’euros en 2019, passe à 141 millions en 2022. De nouveaux acteurs apparaissent, les médias se saisissent du phénomène, avec la Karmine en figure de proue. En 2021, Kamel Kebir et Amine Mekri font la une de L’Équipe magazine. Jusqu’à ce que des soupçons de gestion frauduleuse menacent de faire éclater le duo d’actionnaires…
Chauffeurs et notes de frais
Interrogé récemment par Mouloud Achour, l’animateur de l’émission Clique sur Canal+, Amine Mekri martèle encore aujourd’hui la version officielle du club. Au départ, il a mis toutes ses économies pour lancer le projet. À l’entendre, l’aventure est sacrificielle. Renseignements pris, la réalité est différente : dès 2022, avec un ami d’enfance devenu son associé, le youtubeur vit aux frais de la société actionnaire de la Karmine Corp, Prime Corp.
Les deux copains ne se déplacent qu’avec chauffeur, se font rembourser des dizaines de milliers d’euros de frais de taxis, cigarettes et autres dépenses de complaisance. Un train de vie nettement au-dessus des rentrées d’argent qui, elles, stagnent. La marque Prime attire alors quelques sponsors, mais pas de quoi faire tourner sa petite entreprise : 20 000 euros pour un partenariat avec Puma à droite, 10 000 euros avec Hugo Boss à gauche. Les revenus des pubs YouTube ne suivent pas non plus.
Certains mois, alors que la marque Narcissique encaisse moins de 10 000 euros, des flux d’une tout autre envergure passent sous les yeux d’Amine Mekri : ceux des produits dérivés du club d’esport dont il a la charge avec son associé Kameto, maillots en tête. Ils atteignent parfois 395 000 euros sur un seul mois – des sommes qui doivent être reversées à la Karmine Corp. La tentation est trop forte de profiter de la poule aux œufs d’or.
Les intérêts n’ont pas convergé
Dans le milieu de l’esport, l’audience est le nerf de la guerre, et les communautés des différentes plates-formes sont parfois très segmentées. C’était donc un choix tactique mutuellement profitable pour un célèbre youtubeur et un poids lourd de Twitch de faire alliance. Mais dans le cas de la Karmine, les intérêts des deux fondateurs n’ont pas réellement convergé : Kamel Kebir a associé son histoire personnelle et sa chaîne à ce projet entrepreneurial, Amine Mekri beaucoup moins.
En 2022, l’année où la chaîne de Kameto devient la première du pays en matière d’heures visionnées, le nombre d’abonnés de Prime sur YouTube ne décolle pas. Le youtubeur se met alors à utiliser la célébrité de la Karmine pour faire entrer de l’argent dans sa société personnelle, comme le montrent des documents présentés lors de rendez-vous d’affaires. Dans le dos de Kameto, il signe un contrat pour ses futurs concerts avec le label de musique Play Two.
Cette filiale de TF1 qui produit Julien Clerc, Marc Lavoine ou Gims veut être associée à la production des événements Karmine Corp. Afin d’obtenir un beau deal pour ses propres concerts, Amine Mekri assure en catimini qu’il agit en tant que responsable de la stratégie et en charge des équipes de la Karmine Corp. Ce qui est faux. Mais l’ancien joueur de football américain sait qu’en faisant miroiter l’organisation des grand-messes du club – les KCX –, les termes du contrat lui seront plus favorables. Et ça marche. Sa société en péril encaisse une avance de 240 000 euros.
Un dangereux numéro de funambule
À la fin du printemps 2022, le clan de Kamel Kebir découvre des anomalies dans les comptes. Des milliers d’euros ont disparu tandis que Prime passe au débotté son permis pour participer à une compétition de Formule 4 organisée par le célèbre youtubeur Squeezie. La suspicion s’installe. Dans la moiteur de l’été, le dangereux numéro de funambule d’Amine Mekri est brutalement interrompu. Le youtubeur reçoit un courrier d’avocat signé de son président. L’ordre du jour : sa « révocation ».
La missive déplore l’absence d’explications données par Amine Mekri concernant « l’ensemble des opérations de merchandising correspondant à l’exploitation de la marque Karmine Corp ». Kamel accuse d’opacité l’entreprise d’Amine. Le litige concerne aussi le contrat KCX, négocié en douce avec Play Two. Si Prime a tiré le moindre profit de l’événement, rappelle Kameto dans sa lettre de déclaration de guerre, c’est toute la Karmine Corp qui pourrait subir le courroux de Riot Games – l’éditeur ne tolère pas que de l’argent soit gagné sur son jeu vidéo sans son autorisation. Et Kameto de conclure : « La confusion créée par monsieur Mekri (dans son intérêt exclusif) » alimente « le soupçon d’une manœuvre volontairement frauduleuse ».
Le clan Prime commence par nier en bloc. Au téléphone puis par écrit, ils assurent à leurs partenaires n’avoir commis aucun manquement et avoir prévenu Riot Games, par l’intermédiaire de son sous-traitant français, Webedia. Leurs avocats, tout en développant les arguments de défense, s’inquiètent du manque de preuves. Prime Corp prépare sa contre-attaque avec une liste de griefs contre Kamel Kebir, et lui reproche son contrat d’exclusivité avec Twitch, « privant ainsi la société Karmine Corp d’une partie des recettes générées qu’elle pourrait percevoir ». À quelques semaines de la deuxième édition du KCX où 12 000 personnes sont attendues, le club se retrouve au bord de l’implosion.
À l’automne, Amine Mekri joue sa dernière carte. Elle s’appelle Iris Alameddine. Cette connaissance travaille dans une banque d’affaires spécialisée dans le sport et le divertissement, The Raine Group. Son entregent, qu’elle met à disposition de Prime, pourrait apporter la pierre manquante au rêve de Kameto : une place dans la plus prestigieuse ligue européenne de League of Legends. La LEC. Une compétition franchisée sur le modèle de la NBA dont le ticket d’entrée, fixé par Riot Games – le propriétaire du jeu –, se vend alors pour 35 millions d’euros.
Les discussions commencent, permettant d’éviter une guerre ouverte. Contactés à l’été 2024 par l’intermédiaire du club, les deux fondateurs n’ont pas souhaité nous répondre directement. La communication de la Karmine Corp, qui parle en leur nom, évoque des « désaccords » comme « cela arrive dans toutes les structures », et précise que cela a été « réglé en interne depuis un an et demi ».
Pour autant, l’actionnaire minoritaire accepte des compromis pour ne pas risquer d’avoir à se justifier devant les tribunaux. Prime capitule. Il consent à réduire son nombre de parts dans la société au profit de Kamel Kebir. Surtout, le youtubeur et son ami d’enfance sont éloignés du merchandising et de l’événementiel. Mais la vraie punition est plus subtile, la plus cruelle dans un monde qui se nourrit de la lumière des écrans : l’invisibilité.
Le 16 septembre 2023, au KCX 3 de La Défense Arena, le point culminant de l’histoire du jeune club, Kameto arrive seul, en majesté, devant les 29 000 fans. Un mois plus tard, Amine Mekri est encore absent pendant le live sur le toit de Publicis, devant l’Arc de Triomphe, pour l’annonce de l’entrée – tant espérée – de la Karmine Corp en LEC. À sa place, à la gauche du président, le véritable artisan du deal, qui l’a obtenu pour 25 millions d’euros : Arthur Perticoz.
Ce qu’on est en train de monter, c’est un Disney de l’esport. Et, dans dix ans, une série Netflix portera notre nom.
Arthur Perticoz, directeur général de la Karmine Corp
L’esport se transforme en ce début des années 2020 en secteur économique calqué sur celui des start-up. Sans garde-fou ni subsides venus des droits TV – à la différence du sport traditionnel – et sous pression des éditeurs de jeux vidéo, les risques d’effondrement sont réels pour ce marché émergent. Arthur Perticoz est l’homme de la situation à la KC. À peine sorti de Sciences-Po et d’une école de communication, le jeune homme a cofondé une société qui a levé des dizaines de millions d’euros pour vendre une solution de paiement automatique. Il a ensuite lancé avec Mathieu Gallet, ancien directeur de Radio France, la plate-forme de streaming de podcasts Majelan. Deux projets qui ont fait long feu, sans lui porter préjudice. C’est en 2022, pendant l’été explosif pour la Karmine Corp, que les premiers contacts sont pris avec lui. Lors des premières discussions, le poste de directeur général et 150 000 euros de salaire annuel lui sont proposés. Avec un épais cahier des charges : réorganiser l’entreprise dont le conflit avec Prime a révélé la faiblesse structurelle.
Lorsque nous le rencontrons au sous-sol des locaux de la KC, en juin 2024, la tempête est loin et le sujet tabou. « Les actionnaires fondateurs sont encore majoritaires. Je les réunis tous les deux mois et ne prends aucune décision sans eux », évacue Arthur Perticoz dans un sourire « Émail Diamant». L’homme est tout en maîtrise, place « exégèse » et « kiff » dans la même phrase, multiplie les visios et les calls sur une chaise de gaming – siglée Karmine Corp, bien sûr. Il doit faire le pont entre les fondateurs qui, de nouveau, s’affichent ensemble dans les événements. Mais surtout, le sémillant homme d’affaires doit lever des fonds : il a la charge de financer le paiement de la LEC, qui s’échelonne en plusieurs versements. Il a honoré les deux premiers. En octobre 2023 puis juin 2024, des investisseurs ont mis 4,5 millions puis 3,2 millions d’euros sur la table. Et les suivants ?
« L’an prochain, on dépassera les 10 millions de chiffre d’affaires tout en restant rentable », rassure-t-il, pas peu fier des résultats de l’entreprise qu’il a considérablement assainie. Il faut dire qu’il a fait basculer la Karmine dans un nouveau monde : le sien. Celui des start-up et de la course aux financements. « Ce qu’on est en train de monter, c’est un Disney de l’esport », annonce-t-il. C’est-à-dire une machine à divertir son audience. « Et, dans dix ans, une série Netflix portera notre nom. » Avant son prochain rendez-vous, son attachée de presse lui suggère une pause. Il lui lâche dans un sourire : « Mieux vaut pas. Si je m’arrête de courir, je tombe. » La Karmine Corp aussi.