Les Parisiennes invisibles

Après une soirée entre Philippins sur une péniche parisienne, cette employée de maison retourne rapidement à la tâche. Le photographe Thomas Morel-Fort était convié à la fête. En partant, il dégaine son appareil pour capturer la scène qui dévoile le quotidien invisible de ces employées philippines des beaux quartiers.
 
Plus de 50 000 Philippins vivent en France, en majorité à Paris ; 80 % de cette main-d’œuvre sont des femmes de ménage. « Cet exil leur a coûté un prix exorbitant pour travailler dans l'Hexagone », explique Thomas Morel-Fort. Elles restent des années en France, souvent sans date de retour, afin de subvenir aux besoins de leurs familles et pour financer les études de leurs enfants restés au pays.
 
Thomas Morel-Fort a commencé ce projet en 2015, depuis sa chambre de bonne située dans un immeuble du XVI^e arrondissement où vivent de nombreuses Philippines. Au fil de ses rencontres, et pour mieux comprendre leur vie, il se fait embaucher en tant qu'agent d'entretien dans la maison secondaire d'une riche famille sur la Côte d’Azur.
 
Un projet exigeant : « Je devais obtenir la confiance des travailleuses et ne pas me faire démasquer par mes employeurs. » Après cette expérience, il retourne à Paris et raconte, pendant des années, en images et en mots, ces vies sacrifiées, l'exploitation subie, mais aussi la solidarité qui règne entre elles.