Trois hommes en combinaison d’astronaute creusent une terre désertique avec pelles et pioches. On dirait des chercheurs d’or sur la planète Mars, dans un film de science-fiction des années 1970. C’est pourtant une mission scientifique, tout ce qu’il y a de plus sérieux, en 2015, dans le désert de l’Utah, aux États-Unis.
Organisée par la Mars Desert Research Station, elle consiste à faire vivre pendant plusieurs semaines des équipes de six astronautes amateurs – ingénieurs, scientifiques ou étudiants recrutés dans le monde entier – dans des conditions proches de la vie sur Mars.
Les membres de l’équipage partagent une habitation cylindrique de deux étages et huit mètres de diamètre, qui imite un vaisseau. Objectif : évaluer les besoins d’une vraie mission en eau, électricité, nourriture, bande passante pour l’accès à Internet. Mais aussi, observer comment les humains supportent l’ennui et la promiscuité. Les cobayes ne sont autorisés à sortir qu’en combinaison. À l’extérieur, ils étudient la microbiologie, la géologie ou l’agronomie, comme le ferait une vraie mission humaine sur Mars.
Passionnée par la conquête spatiale, Cassandra Klos sort de l’École du musée des Beaux-Arts de Boston, États-Unis, en 2014, quand elle apprend l’existence de ces simulations. Elle enfile la combinaison en 2015 et en 2018 dans l’Utah puis participe fin 2020 à une expédition financée par la Nasa à Hawaï. Sa série photographique, à la fois documentaire et fictionnelle, raconte la quête d’univers nouveaux : « J’ai souvent pensé aux photos de la première mission en Antarctique, prises par Frank Hurley. Elles ont inauguré la possibilité de penser le monde autrement. C’est ce que j’espère de mes photos. »
Quelques semaines après l’arrivée sur Mars du rover de la Nasa Perseverance parti à la recherche de traces de vie, la planète rouge n’a jamais été aussi proche. L’agence spatiale américaine envisage un premier voyage humain dès 2033. La durée de la mission est estimée à 3 ans – 18 mois pour l’aller-retour, et un peu plus d’un an d’exploration. Cassandra, rêve d’en faire partie : « Pour le voyage, il me faudrait juste un tas de livres, Netflix, mon chien et mon appareil photo ! »