Et là, soudain, XXI devint Revue21. Du poids des augustes caractères romains à la modernité chiffrée, du marbre au numérique, qu’est-ce que ça change ? Tout, et rien à la fois. Revue21 est toujours un épais trimestriel indépendant et sans publicité, vendu en librairie – et même, depuis quelques mois, en kiosque. C’est aussi un site web au design épuré et aux publications régulières, où découvrir nos tout derniers récits comme nos archives indémodables. Mais ça, vous le savez déjà, puisque vous êtes en train de nous lire sur votre ordinateur au fond de votre canapé, à la pause déj’ au bureau, voire sur un smartphone dans le métro – ou au coin du feu, qui sait…
Pour le reste, Revue21 a revu ses intentions, sans sacrifier ses ambitions. S’il s’agit moins, comme le fut un temps notre devise, de se nicher « dans l’intimité du siècle », nous entendons « saisir le monde ». Dans toute sa complexité, sa dureté – l’époque étant celle des États carnivores et du chaos algorithmique –, mais aussi dans ses éclats de beauté.
Notre méthode sera, encore et toujours, l’enquête, nos champs d’investigation sans barrière aucune, et notre tempo ajusté. Plutôt que l’idée du ralenti (l’illusion de « prendre le temps »), le coup d’avance. Nous chercherons à démonter les mécaniques des pouvoirs, parfois spectaculairement rustres, souvent effroyablement sophistiquées, avec ce vieil adage anglo-saxon toujours à l’arrière du crâne : « Show, don’t tell. » Montre, n’affirme pas, comme on l’écrivait déjà dans un édito remontant à six hivers.
Dans la tanière de l’ours
Bref, l’acuité que permet l’indépendance, hors des fourches caudines partisanes. Dans un manifeste paru en 2013, les fondateurs de XXI rappelaient que « sous la lampe, on ne voit rien ». Façon de dire que l’essentiel est dans le pas de côté. Mais, à l’ère de la post-vérité et des ombres menaçantes qui s’allongent sur les démocraties, le journalisme peut aussi être une lampe torche. Plutôt que de parler à l’homme qui a vu l’ours, allons chercher la bête dans sa tanière…
Revue21 ira débusquer les seconds couteaux les plus tranchants, Rastignac 2.0, nouveaux mages du Kremlin et autres néo-Borgia. Mais il n’y aura pas que de la noirceur dans nos pages : les courageux, les audacieuses, les empêcheurs de penser en rond auront toute notre attention.
Là où rien ne change, c’est dans la croyance et l’amour du verbe, du récit, du reportage, de l’ailleurs. Qu’il soit près ou loin. Un voyage pas forcément confortable, avouons-le, comme en témoignent nos derniers articles publiés sur notre site. Ils vous mènent du Proche-Orient en guerre, à travers le cockpit de ceux qui ont rasé Gaza, aux interstices sordides de l’internationale masculiniste, en passant par la banlieue de Londres dans les pas d’une dissidente traquée par Pékin.
Vous pouvez aussi faire une longue halte dans un petit village du sud de la France, où les idées s’échauffent autour du sacré, et bientôt vous émerveiller d’un insaisissable papillon dans le Caucase ou découvrir la renaissance d’un chef-d’œuvre oublié dans son continent natal, l’Afrique. Vous retrouverez enfin des signatures familières de notre revue, Sophie Bouillon et Ramsès Kefi, et de nouvelles plumes pour des chroniques écrites « d’un trait ».
Pour finir, faisons simple : bonne lecture !