Les États-Unis doutent. Pour exprimer ce doute, les Américains usent du mot « gridlock » devenu d’usage courant pour parler de la situation de leur pays Le gridlock, c’est le « blocage », c’est-à-dire le risque de sur-place.
Ces doutes se traduisent dans les enquêtes. Fin 2013, une majorité d’Américains considérait que l’influence de leur pays était en déclin. L’institut Pew Research, auteur de la recherche, notait qu’un tel résultat était « une première en quarante ans de sondages ».
Ces doutes se traduisent aussi dans les cercles officiels. La nouvelle stratégie de défense américaine a été publiée en 2012 sous le sobre intitulé : « Maintenir le leadership des États-Unis ». « Maintenir », tout est dit. Dans ses travaux de prospective, le National Intelligence Council entrevoyait, au début des années 2000, et parmi d’autres scénarios, une possible diminution de l’influence américaine en raison d’une économie intérieure stagnante et d’une reconfiguration de l’ordre international. Douze ans plus tard, le même organisme questionne directement, et pour la première fois, l’avenir du leadership des États-Unis dans son rapport, Global Trends 2030.
Depuis l’émergence à la fin du xixe de la puissance américaine, ce n’est pas la première fois que les États-Unis s’interrogent. Lorsque les Soviétiques avaient lancé Spoutnik, leur premier satellite en orbite, en 1957, ou après le fiasco du Viêtnam en 1975, déjà le pays avait cédé au doute. À chaque fois, il a su rebondir en se réinventant.
Le soleil se couche sur l’empire tout-puissant. Le dollar, Wall Street, les technologies de l’information, la puissance militaire restent des atouts majeurs, mais la partie se joue dans les profondeurs du pays. C’est de là que peut venir le sursaut. C’est là que « XXI » est allé voir.