L’air de la guerre qui souffle aux portes de l’Europe nous renvoie vers des temps qu’on croyait révolus, explique l’historien Stéphane Audouin-Rouzeau dans ce numéro. Pour prendre quelque distance, XXI s’est élevé vers les sommets de l’Everest. Là aussi des hommes bataillent, mais sans autres armes que leur orgueil.
En gravissant quatorze 8 000 en six mois, l’alpiniste népalo-britannique Nirmal Purja a établi un record du monde et marqué les esprits. Son objectif, au-delà de sa gloriole personnelle ? Que les guides népalais trouvent leur place au premier plan dans l’histoire de l’himalayisme. Question de fierté autant que d’argent : devenu un immense business, l’Everest subit les dérives de l’alpinisme commercial qui aiguise tous les appétits.
Au Rwanda, Marie-Jeanne, Concessa et Prisca visent une autre forme de fierté, celle que l’on retrouve quand on se délivre de la honte. Ces trois femmes dénoncent, visage découvert et face caméra, des viols que des soldats français de l’opération « Turquoise » censés les protéger leur auraient fait subir lors du génocide des Tutsi, en 1994. Mais l’armée française ne les aide pas. Et la justice hexagonale, saisie depuis plus de dix ans, ne semble pas pressée de faire progresser le dossier.
En Sicile, en revanche, les magistrats ont avancé : ils ont confisqué une entreprise de transport jusqu’alors contrôlée par la Mafia. Des employés l’ont reprise avec succès, malgré les obstacles. Source de fierté, bien sûr. Et preuve que l’espoir existe, malgré tout. Même en temps de guerre.