Lucidité, force, courage, confiance : voilà exactement ce qui sépare la France du quotidien de l’image projetée par les « beaux esprits ». Ils sont présents dans « XXI » et cela tombe bien.
Il suffit de tourner quelques pages pour les rencontrer, dans l’enquête que signe Jean-Pierre Perrin. Ils s’appellent Jacques Attali, Charles Pasqua, Jean-Christophe Mitterrand, Paul-Loup Sulitzer... Les énumérer tous serait éprouvant, mais ils ont pour point commun de se trouver co-accusés d’un procès dont les échos ne troublent guère les médias.
Dans l’enceinte du palais de justice de Paris, ils incarnent une autre France. Qui n’a pas le moindre lien avec celle du quotidien. Qui vit ailleurs, dans une autre dimension. Dans un monde où le cynisme se mêle à la morgue et l’arrogance. Pour cette France, la médaille du Mérite – ce fameux mérite – n’est qu’un colifichet tout juste bon à décorer la poitrine d’un naïf ayant rendu moult services inavouables et, surtout, particuliers.
Cette image de la France, tant reprochée au pays, se dessine tous les jours à la barre du procès de l’Angolagate. Récipiendaire de 2,6 millions d’euros de commissions passés par des circuits occultes avant d’atterrir sur un de ses comptes à Monaco, Jean-Christophe Mitterrand aura, face au juge, ces mots incroyables : « J’ai touché de l’argent, je le confirme. Mais dans la plus grande clarté, il n’était pas question de dissimuler. »
Voici presque cinq cents ans, en France, un jeune homme rédigeait un magnifique discours. Il s’appelait Etienne de La Boétie, avait 18 ans et écrivait ceci : « Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. » La « fracture » n’était pas de son monde.