De partout, de grandes aventures ont été menées, de nombreux pas accomplis. Les sciences, les techniques, les arts, les savoirs... ont explosé. Notre mémoire collective est aujourd’hui presque sans limites. Nos connaissances et nos capacités à échanger ont fait un bond vertigineux. Statistiquement, notre bien-être général dépasse de loin – malgré les crises et les conflits – tout ce qu’ont pu connaître les générations précédentes.
Alors d’où vient ce sentiment diffus qu’une page se tourne ? Comment se fait-il que l’idée de progrès semble se diluer dans un monde globalement plus riche, plus développé, plus savant, plus connecté, plus expert ? Serait-ce parce que, en dépit des pas accomplis, nous restons bornés à un monde clos ? Et que, cherchant à en repousser les limites, nous ne cessons de fait de le rétrécir ?
Nous avons cru en l’expansion perpétuelle, et nous sentons notre planète craquer sous ses coutures. Des mers encombrées de déchets plastiques à la raréfaction des espèces vivantes au risque de réchauffement climatique, les avertisseurs clignotent. Ils nous somment d’imaginer un autre rapport au monde, une relation renouvelée. Les nouvelles aventures sont là, dans la construction de cette relation. Elles sont discrètes et ne font guère de bruit. Elles ne promettent ni grand soir ni agrandissement de la Terre. Pragmatiques et concrètes, elles visent à la construction d’un équilibre, à la création d’une « harmonie » pourrait-on dire si le mot n’était galvaudé par les autorités chinoises qui en ont fait un programme politique.
L’équilibre, cela peut paraître naïf. Et alors ? La promesse de la Lune en porte d’entrée sur l’univers n’était-elle pas, elle aussi, naïve ? Le rêve est enfant de la naïveté. Et ce nouvel équilibre, ils sont des millions à le rechercher. À l’échelle du globe, c’est bien peu. Mais ils en sont les éclaireurs. Ils ouvrent la voie, ils sèment des signes et peuvent s’égarer. Ce qui est le propre de l’aventure : on ne l’accomplit qu’au risque de se perdre. Il faut bien regarder et écouter la jeunesse d’aujourd’hui, celle en train de bâtir son monde et son présent. Elle ne revendique pas de « devenir milliardaire » comme a pu le dire un ministre qui, s’échinant à se dédouaner, expliqua que « certains avaient voulu voir [dans ce propos] un esprit étroit qui réduit tout à l’argent ».