Le mot « courage » est aujourd’hui empreint de solennité, et c’est dommage. Il n’en a pas toujours été ainsi. Il faut lire, par exemple, le Journal de la Nièvre, aujourd’hui disparu.
Très impliqués dans la vie locale, les rédacteurs de cette « feuille » saluaient régulièrement au tournant du XIXᵉ les actes de courage accomplis au quotidien par leurs lecteurs. Le courage du quotidien, celui du « jour le jour », qui s’accomplit mais ne se clame pas, a peu ou prou disparu des radars au profit des institutionnels ou de la société du spectacle. Le courage serait-il trop grave et pesant pour pouvoir être simplement dit ?
Et pourtant ! Il y a de la joie dans ce mot, de la légèreté, de l’allant, de la générosité. Bien sûr, le monde n’est pas facile, bien sûr les temps sont troubles, bien sûr l’avenir n’est pas écrit. Et alors ? « L’épreuve du courage n’est pas de mourir, mais de vivre », clamait le poète philosophe Vittorio Alfieri dans un pamphlet publié en 1777, De la tyrannie.
Les trois histoires qui suivent sont toutes de courage. Elles ne cherchent ni à magnifier ni à célébrer. Leurs acteurs vous sont inconnus, vous n’avez jamais entendu leurs noms, ils n’ont pas gravi la plus haute des montagnes ou franchi le plus sec des déserts. L’un a passé vingt-six ans en prison aux États-Unis, l’autre a dévié le canon d’un fusil, le dernier exhume des morts. Ce qui les rassemble est la continuité de leur vie, des vies de courage.