Terrifiée face à un tigre en Thaïlande, resplendissante à bord d’une montgolfière en Turquie ou hilare entre les mâchoires d’un requin en Corée du Sud, Chiou Taur Wu a pris l’habitude de se photographier partout sur la planète. Une touriste comme les autres ? À ceci près que cette fille de paysans pauvres de Taïwan a découvert les voyages à 60 ans passés. Depuis, elle envoie ses clichés à son amie Martina Bacigalupo, directrice photo de « XXI », qui en a fait un livre.
Terrifiée face à un tigre en Thaïlande, resplendissante à bord d’une montgolfière en Turquie ou hilare entre les mâchoires d’un requin en Corée du Sud, Chiou Taur Wu a pris l’habitude de se photographier partout sur la planète. Une touriste comme les autres ? À ceci près que cette fille de paysans pauvres de Taïwan a découvert les voyages à 60 ans passés. Depuis, elle envoie ses clichés à son amie Martina Bacigalupo, directrice photo de « XXI », qui en a fait un livre.
« Je suis allée aux chutes d’eau de Taixing, dans le sud de Taïwan. Je me promenais dans une belle prairie avec des arbres, et je voulais te les montrer. Alors, j’ai dit à quelqu’un de mon groupe : “Prends-moi en photo ici !” »« Me voici en Thaïlande. Les gens vont dans cet endroit pour s’amuser avec des images 3D. On a peu de temps pour prendre des photos, car il y a beaucoup de touristes. Alors, je me suis vite jetée par terre en faisant semblant de crier de peur face au tigre. J’ai été la seule à faire ça. »« Ici, je suis près d'un centre de beauté qui vient d'ouvrir à Chiayi, à Taïwan. C'est un énorme bâtiment, inspiré du château de Versailles, mais il est uniquement là pour nous faire acheter des crèmes et d’autres produits. Je n’ai rien voulu acheter, alors je me suis promenée dans le parc et j'ai vu ce grand parasol. » « Avec une de mes amies, nous sommes à Hué, au Vietnam. Le geste que je fais avec mes doigts signifie “je t'aime”. Mes amis m'ont appris à le faire lors de mes voyages au moment où quelqu’un me prend en photo. Ce jour-là, nous avons fait une merveilleuse promenade sur la rivière, avec des gens qui chantaient et dansaient pour nous sur les petits bateaux. Nous étions heureuses. »
Enfant des campagnes de Taïwan, exilée en Italie, Chiou Taur Wu est devenue une retraitée heureuse. Qui étudie, danse et voyage. Récit d’une libération.
« Il existe un conte chinois qu’on nous racontait quand nous étions petits : il met en scène Chang’e, une belle femme volant comme un ange et qui vit sur la Lune. Mais lorsque les Américains ou les Russes y sont allés, ils ont découvert qu'elle ne s’y trouvait pas. C’est dommage, car c’était une belle histoire. Lorsque j’ai vu cette Lune lors de mon voyage en Corée du Sud, j'ai repensé à cette histoire, et j'ai voulu me sentir un peu comme Chang’e. »« Lorsque j’ai vu cette moto, je me suis dit : “Je n’ai jamais fait de moto de ma vie. Allez, on y va maintenant !” » « Et voici le Japon. Ce matin-là, je me suis levée avec mes amis et il neigeait. Nous avons tous crié de joie et couru dehors. À Taïwan, il est difficile de voir la neige. La première fois que je l'ai vue, j'étais en Italie. »« Me voici encore en Corée du Sud. Je joue avec la langue du requin, entre ses dents acérées ! »« Là, je fais un vol en montgolfière en Turquie. Beaucoup de gens ont eu le vertige, mais moi je n’ai pas eu peur. C’était pourtant la première fois pour moi. C'est comme quand je vais à la foire : j’essaie tout, même les montagnes russes. En revanche, d’autres choses me font peur : les gens, les animaux, les moteurs, les tremblements de terre, les vents forts, la mer agitée, l'obscurité, la maladie, la solitude, le temps quand il ne passe pas. » « Cette fois-là, en Corée du Sud, on nous a emmenés dans une salle remplie de robes traditionnelles. Nous pouvions choisir celle qui nous plaisait le plus et nous prendre en photo avec elle. J'ai choisi celle-ci parce que j’aimais les couleurs et le long foulard ! »« Ici, je te montre à quel point le ciel est grand. »