Les Kovaltchouk sont puissants. Très. Les patriarches, Iouri, le banquier, et Mikhaïl, le scientifique, 74 et 79 ans respectivement, sont des proches de Vladimir Poutine depuis le début des années 1990 et leurs premières affaires en commun, dans leur Saint-Pétersbourg natal. Privilège rare dans l’autocratie russe, ils rencontrent régulièrement le président en tête à tête, pour l’entretenir d’idées anti-occidentales et mystiques, le convaincre d’envahir l’Ukraine ou de développer tel ou tel aspect du nucléaire russe. Ils ont « accès au corps » (« dostoup k telou »), comme ils aiment à dire en se parant de profondeur spirituelle, dans une référence implicite aux « deux corps du roi » du médiéviste allemand Ernst Kantorowicz. Qu’il s’agisse d’un président, d’un dictateur ou d’un empereur, le dépositaire du pouvoir a deux corps : l’enveloppe charnelle et terrestre d’une part et la puissance symbolique et immortelle de l’autre. Concept qui a survécu, voire s'est intensifié, à l’époque soviétique.
Depuis que Vladimir Vladimirovitch s’est installé au Kremlin, cet « accès » leur a permis d’amasser une fortune estimé à 2,5 milliards d’euros. Mais voilà, le corps terrestre de l’ami président a 73 ans. Un jour, il redeviendra poussière. Et avec lui, peut-être, le rang des Kovaltchouk. Rappel que cette histoire est en réalité très prosaïque : l’« accès au corps » permettant aussi – voire d’abord – l’accès aux ressources sonnantes et trébuchantes de l’État russe. D’où les milliards de roubles dépensés par le clan pour financer les rêves d’éternité du « corps » vieillissant en question. Des rêves d’immortalité qui hantent Poutine et que les Kovaltchouk entretiennent en soutenant de coûteux projets de recherche sur la prolongation de la vie. Moins pour conserver à jamais ce corps que pour le flatter ici et maintenant… Et préparer la suite.
Car on a beau compter parmi les rares à tutoyer le maître du Kremlin et jouir de sa confiance, la bataille n’en est pas moins rude pour défendre ses positions. Le régime est construit autour d’une caste, régie par la lutte perpétuelle des uns contre les autres. C’est l’éternel revers de l’autocratie russe, des boyards d’Ivan le Terrible aux oligarques postsoviétiques. Pourtant, les Kovaltchouk sont on ne peut mieux placés dans cette Russie où la loyauté est tout. Elle qui s’éprouve d’abord avec le temps.
Costumes taillés trop grands
À l’origine, les Kovaltchouk sont des paysans d’origine ukrainienne, montés à Leningrad. Les parents de Iouri et Mikhaïl s’élèvent de leur condition agreste en devenant professeurs d’histoire en lycée, le paternel se taillant par ailleurs une réputation de spécialiste de la marine militaire et du blocus de Leningrad. Les deux garçons font de belles études de physique à l’université d’État de Leningrad. Mais, à la chute de l’URSS, au début des années 1990, ils font un trait sur la carrière académique qui leur était promise.
Comme beaucoup pendant cette époque chaotique, ils se lancent dans les affaires. Iouri Kovaltchouk tente d’abord de vendre des ordinateurs aux laboratoires scientifiques qu’il côtoie. Mais les pontes de l’université, fidèles à l’esprit soviétique, se méfient de ce nouvel arriviste. Qu’importe, l’entrepreneur débutant trouve d’autres débouchés, puis d’autres produits à vendre. Il rejoint l’association des coentreprises de Leningrad, structure influente dans cette Russie sans foi ni loi. Ses membres se retrouvent à la Tchaïka (« la Mouette »), la table chic d’une ville décatie qui retrouve son ancien nom de Saint-Pétersbourg en octobre 1991. Dans ce restaurant, le hareng et la bière allemande font les délices d’un de ses habitués, le directeur du comité des relations extérieures de Saint-Pétersbourg : un certain Vladimir Poutine, aux costumes taillés bien trop grands.
C’est là que les Kovaltchouk et celui qu’on surnomme alors « Volodia » (le « petit Vladimir ») scellent leur amitié. Une confiance forgée par la dureté de l’époque, matérialisée quelques années plus tard par la création d’une coopérative baptisée Ozero (« le lac »). Le futur chef de l’État et sept de ses proches acquièrent un vaste terrain des environs de Saint-Pétersbourg où chacun érige sa datcha. À partir de là, Poutine s’appuie, et vice versa, sur deux cercles dans son ascension : les associés d’Ozero et la bande des judokas rencontrés dans son adolescence – des frères Rotenberg à Guennadi Timtchenko.
Avec le soutien de « Volodia », qui use de son accès aux « ressources administratives » de la mairie de Saint-Pétersbourg, le cadet des Kovaltchouk investit dans la banque Rossiya, fin 1991. L’établissement créé pour financer le parti communiste végète… jusqu’à ce que Poutine s’installe au Kremlin en 2000. C’est alors que Rossiya décolle, après avoir mis la main sur les filiales les plus rentables du géant gazier Gazprom. Au tournant du millénaire, son chiffre d’affaires triple, pour atteindre 1,5 milliard de dollars. Comment ? En s’appuyant sur les structures étatiques, notamment le FSB, le service de renseignement héritier du KGB où Poutine fut officier, pour imposer à de grandes entreprises, et par expansion à leurs employés, de souscrire des polices d’assurance chez elle.
Une ex-maîtresse de Poutine
Les principaux actionnaires de la banque sont des intimes de Poutine – outre Iouri Kovaltchouk, on y retrouve le judoka Timtchenko ou encore Nikolaï Chalamov, dentiste de formation, sociétaire de la coopérative Ozero. Autant de personnalités dont on ne saurait dire si leur fortune n’est pas aussi celle de Poutine. Rossiya permet de financer les ambitions politiques du nouveau régime, de s’acheter des loyautés, de mettre en œuvre divers projets… et de placer des proches. À commencer par une certaine Svetlana Krivonogikh, une ex-femme de ménage un temps propriétaire de 3,6 % du capital de la banque. Une ex-maîtresse de Poutine, mère d’une petite fille dont il serait le géniteur, selon le média d’investigation Proekt.
Un quart de siècle plus tard, les Kovaltchouk pèsent plus de 200 milliards de roubles. Ce qui n’est pas tant, comparé à d’autres oligarques, pour tenir son rang dans la Russie actuelle. Mais ces revenus ne reflètent en rien le poids politique des deux frères. Le cadet, dépositaire de la fortune de l’ami Vladimir, est ainsi surnommé le « banquier du président » ou encore « le tiroir-caisse personnel de Poutine » par le Trésor américain.
Mais Poutine a beau être puissant, il ne l’est pas au point de contrôler tout le spectre des immenses fortunes russes. Pour consolider définitivement son pouvoir et prendre sa place dans le cercle des dirigeants d’avenir, la famille se doit de mettre la main sur un des fleurons de l’industrie russe. Une mission pour Boris Kovaltchouk. L’entrée en scène médiatique du fils de Iouri, 47 ans, a lieu en 2024.
Le 6 mars, le quotidien économique Kommersant publie un article apparemment bien renseigné où l’on peut lire : « Boris Kovaltchouk, directeur de longue date d’Inter RAO [l’EDF russe], quittera prochainement son poste. […] Kovaltchouk pourrait diriger Gazprom ou Rosneft [les hydrocarbures russes], devenir vice-premier ministre chargé du complexe énergétique et des combustibles à la place d’Alexandre Novak, ou encore gouverneur de Saint-Pétersbourg. » La photo d’illustration montre l’intéressé de profil, tempes grisonnantes, regard trahissant une forme de crainte profonde, dans un costume strict qui complète à la perfection son air de bureaucrate.
Déclaration masquée
Le pseudo-scoop a été certainement commandé par les Kovaltchouk. Un de leur alliés, Sergueï Kirienko, patron de la direction de la politique intérieure de l’administration présidentielle, a ses entrées dans le média. Le papier est une déclaration masquée des ambitions du clan. Mieux vaut rester discret sur ses intentions en autocratie. L’article est aussi un coup porté aux patrons de Gazprom et de Rosneft, Alexeï Miller et Igor Setchine, à un moment judicieusement choisi : le premier est affaibli par des problèmes de santé, le second endeuillé par la perte de son fils.
Toute la trajectoire de Boris Kovaltchouk, homme dont on ne sait quasiment rien de la vie privée, sinon qu’il est marié et a une fille, semble ainsi vouée à conserver et consolider le capital amassé par son père et son oncle. Né en 1977 à Leningrad, il a étudié à la faculté de droit de l’Université d’État de Saint-Pétersbourg – comme Vladimir Poutine – d’où il est sorti diplômé en 1999. Il entame ensuite une carrière bien grise : consultant juridique, membre de la commission d’audit de la banque familiale Rossiya, directeur de sociétés de gestion. En 2006, il est nommé assistant du premier vice-premier ministre russe, Dmitri Medvedev, avant de faire un bref passage par Rosatom, la société d’État de l’énergie atomique, puis de prendre en 2009 la présidence, puis la direction d’Inter RAO.
La tentative de mettre la main sur Gazprom ou Rosneft échoue. Fidèles entre les fidèles du président, Miller et Setchine sont peu faciles à déloger. Kovaltchouk Junior est néanmoins nommé chef adjoint du département de contrôle du Kremlin en avril 2024, le même poste que celui occupé par Poutine à son arrivée dans la capitale, en 1996. La nomination alimente les conversations et les commentaires sur les réseaux sociaux sur le possible destin présidentiel du fils Kovaltchouk. Mais, après quelques semaines, c’est à la tête de la chambre des comptes qu’il débarque, en mai 2024.
Un poste d’influence certes, qui permet d’avoir un œil sur le fonctionnement de l’État et les fortunes qui se constituent sur le dos du budget fédéral. Mais qui ne permet pas de brasser des milliards ni de peser sur les décisions du gouvernement, de l’administration présidentielle ou des siloviki – les organes de force publique et de justice, soit le FSB, la police, le parquet, etc. Le clan Kovaltchouk tente de se rassurer : il est sous l’autorité directe de Poutine, tout de même. Mais tout indique que le poste est un placard. Alors, comme tout placardisé du régime, Boris tente d’élargir les pouvoirs de sa fonction. L’héritier des Kovaltchouk montre sa puissance en scrutant les projets d’infrastructures régionales ou en mettant le nez dans le secteur pharmaceutique. Il ronge son frein. Pour l’heure, il s’agit d’abord de protéger son capital et de garder la confiance du président. De servir le régime, encore et encore. La clé pour surnager, d’autant que la lutte s’intensifie avec les autres poids lourds des cercles du pouvoir.
Telegram, terrain de bataille
Tout le clan familial s’implique dans ce combat. Un travail constant : défendre ses positions, saper la réputation d’un adversaire, faire du lobbying pour placer ses hommes à la tête d’une région ou d’une agence fédérale. Tout pour ne pas laisser les prétendants au trône présidentiel s’approcher trop de leur graal. Le terrain de bataille ? Telegram, le réseau social créé par Pavel Dourov. C’est désormais là, très largement, que la politique russe se joue. Chacun y balance des boules puantes contre ses adversaires. Faisant croire à la disgrâce des uns, révélant les intentions cachées des autres… Le mensonge y règne, mêlé à mille vérités aussi. Qui les lirait sinon ?
Noyé dans une lourde propagande nationaliste exaltant la guerre en Ukraine, le poison des Kovaltchouk infuse dans plusieurs canaux aux noms évocateurs, qu’ils ont créés ou non, comme Mash (3,3 millions d’abonnés), Master Pera (60 000) ou Druid (100 000 abonnés, qui sert plus directement l’agenda de Boris Kovaltchouk). Ainsi, le Premier ministre Mikhaïl Michoustine fait-il l’objet d’attaques récurrentes sur ces chaînes. Même sort pour Sergueï Tchemezov, le patron du complexe militaro-industriel, qui courtise l’aile (relativement) libérale du régime et se verrait bien en faiseur de rois. Inutile de préciser que les encombrants patrons de Gazprom et de Rosneft ont aussi droit à leurs lots de posts assassins, dénigrant en boucle leurs mauvais résultats économiques ou la corruption de leurs filiales.
Iouri Kovaltchouk détermine le destin de la Russie.
Écrit sur une chaîne Telegram
Il s’agit aussi d’y rappeler son statut, parfois en achetant des articles pour mieux faire passer un message. Une chaîne Telegram décrit ainsi le pouvoir que l’on prête au clan : « Iouri Kovaltchouk […] détermine le destin de la Russie. Sans occuper de fonction officielle et sans participer aux débats publics, il contrôle les décisions clés, de la nomination des ministres au déclenchement d’une guerre. Il n’est pas seulement un milliardaire, mais le cerveau et le porte-monnaie [« kachiolok »] de tout le système. »
Une frénésie de rachats
L’emprise sur la messagerie russe est la suite logique d’une longue présence dans la presse et la télévision. En 2008, la famille s’était vu confier les médias privés qui demeuraient hors du contrôle du Kremlin. Ainsi est né le Groupe national de médias, présidé par Iouri Kovaltchouk et construit grâce à une frénésie de rachats opérés avec les fonds de la banque Rossiya. Le conglomérat possède désormais des dizaines de chaînes de télévision, journaux et sociétés de production. Depuis 2014, la présidente du conseil d’administration n’est autre qu’Alina Kabaeva, ex-gymnaste, et autre maîtresse présumée de Vladimir Poutine, dont elle aurait eu deux enfants. Et quand la télévision ne touche plus les moins de 50 ans, les Kovaltchouk se tournent vers les réseaux sociaux. Le petit-fils de Mikhaïl, Stepan Kovaltchouk, aujourd’hui âgé de 31 ans, entre à VKontakte, le Facebook russe en 2017 avant d’en devenir le vice-président senior de la stratégie en 2022.
Cet empire médiatique a une autre utilité : pousser l’agenda maximaliste et va-t’en-guerre de la famille lorsqu’il s’agit de l’Ukraine. À ce titre, la pandémie de Covid-19 a été un catalyseur. Elle a conduit Iouri Kovaltchouk et Vladimir Poutine à passer la période de quarantaine en quasi-tête-à-tête dans quelque résidence présidentielle. Là, le premier a pu à loisir flatter le goût pour la théorisation historique du second, inspiré par les écrits mystico-nationalistes d’Ivan Ilyine, philosophe du fascisme russe des années 1930. Des apartés qui ont abouti à la publication en juillet 2021 sur le site du Kremlin d’un article-fleuve signé Poutine intitulé « Sur l’unité historique des Russes et des Ukrainiens ». À cet instant, l’invasion à grande échelle de l’Ukraine est déjà sur les rails. La capacité des Kovaltchouk à façonner l’idéologie du régime – conservatrice, antilibérale, anti-occidentale – compense la faiblesse relative de leur capital financier.
Non content d’avoir « vendu » le concept de cette guerre à son vieil ami, tandis que le reste des puissances d’argent du pays était contre (mais en silence), Iouri Kovaltchouk assure le service après-vente. Il conseille le président sur la conduite de l’« opération spéciale », et a servi d’intermédiaire avec Evgueni Prigojine jusqu’à sa mutinerie, en juin 2023, qui s’achèvera sur l’explosion de son avion à une centaine de kilomètres de Moscou. Le « cuisinier de Poutine », fondateur du groupe paramilitaire Wagner, qui a joué un rôle si important sur le front, avait eu ses moments délicats avec le maître du Kremlin. C’est aussi Iouri Kovaltchouk, partisan de la ligne la plus dure sur l'Ukraine, qui pousse Poutine à ne rien concéder à Donald Trump sur la fin des hostilités.
Une puissance scientifique
Et puis il y a la science, l’autre atout dans la manche des Kovaltchouk. Mikhaïl, l’aîné, a jeté son dévolu sur ce domaine, capital aux yeux de Poutine, pour qui la puissance future du pays tient aussi à sa capacité à devenir une puissance scientifique, en particulier dans le secteur de la tech et de l’intelligence artificielle.
Mikhaïl Kovaltchouk s’est d’abord passionné pour le nucléaire. Il a pris le contrôle du fameux institut Kourtchatov, cœur des recherches atomiques russes, longtemps nimbé de mystère (il était nommé Laboratoire no 2 à l’ère soviétique). Depuis une dizaine d’années, les recherches du centre se sont étendues au domaine médical et à la prolongation de la vie – un rêve du président – en développant notamment l’étude de la bio-impression d’organes et de tissus vivants.
Les organes humains peuvent être transplantés en continu et les gens peuvent rester toujours plus jeunes, voire immortels.
Vladimir Poutine, président de la Russie
Une chimère dont le maître du Kremlin s’est entretenu explicitement avec son homologue chinois, le 3 septembre 2025, à l’occasion de l’impressionnant défilé militaire organisé par Pékin. À Xi Jinping, qui soulignait qu’« autrefois, les gens vivaient rarement jusqu’à 70 ans, or, aujourd’hui, à cet âge, vous n’êtes qu’un enfant », le président russe répondait : « Avec le développement de la biotechnologie, les organes humains peuvent être transplantés en continu et les gens peuvent rester toujours plus jeunes, voire immortels. »
Stratégie de survie
Sur le créneau de la vie éternelle, les Kovaltchouk ont aussi de la concurrence. À l’occasion d’une conférence sur l’intelligence artificielle, le 19 novembre 2025 à Moscou, le banquier German Gref, PDG de la Sberbank, a assuré Vladimir Poutine de la mise au point imminente (« d’ici six à sept ans ») d’un « élixir d’immortalité ». Ironiquement, cette prédiction se base sur les travaux de Raymond Kurweil, un futurologue… américain. Pure flagornerie ? Dans son intervention, Poutine soulignait que « certains experts chinois assuraient que, sous certaines conditions, la vie humaine pouvait être prolongée jusqu’à 150 ans ». Et révélait : « Nous travaillons pour que l’espérance de vie moyenne augmente également dans notre pays. » Comme un aveu personnel, il poursuivait : « On n’aura jamais l’impression d’en avoir assez, tout comme on n’a jamais assez d’argent. Jamais. »
L’investissement des Kovaltchouk dans le secteur scientifique est à la confluence de la stratégie de survie et du dogmatisme. L’oncle Mikhaïl aime à exposer sa vision du monde, pétrie de « nationalisme scientifique », comparant, dans ses conférences, la nécessité de développer les technologies de pointe à la course à la bombe nucléaire sous Staline. Avec l’institut Kourtchatov, il s’embarque aussi dans des projets purement idéologiques, à l’instar du programme génétique 100 000+I, qui ambitionne de décrypter le « génome de l’homme russe ». Sans doute pour s’assurer de décrocher de grosses subventions étatiques, Mikhaïl Kovaltchouk a associé à ses activités la fille aînée du président, Maria Vorontsova, diplômée d'endocrinologie pédiatrique.
Scientifiques de formation, les patriarches du clan Kovaltchouk ne sont guère portés sur la religion. C’est une de leurs particularités dans les cercles dirigeants russes d’aujourd’hui. Le Premier ministre Mikhaïl Michoustine ou le vice-premier ministre chargé de l’industrie, Denis Mantourov, financent volontiers des monastères. Le président Poutine lui-même aime s’afficher aux côtés de son confesseur. Pas les Kovaltchouk. « Ils sont croyants, mais pas dévots. Et ils ont leurs propres opinions sur la structure du monde. Par exemple, ils sont partisans du génie génétique, peu compatible avec la religion traditionnelle », confie une source de leur giron. Pour les Kovaltchouk, c’est peut-être que l’État russe relève de quelque chose comme le sacré. À moins que cela ne leur serve qu’à justifier leur très enviable position dans le régime. Une position qu’il s’agit de préserver. Les hautes sphères russes sont le royaume de l’implicite. Chacun pense à l’après-Poutine, sans jamais en parler.