Le fil français se refait

Photo par Raphaël Helle Écrit par Sonia Reveyaz
En ligne le 22 mars 2024
Le fil français se refait

Si on avait dit à Raphaël Helle qu’il photographierait, quarante ans plus tard, les usines de textiles en France, il n’y aurait pas cru. Avant d’être photographe, cet Aubois d’origine s’est formé au milieu des années 1980, à Troyes, à la fabrication textile, grâce à un BTS option tricotage. « J’ai commencé au moment où le secteur a été touché par la désindustrialisation. » En parallèle de son travail à l’usine, il découvre la photographie et s’y consacre bientôt à temps plein : « C’était une manière pour moi de fuir l’usine. »

Grâce à l’opportunité offerte par la Grande Commande photojournalisme pilotée par la BNF, Raphaël Helle opère un retour aux sources. Son projet se concentre sur le textile français. Cette proximité avec le terrain lui permet de capturer avec aisance et passion le quotidien de l’usine. Sur place, il cherche à valoriser la « dignité ouvrière », spécificité à ses yeux de ce secteur : « Les industriels entretiennent de bonnes relations avec leurs employés car ils ont conscience que ces derniers détiennent un indéniable savoir-faire, c’est un travail extrêmement minutieux »« Je photographie pour eux », souligne le photographe.

Une filière qui se réinvente

Dylan, bonnetier, s’occupe de plusieurs métiers à tricoter grand-diamètre dans l’usine de l’entreprise Maille verte, dans les Vosges, spécialisée dans le tricot technique et qui compte trente-deux salariés. Il fait partie de la minorité d’hommes qui travaillent dans la confection, un secteur majoritairement féminin. En France, depuis la délocalisation massive de la production du textile amorcée dans les années 1980, et malgré la baisse drastique du nombre d’emplois, deux mille entreprises résistent encore.

Pour la première fois depuis quarante ans, l’Union des industries textiles a relevé en 2017 une augmentation de l’emploi de 3,6 % sur un an. Les raisons ? Les usines se réinventent avec la production de textiles techniques, mais aussi une chaîne de production plus écologique. Le « made in France » a désormais le vent en poupe. « 30 % du textile utilisé par l’industrie française du luxe vient de la production locale », souligne Raphaël Helle.