Qatar, mon beau miroir

Photo par Matteo de Mayda Écrit par Martina Bacigalupo
Qatar, mon beau miroir
Publié le 19 décembre 2022

En ce début d’automne, juste avant le début de la Coupe du Monde, le jeune Rahman, ingénieur de profession et supporter de l’équipe de football du Qatar, pose pour un portrait devant les Katara Towers de Doha. Construites en forme de cimeterres croisés, ces tours symbolisent l’âme luxueuse de ce pays de la péninsule arabique. Pendant que Rahman attend le photographe, il se brosse la barbe et les sourcils et commence à prendre des selfies. « Quand j’ai vu ça, j’ai déclenché », raconte le photographe italien Matteo de Mayda.

En duo avec le journaliste Cosimo Bizzarri, de Mayda arpente depuis des années les pays qui se qualifient pour la première fois à des compétitions internationales de football. De l’Islande, qui a participé pour la première fois à la Coupe du Monde en 2018, à la Macédoine du Nord, qui a disputé son premier match contre l’Autriche dans l’Euro 2021, jusqu’au Qatar, qualifié cette année pour la première fois pour la Coupe du Monde, il cherche à sentir l’âme d’un territoire, loin des sentiers balisés, et photographie les sportifs amateurs, leurs entraîneurs ou les supporters, comme Rahman.

Dans ce reportage, le photographe explore les nombreuses contradictions du Qatar. « Certains des bâtiments les plus futuristes sont les stades que le gouvernement s’est empressé de construire, en exploitant des milliers de travailleurs migrants venus d’Inde, du Pakistan, du Népal, du Bangladesh et du Sri Lanka, explique le photographe. Et puis, il y a la question climatique : j’étais choqué de voir la climatisation partout, dans les maisons, dans les stades et mêmes dans les rues ! » En effet, le Qatar climatise non seulement ses stades de football, mais aussi les espaces extérieurs. Les températures moyennes du pays ont augmenté de plus de 2 degrés Celsius par rapport à l’époque préindustrielle. La décision de retarder la Coupe du monde de cinq mois est le symptôme de la gravité du changement climatique dans le pays. Saud Abdulaziz Abdul Ghani, surnommé « Dr Cool », a travaillé pendant treize ans sur le système de refroidissement alimenté par l’énergie solaire qui permettra de garder les joueurs et la pelouse en bonne santé. « Par contre, pendant la Coupe du monde, plusieurs joueurs n’ont pas pu participer aux matchs parce qu’ils avaient attrapé la grippe, comme les joueurs français Rabiot et Upamecano. »

« La première fois – Qatar » documente les contradictions d’un pays qui mise, entre autres, sur le sport pour se préparer au jour où ses énormes réserves de combustibles fossiles – qui font de lui le quatrième pays le plus riche du monde par habitant – finiront par s’épuiser.

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