Silver business sans limite
Documentaire. Dans une Europe dont le vieillissement s’accélère, la prise en charge des personnes âgées constitue une manne pour le secteur privé. Pour soulager leurs finances publiques, de nombreux pays européens ont choisi de livrer leurs seniors aux bons soins d’entreprises privées, logiquement plus soucieuses de la bonne santé de leurs finances que de celle de leurs pensionnaires. Comment le capitalisme a-t-il fait main basse sur nos ultimes années de vie et à quel prix ? Cette enquête à travers cinq pays sur les dérives d’un système vorace (à voir sur arte.tv jusqu’au 13 décembre, et mardi 14 mai à 20h55 en direct sur Arte) interroge aussi le regard que nos sociétés portent sur les plus âgés.
Danse avec les vieux
Documentaire. En montant un spectacle avec des danseurs âgés de 67 à 79 ans, le chorégraphe Angelin Preljocaj sonde la jeunesse éternelle des âmes malgré la dégradation des corps. Anciens ouvriers, fonctionnaires à la retraite, professeurs de pilates ou de yoga, chanteurs, médecins… Certains n’ont jamais dansé de leur vie. Parmi les personnages de ce documentaire, Mario, Maïté, Patricia, Bruce, Sabina, Thierry, Elli, Roberto reçoivent cette aventure comme un cadeau. Ils offrent au spectateur une leçon de vie : la volonté et le désir triomphent de tout. Et Angelin Preljocaj nous prouve que « le dernier tour de piste peut être sublime ».
Une voix pour les sans-voix
Essai. « On me maltraite ici… Je ne sais pas pourquoi on me maltraite comme ça… » Ces mots sont ceux de la mère de Didier Eribon, placée en Ehpad à 87 ans, décédée au bout de sept semaines seulement. La nuit, sur son répondeur, l’écrivain reçoit chaque message comme un uppercut lui signifiant son impuissance à lui venir en aide. De cette épreuve, l’auteur a fait un manifeste. Simone de Beauvoir dans La Vieillesse voulait faire entendre la voix de ces « parias ». Didier Eribon a voulu suivre sa trace et porter la parole de ces vieux que l’on n’entend pas, auxquels nos espaces publics n’accordent aucune place.
La photographie dans le boudoir
Photo. Lorsqu’elle rencontre Marie-Berthe, âgée de 102 ans, Arianne Clément est surprise par la centenaire pour qui l’âge ne semble pas avoir de prise et qui prend des poses affriolantes devant son appareil. La photographe canadienne tend alors un miroir à plusieurs centenaires et capte leurs reflets lors d’une séance de boudoir. Les légendes de ces clichés racontent bien plus que la coquetterie dans leurs regards. Ce travail explore notre rapport à la beauté et à l’apparence. « Plutôt que d’entretenir la beauté physique, superficielle, je conseille aux jeunes femmes d’entretenir la beauté autour d’elles-mêmes », médite Madeleine… à 101 ans !
Les voyages forment aussi la vieillesse
Livre. Les médecins lui donnaient une semaine à vivre. Sa petite-fille Fiona l’a pourtant sortie de sa maison de retraite à 100 ans et l’a emmenée voyager plusieurs mois en camping-car. Pour raconter leur road-trip au jour le jour, Fiona a d’abord tenu un blog, devenu ensuite un livre. Il faut voir sur les photos cette centenaire emmitouflée dans sa couverture violette, éclater de rire dans son fauteuil roulant calé devant une dune de sable, pour comprendre à quel point le désir de vivre est le meilleur des remèdes. Après avoir parcouru l’Italie, l’Espagne et le Portugal, Dominique rêvait de découvrir la Roumanie à 103 ans. Le destin en a décidé autrement, mais la vieille dame a terminé sa vie heureuse et libre.
Une institution hors du commun
Collection XXI. En 2019, la journaliste Haydée Sabéran revenait à La Chesnaie (dans le Loir-et-Cher), une clinique psychiatrique d’avant-garde sans barreaux ni blouses blanches. Une plongée dans la réalité de cette institution autant que dans ses souvenirs : fille d’un psychiatre, elle a passé son enfance dans cet endroit peu commun ouvert dans les années 1950 par Claude Jeangirard, un jeune neuropsychiatre qui arrivait de la clinique de La Borde, pionnière de la psychothérapie institutionnelle.