Éclairage  |  Géographies

Erdogan, un pied en France

Écrit par Manon Chapelain
Dans l’Hexagone, plusieurs influenceurs français servent de relai à l’AKP, le parti du président turc.

Actif depuis le début des années 2010, Mourad Ghazli a été l’un des premiers influenceurs français pro-AKP. Depuis, d’autres ont suivi : une nouvelle génération qui met en scène son expatriation sur YouTube et Instagram. Le plus populaire, David Bizet, plus connu en Turquie sous le nom de Davut Paşa, a créé en 2020 un groupe privé sur Facebook baptisé « Émigrer en Türkiye », qui réunit plus de 2 000 membres pour une « entraide franco-musulmane ».

Journaliste pour la version française du journal pro-gouvernemental Yenişafak (« Nouvelle Aube »), il était plus récemment candidat aux législatives de juin 2024 dans la huitième circonscription des Français de l’étranger (Turquie, Israël, Chypre, Territoires palestiniens…) sous la bannière des indépendants. Auparavant, il « avait intégré, en France, les cercles du Millî Görüş, une confédération islamique, dont est issu l’AKP, longtemps restée dans le viseur du gouvernement français car considérée comme des agents infiltrés de la Turquie », explique l’enseignant-chercheur à Science Po, Henri Du Perrier.

Malgré la création d’écoles musulmanes et de mosquées dans l’Hexagone pour laquelle le groupe a œuvré, l’influence du Millî Görüş reste toutefois « limitée et vise surtout la diaspora turque », poursuit le chercheur. L’association Cojep, de laquelle Mourad Ghazli a reçu un prix en 2016, a également longtemps été considérée comme l’un des principaux relais d’influence du parti de Recep Tayyip Erdogan en France (aujourd’hui, l’association œuvre plutôt à l’international). Son créateur, Ali Gedikoglu, est également à l’origine d’un parti, le Parti égalité justice (PEJ), ainsi que des médias pro-turcs Medya France TV et Medya Turk TV, très actifs sur le Web. 

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