À l’été 2016, la jeune graphiste et photographe italienne Francesca Forquet décide de vivre une expérience américaine, « presque comme un acte ludique », et décroche un boulot à Santa Monica, une banlieue de Los Angeles. Le charme vénéneux de cette mythique cité californienne l’accroche, une ville « désorientante », selon elle, composée d’un « étalement infini et absurde de maisons », et dotée « d’un climat très stable qui vous fait perdre la notion du temps ». « Il y règne une énergie calme et positive qui commence à vous imprégner lentement après une quinzaine de jours, c’est pourquoi les touristes ont souvent du mal à la comprendre. On ne vieillit pas, tout semble à nouveau possible », explique la photographe de 38 ans.
Dans cette ville emplie d’une imagerie singulière, contrastée, bigarrée, elle photographie des chercheurs d’or contemporains, des strip-teaseuses en grève ou des aficionados des courses de chiens corgis. Tous sont saisis dans la fugacité d’un éclair de flash qui fait son style. Les personnalités de la mode, cinéastes et artistes qui passent devant son appareil n’y échappent pas. L’outil est pour elle gage de « dynamisme » et d’« énergie », ajoute à ses images « un sentiment de profondeur et de tridimensionnalité ». Il éclaire ses sujets d’une lumière qui cède peu de place au romantisme. « Son honnêteté peut être dure, voire brutale par moments, mais elle peut aussi être amusante et rock and roll. Pourtant, malgré sa crudité, elle est d’une élégance incroyable, célébrant la beauté d’une manière puissante », explique la photographe. Quand la star du design de mode Salehe Bembury dispose d’une petite heure pour se faire tirer le portrait pour le Wall Street Journal en 2023, ce sont tous ces ingrédients que Francesca Forquet utilise dans sa recette.