Sylvain promet que le but n’est pas d’enrôler. « Il est hors de question que l’esport serve à recruter des soldats, c’est pour qu’on kiffe », assure le quinquagénaire. Il fait partie des animateurs du stand du ministère des Armées à VivaTech, le salon annuel des startups. Barbe grise, pantalon treillis, l’officier porte un tee-shirt de gamer noir au nom de l’« Armée de l’Air » et de l’« Espace Esport & Gaming ». L’association de droit privé a été fondée en juin 2023 par des soldats. Ils sont aujourd’hui 1 400 adhérents. Leur motivation : organiser des compétitions sur des jeux vidéo avec des confrères des armées américaine et britannique. La hiérarchie n’est pas partie prenante, mais elle les autorise à porter leurs galons et même à utiliser la base aérienne de Rochefort.
Il s’agit de favoriser l’esprit de camaraderie, commente Sylvain. Qui partage au passage ses propres frustrations. « Je m’occupe des ressources humaines à l’État-major des armées, et je n’ai pas mis un pied sur une base depuis dix ans. L’odeur de kérosène et surtout le contact avec les collègues me manquent. Depuis que je suis dans l’association d’esport, je fréquente de nouveau les pilotes et les mécaniciens. » Avant d'atterrir : « On sait aussi que, si on dépasse un certain seuil, Riot Games ou les propriétaires des jeux vont nous attraper et demander des comptes. »