Le monde militaire, Fred Marie est tombé dedans un peu par hasard. Frais émoulu de Sciences-Po Toulouse, il découvre la Grande Muette en 2012 au gré de ses premiers reportages pour la presse locale de son Sud-Ouest natal. Rapidement, le jeune photojournaliste indépendant, « pas vraiment fan d’autorité à la base », engrange les contacts et se spécialise. Depuis maintenant douze ans, il documente le quotidien des soldats français et les conflits internationaux.
C’est lors de son premier voyage au Mali en 2015, où il suit les troupes de l’opération Barkhane, que le photographe, alors âgé de 24 ans, a son premier contact avec la Légion étrangère. « Sur place, je rencontre des officiers, qui me racontent la naissance, au XIXe siècle, de cette unité unique en son genre, ses grandes batailles, ses traditions. » Une fois rentré au bercail, le passionné d’histoire se rend à Aubagne pour visiter le musée de la Légion. Rapidement émerge l’envie de faire un sujet au long cours sur la formation des recrues.
À partir de novembre 2021, Fred Marie va suivre un groupe d’aspirants, « de leurs premières tractions à la maison-mère jusqu’à leur ventilation le 30 avril suivant ». Une date hautement symbolique pour l’institution, qui commémore la bataille de Camerone de 1863, durant laquelle une section de la Légion étrangère a résisté jusqu’à la mort à 2 000 soldats mexicains.
« Stratégie de recrutement »
Des dortoirs aux sites d’entraînements, Fred Marie suit les nouvelles recrues. Il les photographie quand ils font des pompes ou rangent leur paquetage, il marche avec eux, partage leurs repas et certains de leurs bivouacs. « J’ai pu faire à peu près tout ce que je voulais. Contrairement à ce que peut laisser croire l’appellation ‘Grande Muette”, la plupart des corps d’armée aiment qu’on parle d’eux. Cela participe de leur stratégie de recrutement. »
Son projet – qui a fait l’objet du livre Légionnaires (autoédité, en 2022) – n’est pas terminé : resté en contact avec certains des hommes rencontrés en 2021, Fred Marie veut « les photographier à nouveau pour voir ce qu’ils sont devenus, ce qu’ils ont traversé, après trois ans passés sous les drapeaux ».
Le Toulousain – qui a créé le trimestriel Défense Zone, « un magazine indépendant dédié à l’actualité des forces armées et de sécurité » – a récemment documenté, aux côtés du photojournaliste Patrick Chauvel, les lignes de front en Ukraine destinées à contenir l’ennemi russe : « Quand on entend tomber les bombes pas loin, on comprend vraiment pourquoi les apprentis soldats sont autant mis sous pression pendant leur formation. »