En coulisses  |  Géographies

Une bière et une flatterie

Les journalistes Olivier Liffran et Joan Tilouine, auteurs de notre récit « De mystérieux instructeurs au secours de l’État congolais » et fins connaisseurs du pays, racontent les méandres qui les ont menés au chef des instructeurs.

Comme chaque week-end, la jeunesse dorée se presse dans les clubs et bars sélects de Kinshasa. Des fils et filles à papa capables de se délester en une nuit du salaire annuel d’un petit fonctionnaire. La guerre contre les rebelles du M23 paraît bien loin, vue d’ici. L’élite kinoise s’attarde rarement sur la situation dans l’est de la République démocratique du Congo. La guerre pour eux est un état de fait. La paix, une exception.

Pour le clubbeur friqué comme pour le journaliste de passage, appréhender cette réalité, c’est se confronter à l’insondable. Nous connaissons bien l’histoire congolaise, ses tourments, sa complexité. Il faut pourtant faire violence à l’esprit pour passer du kaléidoscope des nuits de la capitale à la lente file des déplacés de Sake, localité déglinguée à une vingtaine de kilomètres de la capitale provinciale du Nord-Kivu, Goma.

Une ivresse violente

Nous nous y sommes rendus au petit matin, conscients du risque : les « wazalendo », les groupes armés sur lesquels s’appuie Kinshasa pour combattre le M23, ont tendance à sombrer dans une ivresse violente dès les premières heures du jour.

D’un bord ou l’autre, au Congo, il est facile de faire parler les belligérants. Un ton badin, une flatterie bien placée, des bières partagées amènent souvent des confidences. La rationalité de cette guerre demeure obscure, même pour ceux qui la font. À l’image de ces Blancs surarmés, pour la plupart des Roumains embauchés par le pouvoir de Kinshasa pour servir d’instructeurs, qui ont débarqué au Nord-Kivu depuis 2022. D’un abord peu avenant, ils se laissent plus facilement approcher quand on est introduit par quelques contacts. Une fois cette barrière franchie, alors certains se prêtent au jeu, presque heureux de se dévoiler un peu, et de confesser qu’eux non plus ne comprennent pas très bien ce conflit auquel ils prennent pourtant part.

Explorer le thème
Afrique du Sud
chien dans une piscine
Juillet 2025
Luxe canin au pays des inégalités
En Afrique du Sud se développent des hôtels haut de gamme pour chiens. Le photographe Tommy Trenchard donne à voir l’absurdité de ces palaces.
Récit photo  |  Juillet 2025 | Aventures
Décembre 2024
Les illusions perdues des Blancs sud-africains
Dans la banlieue de Johannesburg, plongée au cœur d’une communauté à la dérive, avec le photographe Lindokuhle Sobekwa.
Récit photo  |  Décembre 2024 | Géographies
Mars 2024
L’impossible confinement en Afrique du Sud
Le Sud-Africain Lindokuhle Sobekwa photographie les défis quotidiens des habitants du township de son enfance, confrontés au confinement.
Récit photo  |  Mars 2024 | Écosystèmes
illustration Le labo de Bonne Espérance numéro 63 : Les patronnes du monde d'après. Zouliamis
Novembre 2023
Afrigen, le petit labo africain contre Big Pharma
En Afrique du Sud, Afrigen s’est donné pour mission de rendre accessible l’ARN messager en open source. Une révolution.
  |  Novembre 2023 | Écosystèmes
Juillet 2013
En Afrique du Sud, sous le ciel bleu de la cité idéale
Reportage au cœur d’une cité retranchée, où hommes d’affaires, expatriés, ministres et stars vivent le rêve de l’ultra-sécurité.
Reportage  |  Juillet 2013 | Aventures
Janvier 2012
La chevauchée fantastique d’une camionneuse à travers le sud de l’Afrique
2011. Thandiwe vit en Afrique du Sud et conduit un quarante tonnes, le long des 3 500 kilomètres de route qui la mènent jusqu’aux mines du Congo-Kinshasha.
Reportage  |  Janvier 2012 | Géographies
Janvier 2010
En Afrique du Sud, le retour de Zuma le banni
En 2009, Jacob Zuma, fraîchement élu président de l’Afrique du Sud, se retrouve propulsé à la tête de la première puissance du continent.
Portrait  |  Janvier 2010 | Pouvoirs