Un, deux, trois soleils
Podcast. Hajer Ben Boubaker est historienne. Pour France Culture, elle a signé, en février 2024, un podcast en quatre parties consacré au raï, la musique de l’amour, de l’exil et de la routine de la jeunesse algérienne. Il puise ses origines il y a près d’un siècle. Après la Première Guerre mondiale, des femmes – veuves ou pauvres – chantent leurs peines dans les vendanges. Le courant, dont les hommes s’emparent aussi, traînera longtemps une mauvaise réputation : il est associé aux cabarets, à l’alcool et au sexe. Il n’empêche : à partir des années 1980, les cassettes de raï s’échangent partout dans le pays. Durant la guerre civile, qui commence dans les années 1990, ses musiciens sont visés par les islamistes. Cheb Hasni, l’un de ses stars, est assassiné à Oran en 1994.
Fuir la folie
Livre. Omar Benlaala, écrivain, a fait parler Bouzid, son père, un grand taiseux. Quelque temps avant sa mort, l’ouvrier à la retraite a accepté de se confesser sur sa vie d’exilé à Paris, où il est arrivé dans les années 1960. Le vieil homme a retracé son existence, de son premier pantalon en Kabylie à sa décision de quitter l’Afrique du Nord. Ce n’est pas tant la misère qui lui a forcé la main, mais la tête. Au milieu des cailloux et de l’ennui, il craignait la folie plus que tout. Bouzid est tombé malade au bout d’un an d’entretien avec son fils, en février 2017. Omar aurait voulu lui poser plein d’autres questions, mais « il fallait économiser son souffle ». Ses poumons étaient bousillés par l’amiante.
Délit de faciès
Film. Christophe Ruggia a adapté au cinéma Le gone du Chaâba, le roman autobiographique d’Azouz Begag. Ce dernier, qui deviendra ministre délégué sous Jacques Chirac, y raconte son enfance dans les années 1960 dans un bidonville de Villeurbanne – la promiscuité, le racisme, les rêves de gosses, les sacrifices de ses parents. Les droits d’adaptation du long métrage, sorti en 1997, lui ont rapporté un peu plus de 15 000 euros. Quand il se pointe à la banque pour déposer le chèque, les employés de la banque paniquent : il porte un bonnet et un sac de sport – on le prend pour un braqueur. Azouz Begag, sociologue de formation, a exploré la vie de sa famille dans plusieurs de ses livres, dont Zenzela. Une histoire de poisse : la maison que ses parents ont construite au pays a été détruite par un tremblement de terre.
Secrets de la Grande Muette
Collection XXI. Soixante ans après la fin de la guerre d’Algérie, les opérations menées par les sections de grottes pour déloger les indépendantistes de leurs caches souterraines, restent un secret cadenassé. La raison ? Le recours aux gaz toxiques, que d’anciens militaires français ont accepté de raconter à Claire Billet en 2022.