Mon nom est Légion

Photos par Fred Marie Un récit photo de Camille Drouet Chades
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Mon nom est Légion
Originaires du Népal, de Colombie ou d’Ukraine, ils ont quitté leur famille et parfois traversé la moitié de la planète pour commencer une nouvelle vie au service de la Légion étrangère française. Dans cette institution où règne une discipline extrême, les recrues vont se préparer aux terrains de guerre. Courses dans la boue, maniement des armes, mais aussi repassage et cours de français… En 2021 et 2022, le photographe Fred Marie a suivi le dur quotidien d’un groupe d’apprentis légionnaires.
Publié le 14 juillet 2024
Originaires du Népal, de Colombie ou d’Ukraine, ils ont quitté leur famille et parfois traversé la moitié de la planète pour commencer une nouvelle vie au service de la Légion étrangère française. Dans cette institution où règne une discipline extrême, les recrues vont se préparer aux terrains de guerre. Courses dans la boue, maniement des armes, mais aussi repassage et cours de français… En 2021 et 2022, le photographe Fred Marie a suivi le dur quotidien d’un groupe d’apprentis légionnaires.
Cette section d’engagés volontaires effectue son premier entraînement dans la piscine du centre d’instruction du 4e Régiment étranger à Castelnaudary, dans l’Aude. Pendant près de quatre mois, une cinquantaine d’aspirants légionnaires vont y être formés à la dure dans le but de coiffer le képi blanc. « Ils ont quitté leur pays et leur famille. Ils ont voyagé à leurs frais – certains ont traversé la moitié de la planète –, afin d’intégrer cette unité́ de l’armée française qui recrute et forme près de 90 % d’étrangers », raconte Fred Marie qui a suivi le groupe pendant ses classes. Selon les derniers chiffres fournis par la Légion, en 2018, ses rangs sont composés d’un peu plus de 9000 hommes – l’unité est interdite aux femmes –, originaires de plus de 140 pays. On dénombre « 34% d’Occidentaux, 28% de Slaves, 13% d’Asiatiques, 12% d’Africains et 13% de Latino-Américains ». « Beaucoup ne comprennent pas un mot de français à leur arrivée, raconte le photographe toulousain. Ils répondent : “Oui, Sergent !” à tout, même quand on leur demande s’ils savent nager et que ce n’est pas le cas. Ce jour-là, l’instructeur russe a dû repêcher deux d’entre eux pour cette raison. »
Cette section d’engagés volontaires effectue son premier entraînement dans la piscine du centre d’instruction du 4e Régiment étranger à Castelnaudary, dans l’Aude. Pendant près de quatre mois, une cinquantaine d’aspirants légionnaires vont y être formés à la dure dans le but de coiffer le képi blanc. « Ils ont quitté leur pays et leur famille. Ils ont voyagé à leurs frais – certains ont traversé la moitié de la planète –, afin d’intégrer cette unité́ de l’armée française qui recrute et forme près de 90 % d’étrangers », raconte Fred Marie, qui a suivi le groupe pendant ses classes. Selon les derniers chiffres fournis par la Légion, en 2018, ses rangs sont composés d’un peu plus de 9 000 hommes – l’unité est interdite aux femmes –, originaires de plus de 140 pays. On dénombre « 34 % d’Occidentaux, 28 % de Slaves, 13 % d’Asiatiques, 12 % d’Africains et 13 % de Latino-Américains ». « Beaucoup ne comprennent pas un mot de français à leur arrivée, raconte le photographe toulousain. Ils répondent : “Oui, Sergent !” à tout, même quand on leur demande s’ils savent nager et que ce n’est pas le cas. Ce jour-là, l’instructeur russe a dû repêcher deux d’entre eux pour cette raison. »
Avant d’arriver à Castelnaudary, les recrues sont toutes passées par « la maison-mère » de la Légion étrangère, située à Aubagne. C’est dans la petite ville des environs de Marseille, au 1er Régiment étranger, que s’effectue le premier tri des futurs légionnaires : « Devant l’entrée, il y a toujours des mecs qui attendent avec des sacs à dos. Dès qu’ils sont cinq ou six, un soldat les fait entrer et leur demande de faire cinq tractions à la barre. Ceux qui n’y parviennent pas repartent dans l’autre sens. Même s’ils sont venus d’Oulan-Bator en bus ! », raconte Fred Marie. Pour ceux qui passent l’épreuve, vient ensuite un « test de sélection psychotechnique », avec des exercices « de logique ne faisant appel à aucune connaissance scolaire », précise le site de la Légion étrangère, puis une visite médicale, un entretien de motivation, un entretien de sécurité et un test de personnalité. En trois semaines, 80 % des candidats sont écartés, indique la Légion, dont le but est de recruter 1600 képis blancs en 2024.
Avant d’arriver à Castelnaudary, les recrues sont toutes passées par « la maison-mère » de la Légion étrangère, située à Aubagne. C’est dans la petite ville des environs de Marseille, au 1er Régiment étranger, que s’effectue le premier tri des futurs légionnaires : « Devant l’entrée, il y a toujours des mecs qui attendent avec des sacs à dos. Dès qu’ils sont cinq ou six, un soldat les fait entrer et leur demande de faire cinq tractions à la barre. Ceux qui n’y parviennent pas repartent. Même s’ils sont venus d’Oulan-Bator en bus ! », raconte Fred Marie. Pour les autres, vient ensuite un « test de sélection psychotechnique », avec des exercices « de logique ne faisant appel à aucune connaissance scolaire », précise le site de la Légion étrangère, puis une visite médicale, un entretien de motivation, un entretien de sécurité et un test de personnalité. En trois semaines, 80 % des candidats sont écartés, indique la Légion, dont le but est de recruter 1600 képis blancs en 2024.
Sous le soleil du petit matin, les recrues enchaînent les tests physiques dans leur jogging aux couleurs de la Légion. Avant leur intégration, ces jeunes militaires ont été interrogés sur leur passé. « La Légion étrangère accepte d’endosser le passé du légionnaire à condition que celui-ci soit intégralement connu », indique son site de recrutement. Pendant des semaines, leurs déclarations sont vérifiées, leur vie passée au crible. « S’ils ont menti, commis des crimes ou consomment des drogues, ils dégagent », résume Fred Marie. Le temps des recherches, les militaires perdent leur identité : leur nom, prénom et date de naissance sont modifiés. Au bout de six mois, ils peuvent récupérer leur identité ou garder la nouvelle. « Cette disposition offre une opportunité à ceux qui veulent tourner une page et qui ont envie de prendre un nouveau départ », explique la Légion. « Cela génère beaucoup de fantasmes, analyse le photographe. Par le passé, la Légion a été peuplée de repris de justice ou d’hommes souhaitant se planquer, notamment à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, on peut encore trouver des personnes qui veulent faire table rase, mais c’est loin d’être la majorité. »
Sous le soleil du petit matin, les recrues enchaînent les tests physiques dans leur jogging aux couleurs de la Légion. Avant leur intégration, ces jeunes militaires ont été interrogés sur leur passé. « La Légion étrangère accepte d’endosser le passé du légionnaire à condition que celui-ci soit intégralement connu », indique son site de recrutement. Pendant des semaines, leurs déclarations sont vérifiées, leur vie est passée au crible. « S’ils ont menti, commis des crimes ou s’ils consomment des drogues, ils dégagent », résume Fred Marie. Le temps des recherches, les militaires perdent leur identité : leur nom, prénom et date de naissance sont modifiés. Au bout de six mois, ils peuvent récupérer leur identité ou garder la nouvelle. « Cette disposition offre une opportunité à ceux qui veulent tourner une page et qui ont envie de prendre un nouveau départ », explique la Légion. « Cela génère beaucoup de fantasmes, analyse le photographe. Par le passé, la Légion a été peuplée de repris de justice ou d’hommes souhaitant se planquer, notamment à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Aujourd’hui, on peut encore trouver des personnes qui veulent faire table rase de leur passé, mais c’est loin d’être la majorité. »
Après un passage chronométré – à peine quelques minutes – par la douche collective, cet homme saisit de quoi se vêtir tout aussi rapidement. Depuis son arrivée à Castelnaudary, le Colombien ne possède rien d’autre que ce que lui a fourni l’armée. Les quelques effets tiennent sur une étagère. « Tout y est dépersonnalisé et rangé de façon millimétrée. Avec son paquetage, on remet à chaque légionnaire une photo qui indique comment et où doivent être ordonnées ses affaires. Les premiers jours, les instructeurs leur font recommencer le rangement jusqu’à ce que ça ressemble à l’image. C’est pour eux une façon de poser les bases de la discipline », relate Fred Marie. Le 4e Régiment étranger possède quatre anciens corps de ferme reconvertis en dortoirs sommaires. Sur les lits de camp, les nuits sont courtes et parfois entrecoupées d’exercices. « L’extrême discipline, la privation de repos ou le fait de plonger les aspirants dans des situations stressantes visent à les faire résister à la pression à laquelle ils seront soumis sur un terrain de guerre. » Certains jettent l’éponge. Au fil des semaines d’instruction, environ un quart de la section suivie par le photographe a abandonné.
Après un passage chronométré – à peine quelques minutes – par la douche collective, cet homme saisit de quoi se vêtir tout aussi rapidement. Depuis son arrivée à Castelnaudary, ce Colombien ne possède rien d’autre que ce que lui a fourni l’armée. Ses effets tiennent sur une étagère. « Tout y est dépersonnalisé et rangé de façon millimétrée. Avec le paquetage, on remet à chaque légionnaire une photo qui indique comment et où doivent être ordonnées ses affaires. Les premiers jours, les instructeurs leur font recommencer le rangement jusqu’à ce que le résultat ressemble à l’image. C’est pour eux une façon de poser les bases de la discipline », relate Fred Marie. Le 4e Régiment étranger possède quatre anciens corps de ferme reconvertis en dortoirs sommaires. Sur les lits de camp, les nuits sont courtes et parfois entrecoupées d’exercices. « L’extrême discipline, la privation de repos ou le fait de plonger les aspirants dans des situations stressantes les habituent à la pression à laquelle ils seront soumis sur un terrain de guerre. » Certains jettent l’éponge. Au fil des semaines d’instruction, environ un quart de la section suivie par le photographe a abandonné.
« Chaque légionnaire est ton frère d'armes, quelle que soit sa nationalité́, sa race, sa religion. Tu lui manifestes toujours la solidarité étroite qui doit unir les membres d'une même famille. » Chaque engagé doit apprendre par cœur cet article 2 du code du légionnaire, ainsi que les six autres qui le composent. « Au début, les recrues apprennent ce code d’honneur en phonétique, ils crachent des sons sans comprendre ce qu’ils disent. » Tout comme Le Carnet du légionnaire, l’ouvrage Chants de la Légion étrangère fait partie du paquetage du soldat. Ses 67 chansons, dont Le Boudin, La Légion marche ou La Lune est claire, font partie d’une tradition encore bien ancrée dans cette unité, créée par Louis Philippe en 1831.
« Chaque légionnaire est ton frère d'armes, quelle que soit sa nationalité́, sa race, sa religion. Tu lui manifestes toujours la solidarité étroite qui doit unir les membres d'une même famille. » Chaque engagé doit apprendre par cœur cet article 2 du code du légionnaire, ainsi que les six autres qui le composent. « Au début, les recrues apprennent ce code d’honneur en phonétique, ils crachent des sons sans comprendre ce qu’ils disent. » Tout comme Le Carnet du légionnaire, l’ouvrage Chants de la Légion étrangère fait partie du paquetage. Ses 67 chansons, dont Le Boudin, La Légion marche ou La Lune est claire, font partie d’une tradition encore bien ancrée dans cette institution créée par Louis-Philippe en 1831.
« La Légion doit former au français (unique langue de travail et de transmission des ordres) des individus qui n’en parlent pas un mot », indique le site de l’institution. « À leur arrivée, certains ne parlent même pas un mot d’anglais », complète Fred Marie. Pour leur apprendre la langue de Molière, la Légion a sa méthode baptisée « Képi blanc ». Basée sur la répétition, la démonstration visuelle et l’immersion, elle doit permettre aux engagés de maîtriser 100 mots le premier mois, puis 500 mots à l’issue des quatre mois d’instruction. « Les recrues ont l’obligation de communiquer en français, même entre eux. Des chercheurs ou des professeurs de Français langue étrangère (FLE) viennent régulièrement observer cette technique militaire d’apprentissage. Les soldats ont intérêt à progresser s’ils veulent éviter des “incitations” physiques ou sportives », explique le photographe. Comprendre : des pompes ou un petit tour de course à pied. « Il est possible de voir un Népalais donner un cours de français à un Colombien. Ici, l’instructeur, qui était russe, avait un accent à couper au couteau. »
« La Légion doit former au français (unique langue de travail et de transmission des ordres) des individus qui n’en parlent pas un mot », indique le site de la Légion. « À leur arrivée, certains ne parlent même pas un mot d’anglais », complète Fred Marie. La méthode d’apprentissage, baptisée « Képi blanc », est basée sur la répétition, la démonstration visuelle et l’immersion. Elle doit permettre aux engagés de maîtriser 100 mots le premier mois, et 500 à l’issue des quatre mois d’instruction. « Les soldats ont l’obligation de communiquer en français, même entre eux, raconte le photographe. Des chercheurs ou des professeurs de français langue étrangère (FLE) viennent régulièrement observer cette technique militaire d’apprentissage. Les soldats ont intérêt à progresser s’ils veulent éviter les “incitations” physiques ou sportives. » Comprendre : des pompes ou un petit tour de course à pied. « Il est possible de voir un Népalais donner un cours de français à un Colombien. Ici, l’instructeur, qui est russe, a un accent à couper au couteau. »
Constitués en équipes, les futurs légionnaires pratiquent ici ce que l’armée appelle « la méthode naturelle », un type d’exercices qui va se répéter à plusieurs reprises au cours de leur formation : au petit matin, après une nuit passée à dormir dehors, ils doivent porter des poutres en bois, ramper dans la boue, sous des barbelés, dans des tuyaux. « Nous sommes en plein hiver et l’eau était glaciale, se souvient le photographe. Le but est de tester leur endurance et leur rusticité, tout autant que leur esprit de groupe. Ils doivent s’entraider, épauler les plus faibles, s’appuyer sur les forces des uns et des autres. Certains vomissent, se blessent, mais je n’ai vu personne craquer. C’est plutôt quelques jours plus tard qu’ont eu lieu les abandons. »
Constitués en équipes, les futurs légionnaires pratiquent ici ce que l’armée appelle « la méthode naturelle », un type d’exercices qui va se répéter à plusieurs reprises au cours de leur formation : au petit matin, après une nuit passée à dormir dehors, ils doivent porter des poutres en bois, ramper dans la boue, sous des barbelés, dans des tuyaux. « Nous étions en plein hiver et l’eau était glaciale, se souvient le photographe. Le but est de tester leur endurance et leur rusticité, tout autant que leur esprit de groupe. Ils doivent s’entraider, épauler les plus faibles, s’appuyer sur les forces des uns et des autres. Certains vomissent, se blessent, mais je n’ai vu personne craquer. Les abandons ont plutôt eu lieu quelques jours plus tard. »
Dans une salle de cours, dont les murs sont tapissés d’affiches sur les manœuvres militaires, les aspirants repassent la tenue qu’ils porteront à leur remise de képi, la cérémonie marquant la fin de la première partie de la formation. La chemise doit être marquée de trois plis verticaux dans le dos, trois plis horizontaux au niveau des épaules, deux sur chaque manche, d’autres sur et sous les poches. Certains sont espacés de 53 millimètres, d’autres de 36. « C’est tellement compliqué et précis qu’ils doivent s’y prendre à plusieurs reprises. Lorsqu’ils ont réussi, ils mettent leur chemise sur un ceintre et n’y touchent plus jusqu’à la fin de leurs classes », s’amuse le photographe.
Dans une salle de cours, dont les murs sont tapissés d’affiches sur les manœuvres militaires, les aspirants repassent la tenue qu’ils porteront à leur remise de képi, la cérémonie marquant la fin de la première partie de la formation. La chemise doit être marquée de trois plis verticaux dans le dos, trois plis horizontaux au niveau des épaules, deux sur chaque manche, d’autres sur et sous les poches. Certains sont espacés de 53 millimètres, d’autres de 36. « C’est tellement compliqué et précis qu’ils doivent s’y reprendre à plusieurs reprises. Lorsqu’ils ont réussi, ils mettent leur chemise sur un ceintre et n’y touchent plus jusqu’à la fin de leurs classes », s’amuse le photographe.
À la fin de leur premier mois de formation, les recrues effectuent la marche dite du « képi blanc » : 70 kilomètres à parcourir en deux jours, chargés d’un paquetage d’une trentaine de kilos, armes comprises. Ceux qui parviennent au bout reçoivent quelques jours plus tard le képi blanc qui fait d’eux des légionnaires. « Le parcours varie selon les années et les sections. Cette fois, les soldats sont partis de l’école militaire d’Aix-en-Provence pour rejoindre le petit village de Puyloubier situé au milieu des vignes. Ils montent ici la montagne Sainte-Victoire qui casse vraiment les jambes. Ce n’est pas de la randonnée, le rythme est soutenu, les pauses rares et courtes », se remémore le photographe.
À la fin de leur premier mois de formation, les recrues effectuent la marche dite du « képi blanc » : 50 kilomètres à parcourir en deux jours, chargés d’un paquetage d’une trentaine de kilos, armes comprises. Ceux qui parviennent au bout reçoivent quelques jours plus tard le képi blanc qui fait d’eux des légionnaires. « Le parcours varie selon les années et les sections. Cette fois, les soldats sont partis de l’école militaire d’Aix-en-Provence pour rejoindre le petit village de Puyloubier situé au milieu des vignes. Ils montent ici la montagne Sainte-Victoire qui casse vraiment les jambes. Ce n’est pas de la randonnée, le rythme est soutenu, les pauses sont rares et courtes », se remémore le photographe.
Les légionnaires suivis par Fred Marie reçoivent leur képi blanc dans l’enceinte du lycée militaire d’Aix-en-Provence. « Durant la cérémonie, ils récitent d’une seule voix le code de l’honneur du légionnaire et coiffent leur képi comme un seul homme. C’est un moment très émouvant. Au moment où j’ai pris la photo, le sergent réserviste dit à ce jeune Colombien qu’il a formé pendant quatre semaines : “Arrête ou tu vas me faire pleurer aussi.” » L’âge moyen des légionnaires est de 23 ans. « C’est une formation très dure, tout s’y fait au pas de course, les ordres et le stress sont permanents. Mais les aspirants sont nourris, logés, blanchis et payés au smic pendant leur formation. La Légion leur offre une vie d’aventures durant les cinq années que dure l’engagement minimum, ainsi qu’une seconde famille. »
Les légionnaires suivis par Fred Marie reçoivent leur képi blanc dans l’enceinte du lycée militaire d’Aix-en-Provence. « Durant la cérémonie, ils récitent d’une seule voix le code de l’honneur du légionnaire et coiffent leur képi comme un seul homme. C’est un moment très émouvant. Au moment où j’ai pris la photo, le sergent réserviste dit à ce jeune Colombien qu’il a formé pendant quatre semaines : “Arrête ou tu vas me faire pleurer aussi.” » L’âge moyen des légionnaires est de 23 ans. « C’est une formation très dure, tout s’y fait au pas de course, les ordres et le stress sont permanents. Mais les aspirants sont nourris, logés, blanchis et payés au smic pendant leur formation. La Légion leur offre une vie d’aventures durant les cinq années que dure l’engagement minimum, ainsi qu’une seconde famille. »
Après l’obtention de leur képi, les légionnaires bénéficient d’une semaine de repos. La Légion possède de nombreuses installations, notamment un chalet à Formiguères, dans les Pyrénées. « Ils se détendent, apprennent à skier, et y retrouvent leur famille. Ils baragouinent encore le français, mais ils parviennent désormais à converser entre eux. Certains n’avaient jamais vu de neige de leur vie. Une fois leurs classes finies, ils pourront utiliser le chalet sur un fonctionnement similaire aux centres de vacances proposés par les comités d’entreprise. »
Après l’obtention de leur képi, les légionnaires bénéficient d’une semaine de repos. La Légion possède de nombreuses installations, notamment un chalet à Formiguères, dans les Pyrénées. « Ils se détendent, apprennent à skier. Ils baragouinent encore le français, mais ils parviennent désormais à converser entre eux. Certains n’avaient jamais vu de neige de leur vie. Une fois leurs classes finies, ils pourront utiliser le chalet sur un fonctionnement similaire aux centres de vacances proposés par les comités d’entreprise. »
Après leur semaine de détente, les légionnaires entament la partie plus technique de leur instruction : le maniement des armes qui inclut le lancer de grenades, comme sur cette image. « Ils sont ensuite ventilés vers des régiments de spécialités. Selon leurs envies et les résultats obtenus, ils partiront chez les parachutistes en Corse, dans la Cavalerie près de Marseille, l’infanterie à Nîmes, chez les démineurs dans le Larzac… Et selon l’actualité ou le planning de déploiement des régiments, ils seront envoyés en mission. Durant leur premier engagement de cinq ans, ils ne peuvent presque jamais s’habiller en civil. Ils doivent obtenir une autorisation pour se marier, acheter un véhicule à moteur ou quitter le pays lors de leurs 45 jours annuels de permission », explique le photographe. Au terme de ces cinq ans, le légionnaire étranger peut demander la nationalité française qui – selon le site de recrutement – lui « est généralement accordée, sous réserve d'avoir une bonne manière de servir et d'avoir prouvé sa volonté d'intégration à la Nation. » Il peut aussi l’obtenir plus tôt « par le sang versé au combat ».
Après leur semaine de détente, les légionnaires entament la partie plus technique de leur instruction : le maniement des armes, qui inclut le lancer de grenades, comme sur cette image. « Ils sont ensuite ventilés vers des régiments de spécialités. Selon leurs envies et les résultats obtenus, ils partiront chez les parachutistes en Corse, dans la Cavalerie près de Marseille, l’infanterie à Nîmes… Et selon l’actualité ou le planning de déploiement des régiments, ils seront envoyés en mission. Durant leur premier engagement de cinq ans, ils ne peuvent presque jamais s’habiller en civil. Ils doivent obtenir une autorisation pour se marier, acheter un véhicule à moteur ou quitter le pays lors de leurs 45 jours annuels de permission », explique le photographe. Au terme de ces cinq ans, le légionnaire étranger peut demander la nationalité française qui – selon le site de recrutement – lui « est généralement accordée, sous réserve d'avoir une bonne manière de servir et d'avoir prouvé sa volonté d'intégration à la Nation. » Il peut aussi l’obtenir plus tôt « par le sang versé au combat ».

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