Portrait  |  Pouvoirs

L’école du micro d’Orly, pouponnière de rappeurs à succès

Écrit par Maïram Guissé Illustré par Baptiste Alchourroun
23 mars 2025
L’école du micro d’Orly, pouponnière de rappeurs à succès
DJ Mehdi, Kery James, Rohff, Manu Key… Dans les années 1990, ces pionniers du hip-hop français avaient leur prophète : Azzedine Zoghbi, le directeur de la MJC d’Orly, un bouillonnant creuset de l’éducation populaire où se mêlaient les générations. Aujourd’hui, c’est fini : coupes budgétaires, reprise en main par la mairie et prochaine démolition du bâtiment ont eu raison d’un idéal.
Article à retrouver dans la revue XXI n°68, Gauche cherche prophète
18 minutes de lecture

La longue silhouette d’Azzedine Zoghbi ne passe jamais inaperçue à Orly. De l’avenue de la République au PMU Le Fer à cheval, jusqu’aux couloirs de la mairie, tout le monde le gratifie d’un signe de tête, de main, d’un sourire. Ça fait cinquante ans que le septuagénaire arpente cette ville du Val-de-Marne de 24 000 habitants sans cesse survolée par les avions. Homme de terrain, Azzedine Zoghbi a vu grandir quatre générations d’Orlysiens. Ici, son nom est indissociable de celui de la Maison des jeunes et de la culture Pablo-Neruda. « MJC », trois lettres qui ont représenté pour les gouvernements des années 1960 à 1990 la solution pour aider et occuper les ados. Trois lettres qui ont incarné, au fil des décennies, l’évolution du rapport de la ville à la jeunesse. Aujourd’hui, il reste mille MJC en France – contre mille cinq cents dans les années 1980, l’âge d’or. Celle d’Orly a vu sa fréquentation drastiquement baisser. Azzedine déplore « un consumérisme croissant ».

Il pensait ne faire que passer, il est resté. Azzedine Zoghbi a foulé le tarmac d’Orly pour la première fois en 1974, quand il est arrivé d’Algérie. Il s’est installé dans le foyer où vivait un oncle éloigné. Alors étudiant en sociologie, le jeune homme de 22 ans s’est rapidement présenté dans cette MJC qui venait d’ouvrir, pour y dispenser des cours d’alphabétisation. La municipalité, de gauche, l’a repéré. Elle l’emploiera jusqu’à sa retraite. D’abord comme éducateur de prévention, puis directeur, à partir de 1992. « Un homme avec une sacrée aura », se souvient son prédécesseur, Alain Roch. Même si, pour quelques-uns, c’était – et c’est toujours aujourd’hui – « l’emmerdeur », celui qui n’hésite pas à interpeller les politiciens de passage pour déplorer la suppression des emplois aidés ou une baisse de financement des associations, dont font partie les maisons des jeunes et de la culture.

Pouponnière de rappeurs à succès

Il faut dire que la MJC d’Orly a une histoire particulière. Elle est la plus connue de France grâce à ce qu’elle a produit : des rappeurs, qui ont vendu des millions de disques et gagné des Victoires de la musique. C’est entre ses murs qu’a débuté la Mafia K’1 Fry, fameux collectif dont Kery James, Rohff ou encore le 113 ont fait partie. « Vous écrivez sur la MJC d’Orly ? Vous devez absolument contacter M. Zoghbi, Azzedine Zoghbi, Azzedine ! » Comme si c’était l’esprit du lieu. Un lieu qui en a d’ailleurs un, d’esprit, celui de l’éducation populaire.

Le directeur général de la Fédération des MJC de France (FMJCF), Patrick Chenu, définit ainsi ce courant de pensée qui a vu le jour au XVIIIe siècle : une philosophie qui vise à « privilégier l’émancipation individuelle et collective par l’éducation, le travail culturel afin que chacun dispose des moyens d’exercer pleinement sa citoyenneté et participe à la construction d’une société plus solidaire ». Azzedine, ou plutôt « Tonton » comme tout le monde a fini par le surnommer ici, a toujours cru en ces valeurs, à la force de la discussion, du débat et du participatif. « Je suis contre l’assistanat, aime-t-il répéter. Quand j’étais à la MJC, chaque activité était payante même de quelques centimes. Si quelqu’un cassait quelque chose, il devait rembourser, en réalisant des travaux. » Tonton est allé jusqu’à retirer un jour une table de billard de « ses » locaux, pour ne pas « que les ados soient uniquement dans de l’occupationnel ». Les temps ont changé.

Être en poste ici, c’était comme faire la Légion : ça comptait double !

Alain Roch, ancien responsable de la MJC d’Orly

« Suivez-moi, je vais vous faire une visite guidée », sourit Tonton, crâne rasé, lunettes rondes, fine barbe poivre et sel. Le retraité à la voix grave s’installe au volant de son Kangoo blanc. À l’arrière sont posés dans des cartons des vêtements, des jouets et autres produits prêts à être distribués lors des maraudes qu’il organise désormais. À travers sa vitre défilent les pavillons, puis des barres d’immeubles. « On y est ! » Le contraste est saisissant. Absolument tout s’est transformé autour du bâtiment. Les barres vétustes de la rue du Docteur-Calmette ont été détruites. Les pelleteuses les ont grignotées, elles qui servaient d’antre aux toxicomanes, de toutes neuves ont émergé. Une « Recyclette » aux accents gentrifiés a même ouvert au rez-de-chaussée, dont les vitrines laissent entrevoir des dizaines de vélos colorés. Seule l’ancienne MJC est restée posée là tel un bunker, dans son jus. Sur ses façades vitrées s’accumulent désormais de fines couches de poussière, traces de pluie séchée. Sur la porte d’entrée bleue, de la rouille. Dans le bureau du seul animateur présent ce jour-là, même l’horloge s’est arrêtée.

Tonton a beau passer régulièrement, « pour garder le lien avec la jeunesse », il fait à chaque fois un voyage dans le passé. Des années « hardcore » marquées par la violence, la prolifération de l’héroïne et du sida, les morts, jeunes, et le désespoir des familles. « Être en poste ici, c’était tellement difficile, c’était comme faire la Légion, ça comptait double ! se souvient Alain Roch, aujourd’hui président de la MJC de Juvisy, dans l’Essonne. Ça demandait un investissement personnel conséquent, des semaines de travail à soixante-dix, soixante-quinze heures. » Et pour cause : « On comptait entre 800 et 1 200 adhérents à cette époque [la fin des années 1980 et les années 1990] ! Il y avait du monde partout, tout le temps, des jeunes, des adultes, c’était incroyable. »

concert de rap à Orly

Des fans de rap en pèlerinage

Quelque chose manquait pourtant à Tonton quand il est arrivé : la mixité sociale. Composée alors de la maison-mère, du centre équestre, de la maison de la musique et d’un centre familial dans le Loiret, la MJC profitait aux enfants des classes moyennes… mais pas aux gamins des cités. Comment les attirer ? Il fallait investir la rue. C’était le temps où émergeait cette nouvelle culture devenue aujourd’hui mainstream, mais vivement décriée à ses débuts : le hip-hop. Pourquoi ne pas s’en servir ? Azzedine n’était pas fan, il préférait le jazz. Il a fini par aimer.

Notre guide s’arrête net devant quelques marches marron, montre du doigt l’espace en contrebas. Un lieu mythique pour les fans de rap français. D’ailleurs, certains y viennent en « pèlerinage ». C’est là que les voix, les flows de « Manu [Key], Saïdou [Mista Flo], Teddy Corona, OGB… », énumère Tonton, résonnaient. Des couplets bientôt entonnés au-delà du Val-de-Marne, dans les quartiers populaires et les zones pavillonnaires du pays entier. « Là, il y avait une table de ping-pong, ils passaient leur temps à se chamailler. » Au début des années 1990, Azzedine avait mis en place trois ateliers : graff, breakdance et rap. Les jeunes venaient des cités de Vitry, Choisy, Villeneuve-Saint-Georges et même de plus loin en Île-de-France. « La MJC était devenue un lieu de convergence de toute la culture hip-hop », assure l’ancien directeur.

Azzedine faisait en sorte qu’on ne voie pas les tox se piquer.

Manu Key, l’un des pionniers du rap français

Manu Key s’en souvient parfaitement. Le visage collé à une vitre du bunker, le quinquagénaire tente d’apercevoir l’intérieur. Les stores étaient toujours fermés. « Grâce à Azzedine, très protecteur, qui faisait en sorte qu’on ne voie pas les tox se piquer, qui prenait le temps de discuter avec nous, de nous former à la vie, on avait pu faire une première partie à la Fête de la musique. Ça nous avait permis de nous rendre compte que c’était une passion sur laquelle on pouvait capitaliser. » La salle de danse, dont le sol vert et les briques rouges n’ont pas changé depuis la construction, était devenue son QG. Tous les jours, il y retrouvait les membres, âgés d’une quinzaine d’années, du groupe de rap qu’il avait créé : Ideal J, avec Kery James, Teddy Corona et Rocco.

Ensemble, ils écrivaient, raturaient, réécrivaient sur des cahiers ou des feuilles volantes, écoutaient, réécoutaient les productions de DJ Mehdi, compositeur du crew rencontré en 1992 à la MJC de Gennevilliers dans les Hauts-de-Seine. « On bougeait de MJC en MJC, en Île-de-France et en province. D’ailleurs on se demande comment faisaient les jeunes quand il n’y en avait pas », s’étonne encore Manu. Cette histoire avec la MJC d’Orly, il l’a gravée dans son premier livre, Les Liens sacrés (éd. Faces cachées, 2020). Il l’a racontée de nouveau, comme pour l’immortaliser encore et encore, dans la série documentaire DJ Mehdi : made in France, diffusée sur la plateforme Arte.tv depuis fin 2024 et déjà vue près de dix millions de fois.

Comme un père de substitution

Tonton, lui, a fini par jeter l’éponge. « J’étais au boulot de 9 h à 22 h, parfois même bien au-delà, et les samedis », souffle-t-il en s’arrêtant devant le dojo au tatami vert et orange, au sous-sol de la MJC. Des adolescents interrompent leur discussion en le voyant. « Continuez, vous ne nous dérangez pas. » Dans sa voix, le ton de l’éducateur n’est jamais trop loin et fait toujours son effet. « Je n’avais plus de vie privée… » Même à dix personnes, l’équipe était trop restreinte pour accueillir un public qui venait de plus en plus nombreux, parfois en charriant ses problèmes personnels. « Les parents me disaient que ces gamins étaient les miens, que j’étais en quelque sorte leur père de substitution. Je me surinvestissais. À un moment, je me suis demandé pourquoi. Qu’est-ce que ça cachait ? »

Le pouvoir socialiste a vidé les quartiers de leur conscience politique.

Azzedine Zoghbi

Tonton délaisse sa famille. Chez lui, aux Lilas, en Seine-Saint-Denis, où il vit avec sa femme et sa fille, il ne rentre plus que pour dormir. Mais même le trajet d’une heure en voiture ne lui permet plus de décompresser. « Dans cet univers-là, celui de l’éducation spécialisée, vous avez deux possibilités : soit vous vous planquez et vous tenez pendant longtemps, soit vous vous investissez et vous êtes cramé au bout de quelques petites années. C’est ce qui m’est arrivé. Je me suis fait complètement bouffer, j’ai fini par craquer. » En 1997, il démissionne de son poste de directeur.

Notre guide traverse le dojo. Il est resté « de gauche », mais « terriblement déçu du pouvoir socialiste » qu’il estime coupable « d’avoir vidé les quartiers de leur conscience politique ». « Ces jeunes ne devraient pas être seuls, il faudrait des adultes avec eux pour les aider à se construire », lâche-t-il en contournant, un brin désabusé, des enceintes et divers objets traînant dans les couloirs. « Après mon départ, j’ai pris du temps pour moi, j’avais besoin de respirer. »

Dissolution et fin de l’indépendance

En 2001, la MJC est dissoute. En cause, des « guéguerres politiques internes au sein du conseil d’administration », évoquent plusieurs interlocuteurs. C’est une année d’élection municipale à Orly, et deux listes se déchirent à gauche. La campagne est rude, rythmée de petites phrases, d’annonces d’union et de désunion. Au sein de la direction de la MJC, opposants et défenseurs du maire s’affrontent. Finalement, le candidat à sa réélection, Gaston Viens, remporte le scrutin de 77 voix seulement. La municipalité remplace alors la MJC Pablo-Neruda par le Forum du même nom, dans le même bâtiment. Le lieu est désormais « uniquement dédié aux jeunes » et non plus au mélange des générations. La structure n’est plus une association, elle est entièrement gérée par la mairie.

Jusqu’alors, la mythique maison orlysienne avait résisté à la vague de municipalisation des MJC, quand l’État, qui s’était désengagé d’abord timidement, l’a fait massivement. Orly était l’une des rares villes communistes de France à avoir une maison des jeunes, et à s’être battue pour la garder. « Ça peut surprendre car ces structures ont la réputation d’être des institutions de gauche, c’est vrai. Leurs directeurs sont majoritairement syndiqués à la CGT et encartés au PC. Mais, dans les années 1970, la doctrine communiste c’était d’être dans une gestion municipale, rappelle Laurent Besse, maître de conférences en histoire à l’université de Tours. Très peu de mairies communistes ont donc accepté la structure MJC, qui suppose une association loi 1901 indépendante. »

Quand j’y pense, on était les bourgeois des quartiers populaires.

Hamide Kermani, maire adjoint à Orly

À la mairie, dans son bureau aux murs blancs, sans autre décoration qu’une vieille affiche d’un éphémère festival de hip-hop lancé par le cinéaste Luc Besson en 2008, Hamide Kermani sourit quand il évoque le lieu mythique. L’élu de 43 ans l’a fréquenté, de 11 à 17 ans, pour faire du break et de la boxe thaïe, avant d’y devenir plus tard animateur. S’il fait de la politique aujourd’hui, « c’est parce qu’il y a eu ce passage-là, insiste le maire adjoint chargé de la jeunesse. Avec l’équipe de la MJ – c’est comme ça qu’on l’appelle, nous, les anciens –, on allait partout. On nous apprenait à nous organiser pour ça. Par exemple, en achetant des chocolats en Belgique pour les vendre ici et financer nos séjours. On était acteurs, pas passifs. Quand j’y pense, on était les bourgeois des quartiers populaires. On allait au ski, on faisait de la plongée sous-marine ou de l’équitation, sans avoir de gros moyens ».

Les financements allaient alors de pair avec les ambitions. « Dans les années 1990, sous le maire [PC puis Alternative démocratie socialisme, en place de 1965 à 2009] Gaston Viens, le président de la Maison des jeunes était adjoint aux finances. Le budget représentait plus de 1,5 million de francs [environ 350 000 euros], avec sept permanents », détaille l’ancien directeur Alain Roch. 52 % du budget venait alors de subventions publiques, 48 % de ressources d’activités.

Horaires et budget rabotés

Avec la municipalisation des lieux, les horaires ont changé. Le Forum est à présent accessible les lundis, mardis, jeudis, vendredis de 16 h à 20 h et les mercredis et samedis de 14 h à 20 h. Terminées les journées entières pendant lesquelles les habitants pouvaient passer. Le budget, lui, a été raboté. Depuis 2016, il est d’environ 240 000 euros répartis entre le centre social Andrée-Chedid, des bourses mobilité – coups de pouce financiers donnés à des jeunes qui souhaitent découvrir une ville européenne – et le Forum. Désormais, seuls un directeur et trois animateurs y sont affectés.

micro et patins à glace

On a kiffé l’année dernière. Genre sortie patinoire.

Nafi, collégienne de troisième

Vingt-trois ans après la « dissolution », personne n’a adopté le nom de Forum. « Pour nous, c’est la MJC », insiste chaque jeune croisé. Le bunker est désormais géré par Malai, héritier d’Azzedine. « Je l’ai eu gamin », se souvient Tonton. Installé derrière son bureau, l’animateur se lève quand la sonnette retentit. Le quadragénaire ouvre à Nafi, Adja, Safia, Mélissa et Lila, hilares. Ce mercredi après-midi, les collégiennes de troisième viennent tuer l’ennui dans leur « deuxième maison ».

« On vient grave souvent ici, insiste Nafi, qui s’installe sur la chaise de Malai. Mais à un moment, c’était souvent fermé. On venait, on essayait d’ouvrir la porte, mais rien. On ne savait pas quand ça allait rouvrir. Je crois que ça a démotivé des gens de revenir. » « Mais on a kiffé l’année dernière. On faisait plein de trucs genre sortie patinoire », complète Adja. « Astérix aussi », renchérit Sofia dont le sourire laisse entrevoir un appareil dentaire. « On essaye de proposer des activités plus culturelles, comme celles que j’ai connues dans le passé, des sorties dans des musées parisiens par exemple, mais ça ne suscite pas d’intérêt », réagit l’animateur.

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La fin d’un bâtiment et d’une histoire

Malai est lui aussi un enfant de la MJC. Ado, il y passait tout son temps pour faire du sport, « éviter de traîner dehors », discuter avec Tonton, « un exemple ». « Vous savez, on n’est qu’à vingt minutes de Paris en RER C, mais certains jeunes n’ont jamais vu la tour Eiffel. » Ce n’est pas le cas des cinq adolescentes, qui aiment bouger. Ce jour-là, elles n’ont pas prévu d’aller à l’atelier éloquence qui se tient dans la salle de danse, elles veulent juste écouter de la musique, « du R&B », insiste Nafi tout en tapant dans la main d’Adja pour marquer leur accord, et « du rap », ajoutent-elles. « On sait que Kery James traînait ici. »

Pour Azzedine Zoghbi, l’histoire s’écrit ailleurs, avec une jeunesse aux habitudes différentes et pour laquelle il reste mobilisé. Notre guide remonte dans son Kangoo sans se retourner sur le bâtiment dont les parpaings seront grignotés un à un cette année, jusqu’à disparaître et devenir cette fois un vieux et doux souvenir planant sur Orly. En 2026, le Forum va être déplacé dans le nouveau « pôle d’équipements » en cours de construction dans le cadre du réaménagement du quartier Calmette.

J’ai transmis le virus à ma fille malgré moi.

Azzedine Zoghbi

Tonton, qui entretient un rapport obsessionnel à la mémoire et à la photo, immortalisera l’événement. En attendant, il continue d’élaborer de nouveaux projets à la Passerelle Orly-Sud, sa propre association d’éducation populaire, créée en 2017 et sise à quelques mètres de la gare RER Orly-Ville. Les murs sont ornés de photos, témoignages d’actions organisées avec Kery James notamment et des gamins d’aujourd’hui – des collégiens et beaucoup de jeunes étrangers qui viennent d’arriver en France.

« Il ne faut pas se voiler la face. Si je reviens, c’est que je trouve mon compte avec cette communauté, lâche-t-il, les yeux pétillants. Réellement, je trouve du réconfort, de la reconnaissance de la part des gens, pas des institutions. » Il a d’ailleurs arrêté de demander des subventions aux pouvoirs publics, « pour rester libre ». Récemment, Azzedine est devenu grand-père. Sa fille, qui l’a accompagné dans toutes ses initiatives depuis ses jeunes années, est, à 24 ans, éducatrice spécialisée à la protection judiciaire de la jeunesse. « Je lui ai transmis le virus malgré moi, culpabilise-t-il. J’aurais aimé qu’elle fasse autre chose. »

Gauche cherche prophète

La révolution, le communisme, l’universalisme ne fédèrent plus à gauche. Pour prendre des décisions, nous avons besoin, en tant qu’individus et citoyens, de nous projeter. Nous avons besoin d’un futur, imaginé, désiré. Quel projet collectif et attractif imaginer ? De nouveaux hérauts sont-ils nécessaires ? Pour son numéro de printemps 2025, la revue XXI s’est lancée dans cette quête d’un candidat-prophète. Et s’est penchée sur trois cas emblématiques. Celui d’Éric Benzekri, le scénariste de Baron noir – l’homme, qui écrivait dans sa jeunesse des discours pour le PS, murmure aujourd’hui à l’oreille des politiques. Celui d’Azzedine Zoghbi, ancien directeur de la MJC d’Orly, figure de l’éducation populaire à l’heure de la naissance du rap français. Celui enfin de François Ruffin, incarnation d’une troisième voie défendant « la France des bourgs » contre « la France des tours ».

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