


Jonathan, pêcheur à bord du Morjolène, a connu comme ses camarades une année 2022 critique. La hausse des prix du carburant causée par la guerre en Ukraine est venue s’additionner aux restrictions de l’accès aux zones de pêche britannique, engendrées par le Brexit. Elles représentaient 30 % des captures françaises avant la sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne. Devant la dureté du métier et ses conditions dégradées, le photographe n’a pas pu s’empêcher de leur demander ce qui les poussait à continuer. « Ils m’ont dit qu’une fois au large, relate Ciro Battiloro, ils oubliaient justement la société et ses problèmes. Ces pêcheurs sont obsédés par la mer. »

Pêcher suppose d’abord de savoir ce que l’on est autorisé à pêcher. La gendarmerie maritime, qui attend parfois les bateaux à quai, veille au grain. La seiche, de la famille des pieuvres et des calamars, ne peut être capturée qu’entre mai et juin. Ce qui laisse tout de même aux pêcheurs de la région le temps d’en ramener 4 000 tonnes par an, pour un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros, selon le comité régional des pêches maritimes de Normandie. La pêche des coquilles Saint-Jacques, le plus rentable des produits de la mer pour les marins qu’a côtoyés le photographe, est quant à elle autorisée de mars à avril. Le reste du temps, c’est « le maquereau, la sole, la dorade », énumère Ciro Battiloro, avant d’avouer dans un rire : « ce sont les premiers mots que j’ai dû apprendre en français ».





