Dans les rues d’Addis-Abeba, un collectif de jeunes skateuses éthiopiennes défie les normes patriarcales et les traditions. La photographe Chantal Pinzi est allée à leur rencontre.
Dans les rues d’Addis-Abeba, un collectif de jeunes skateuses éthiopiennes défie les normes patriarcales et les traditions. La photographe Chantal Pinzi est allée à leur rencontre.
Une grande ville africaine, un seul skatepark, un groupe de jeunes femmes enchaînant les figures sur leurs planches : voici les Addis Girls Skate. Ce collectif d’une douzaine de skateuses sillonne les rues d’Addis-Abeba, la capitale éthiopienne, et contribue activement à façonner un nouveau discours d’inclusion et d’autonomisation des femmes.
À l’échelle mondiale, le skateboard se classe au sixième rang des sports les plus pratiqués, mais une enquête réalisée en 2024 par les statisticiens de Worldmetrics indique que le secteur reste à 80 % masculin. Pour les « filles d’Addis », ce sport est devenu un outil d’autodétermination et de construction d’une identité : « Dans son essence, le skateboarding ne se soucie pas de qui vous êtes, mais seulement que vous êtes là, à essayer, tomber, et réessayer encore. »
Confrontées à un patriarcat profondément enraciné et à une exclusion systémique de la vie publique – accentuée par le conflit au Tigré, une guerre civile qui a fait au moins 600 000 morts et des millions de déplacés ces dernières années –, les Addis Girls Skate ont créé un formidable espace d’expression et de sororité. Skateuse elle-même, la photographe Chantal Pinzi est allée début 2024 à la rencontre de ces femmes qui défient toutes les normes.
Des membres du collectif Addis Girls Skate sur un toit d’Addis-Abeba.Shurrube, seule femme à pratiquer le skateboarding à Hawassa, une ville à 300 km au sud d’Addis-Abeba, attire les regards de la foule au marché aux poissons. Son talent lui a permis de remporter plusieurs compétitions dans la capitale, faisant d’elle la meilleure skateuse éthiopienne.À 43 ans, Burtekan, mère de deux enfants, défie les préjugés en montant sur un skateboard aux côtés d’adolescentes. Sa présence permet aux filles plus jeunes d’obtenir la permission de leur famille pour sortir.Shurrube et sa sœur s’accrochent à un tuk-tuk – une pratique appelée « skitching » – pour se rendre au skatepark d’Hawassa. Construit en 2016, celui-ci est l’un des premiers espaces dédiés au skateboard en Éthiopie.Delina réalise un « ollie » à Piassa, un quartier d’Addis-Abeba. L’ollie est une figure fondamentale du skateboard, qui consiste à sauter en l’air tout en gardant la planche collée aux pieds.Seule fille à faire du skateboard dans le village, Kalkidan s’élance dans une cuvette – le « bowl » – du skatepark de Konso, au sud de l’Éthiopie. Construit en 2021 par l’ONG Skate Like Lion, c’est l’un des trois skateparks en béton du pays.Edomawit pose avec ses camarades à côté d’un bus abandonné sur un chantier de construction d’Addis-Abeba.Les membres d’Addis Girls Skate font une pause au milieu d’une longue descente à toute vitesse – une pratique baptisée « hill bomb » – du mont Entoto, à côté d’Addis-Abeba.Après une séance de skate, Burtekan sert du café aux autres filles. En Éthiopie, la cérémonie du café – un rituel d’hospitalité et de communauté – est traditionnellement dirigée par une femme, souvent la plus âgée de la famille.La skateuse Mirhet Shneto dans les rues bondées du Mercato d’Addis-Abeba, le plus vaste marché à ciel ouvert du continent africain.