Témoin clandestin
Documentaire. Le journaliste franco-bélarusse Andreï Vaitovich aujourd’hui installé en France, a filmé les manifestations à Minsk de 2020. La plupart de ses images sont clandestines. Pour éviter la répression, le réalisateur filme sans accréditation, sans gilet presse, à l’iPhone. Il récolte des images de la répression exercée par le régime, et entremêle l’histoire de la dictature à celle du soulèvement. Très politique, le documentaire raconte aussi l’intimité : les amis libérés de prison qui se retrouvent, sa relation à lui avec sa grand-mère, opposante à Loukachenko et contrainte de fuir la dictature. Il raconte surtout sa génération, les rêves et les craintes qui mûrissent à l’ombre du régime.
Auprès des exilés
Livre. Professeur de sociologie à l’université de Bordeaux, Ronan Hervouet a vécu vingt ans en Biélorussie. Après le soulèvement de 2020, il est parti à la rencontre de ceux qui avaient été contraints à l’exil. Il en tire un récit détaillé des rouages de la dernière dictature d’Europe. L’auteur se rend en Lituanie, en Pologne et en République tchèque. Il y raconte ces destins trop souvent oubliés, et rappelle la position capitale de la Biélorussie en Europe. La « révolution suspendue », c’est cette ligne de crête entre la société post-soviétique que le régime autoritaire a tenté de maintenir, et la société d’aujourd’hui où le soulèvement a laissé des traces, et qui pourrait de nouveau basculer.
Se découvrir révolutionnaire
Podcast. Trois jeunes femmes qui se sont découvert un destin révolutionnaire enregistrent leur journal sonore des manifestations. Elles racontent dans ce podcast leurs émotions à la sortie des prisons, ou au cœur des rassemblements. Aucune n’avait le moindre passé militant auparavant, et chacune se découvre révolutionnaire : comment fuir la répression ? comment militer le jour des élections et jouer le bras de fer avec le régime ? comment créer du collectif ? C’est cette dernière problématique qui ressort le plus de leurs témoignages : dans une société si individualiste, divisée pour le règne d’un tyran, comment se découvrir ensemble contre le régime, et pour quels lendemains ?
Après l’apocalypse
Livre. La Prix Nobel de littérature 2015, Svetlana Alexievitch, recueille les témoignages des survivants de Tchernobyl dans un livre glaçant. Après la catastrophe nucléaire, Loukachenko une fois au pouvoir avait anéanti tous les travaux de mémoire, pour ne pas nuire à l’image de l’ère soviétique. Les centres de recherches scientifiques sont muselés, les associations de victimes traquées. Le régime met en œuvre des politiques de repeuplement des zones contaminées, rogne peu à peu sur l’indemnisation
des familles des victimes. À travers les témoignages d’une rare violence, extrêmement précieux et humains pour comprendre les premiers instants de la catastrophe, on lit surtout entre les lignes une histoire qui se répète. Celle du régime aveugle dont le totalitarisme n’est jamais aussi ravageur que quand il s’attaque à la mémoire.