Premières tribus de chasseurs-cueilleurs nomades à avoir peuplé l’Afrique du Sud, les Khoïsans ont une tradition d’herboristerie, utilisant les plantes locales pour se nourrir et se soigner. Des végétaux qui ont rapidement intéressé les Européens. Darwin et, dans son sillage, de nombreux botanistes sont venus classer et étudier les plantes pour comprendre leur potentiel économique et scientifique. Ce qui a conduit à une exploitation poussée de ces végétaux.
Ainsi, à partir de 1920, les Blancs ont découvert le moyen de cultiver le rooibos, le thé rouge cueilli à l’état sauvage par les Khoïsans. Ils se sont mis à le produire à grande échelle dans de vastes fermes de la région du Cederberg, clôturant des terrains et privant ces nomades de leur libre circulation. Puis, dans les années 1960, des laboratoires se sont intéressés à une succulente que les Khoïsans utilisaient depuis longtemps comme coupe-faim : le hoodia. Heureusement, le gouvernement sud-africain a pu classer le petit cactus comme plante protégée. Ce même gouvernement a finalement débouté en 2010 la firme Nestlé dans ses tentatives répétées de breveter à son profit l’usage du rooibos pour des traitements ou des cosmétiques.
Herboristerie ou biodiversité
Au Cap, une certaine résistance a vu le jour pour tenter de préserver les traditions d’herboristerie de ce peuple natif. Elle vient de métis qui revendiquent leurs origines khoïsanes. Surnommés les « sackclothes », car habillés de sacs de toile de jute, ils vendent leurs cueillettes à la sauvette sur les trottoirs, avec pour certains la mission idéologique de sauver son prochain de l’usage des médicaments chimiques en se soignant par les plantes.
Les sackclothes vont régulièrement chercher des plantes autour de la célèbre montagne de la Table, qui domine la baie du Cap et qui fait partie de leurs terres d’origine. Il n’est pas rare qu’ils se fassent arrêter dans le parc national du même nom, où il est formellement interdit de collecter des espèces végétales. Ils se sont également vu interdire de dormir dans les grottes de la montagne et sont ainsi privés de l’accès à leurs terres traditionnelles, au nom de la légitime préservation de la biodiversité. Un sujet qui fait débat dans le pays.