Fin de règne pour le papillon monarque

Photos par Brendan George Ko Un récit photo de Catherine de Coppet
Édition de septembre 2024
Fin de règne pour le papillon monarque
Chaque année, des millions de papillons monarques migrent du sud du Canada et du nord-est des États-Unis pour hiverner dans les forêts montagneuses du centre du Mexique. Le photographe canadien Brendan George Ko a documenté en 2020 cette migration de 5 000 kilomètres, la plus longue connue pour un insecte. Depuis une vingtaine d’années, plusieurs facteurs naturels et humains font chuter la population de monarques. Mais ses défenseurs peinent à mobiliser autour de son cas.
Article à retrouver dans la revue XXI n°66, Le lobbying des mers
Chaque année, des millions de papillons monarques migrent du sud du Canada et du nord-est des États-Unis pour hiverner dans les forêts montagneuses du centre du Mexique. Le photographe canadien Brendan George Ko a documenté en 2020 cette migration de 5 000 kilomètres, la plus longue connue pour un insecte. Depuis une vingtaine d’années, plusieurs facteurs naturels et humains font chuter la population de monarques. Mais ses défenseurs peinent à mobiliser autour de son cas.
Article à retrouver dans la revue XXI n°66, Le lobbying des mers
Les 57 000 hectares de la seule réserve du papillon monarque au monde, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2008, se situent entre les États de Mexico et de Michoacán. Parmi les cinq sanctuaires où hivernent les Danaus plexippus, c’est celui d’El Rosario que visitent en priorité les quelque 150 000 touristes annuels attirés par la réserve. Il est situé à 3 000 m d’altitude, s’étend sur 25 km2, et on peut le visiter à cheval.
Les 57 000 hectares de la seule réserve du papillon monarque au monde, inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2008, se situent entre les États de Mexico et de Michoacán. Parmi les cinq sanctuaires où hivernent les Danaus plexippus, c’est celui d’El Rosario que visitent en priorité les quelque 150 000 touristes annuels attirés par la réserve. Il est situé à 3 000 m d’altitude, s’étend sur 25 km2, et on peut le visiter à cheval.
À partir de novembre, les monarques hivernent en colonies sur les branches des oyamels, conifères endémiques de cette région du Mexique. Ces forêts de pin, très denses, fournissent aux papillons l’ombre dont ils ont besoin pour conserver leur réserve de graisse. La région alimente en eau de nombreuses municipalités de l’État de Mexico et de la mégalopole.
À partir de novembre, les monarques hivernent en colonies sur les branches des oyamels, conifères endémiques de cette région du Mexique. Ces forêts de pin, très denses, fournissent aux papillons l’ombre dont ils ont besoin pour conserver leur réserve de graisse. La région alimente en eau de nombreuses municipalités de l’État de Mexico et de la mégalopole.
Courant mars, les monarques reprennent leur route, cette fois vers le nord du Mexique et le sud des États-Unis, pour y pondre leurs œufs. Chaque génération migre ensuite vers le nord, jusqu’à la quatrième qui repart vers le sud. À l’hiver 2023-24, les papillons ont occupé moins d’un hectare de forêt, contre plus de 18 en 1996-97. Depuis 1993, Eduardo Rendón-Salinas, sous-directeur du programme Écosystèmes terrestres de l’ONG WWF au Mexique, observe un déclin constant des monarques, classés en voie d’extinction en 2022.
Courant mars, les monarques reprennent leur route, cette fois vers le nord du Mexique et le sud des États-Unis, pour y pondre leurs œufs. Chaque génération migre ensuite vers le nord, jusqu’à la quatrième qui repart vers le sud. À l’hiver 2023-24, les papillons ont occupé moins d’un hectare de forêt, contre plus de 18 en 1996-97. Depuis 1993, Eduardo Rendón-Salinas, sous-directeur du programme Écosystèmes terrestres de l’ONG WWF au Mexique, observe un déclin constant des monarques, classés en voie d’extinction en 2022.
Parmi les causes de leur déclin, la raréfaction des asclépiades communes – unique source de nourriture de leurs larves – dans les champs nord-américains, victimes de l’utilisation croissante de glyphosate. Entre 1994 et 2006, la quantité d’herbicide pulvérisé dans les champs de soja américains est passée de 1,4 million à 41,7 millions de kg.
Nichés dans les pins, les papillons supportent des températures nocturnes allant jusqu’à –14 °C. Le jour, ils attendent d’être réchauffés pour se déplacer. Et ne volent que pour boire, par exemple l’eau des flaques (pages suivantes).
Nichés dans les pins, les papillons supportent des températures nocturnes allant jusqu’à –14 °C.
Le jour, ils attendent d’être réchauffés pour se déplacer. Et ne volent que pour boire, par exemple l’eau des flaques.
Le jour, ils attendent d’être réchauffés pour se déplacer. Et ne volent que pour boire, par exemple l’eau des flaques.
Les monarques sont aussi des victimes collatérales du réchauffement climatique – parasites, températures élevées, sécheresse, etc. En mars 2016, une violente tempête a décimé 22 000 pins de la réserve.
Les monarques sont aussi des victimes collatérales du réchauffement climatique – parasites, températures élevées, sécheresse, etc. En mars 2016, une violente tempête a décimé 22 000 pins de la réserve.
Les monarques sont aussi des victimes collatérales du réchauffement climatique – parasites, températures élevées, sécheresse, etc. En mars 2016, une violente tempête a décimé 22 000 pins de la réserve. Depuis 2007, un programme commun des autorités mexicaines et du WWF est mené dans la région pour lutter notamment contre la déforestation. Le généticien Cuauhtemoc Saenz-Romero a participé à des essais de plantation de jeunes pins plus en altitude, hors de la réserve, afin d’anticiper les évolutions du climat.
Depuis 2007, un programme commun des autorités mexicaines et du WWF est mené dans la région pour lutter notamment contre la déforestation. Le généticien Cuauhtemoc Saenz-Romero a participé à des essais de plantation de jeunes pins plus en altitude, hors de la réserve, afin d’anticiper les évolutions du climat.
La population de monarques a longtemps été affectée par les coupes de bois illégales, une pratique des communautés locales, enrayée par le programme contre la déforestation. Ainsi, le nombre d’hectares de la réserve concernés par ces coupes est passé de 480 entre 2003 et 2005 à une dizaine entre 2018 et 2020. Des activités durables ont été mises en place pour les habitants, traditionnellement dépendants des mines de fer, d’argent ou de cuivre – aujourd’hui épuisées. Une dizaine de pépinières d’oyamels, pourvoyeuses d’emplois, ont ainsi vu le jour, comme ici près de Donato Guerra dans l’État de Mexico.
La population de monarques a longtemps été affectée par les coupes de bois illégales, une pratique des communautés locales, enrayée par le programme contre la déforestation. Ainsi, le nombre d’hectares de la réserve concernés par ces coupes est passé de 480 entre 2003 et 2005 à une dizaine entre 2018 et 2020. Des activités durables ont été mises en place pour les habitants, traditionnellement dépendants des mines de fer, d’argent ou de cuivre – aujourd’hui épuisées. Une dizaine de pépinières d’oyamels, pourvoyeuses d’emplois, ont ainsi vu le jour, comme ici près de Donato Guerra dans l’État de Mexico.
Depuis 2019 cependant, les cartels de drogue, très actifs dans l’État du Michoacán, sont soupçonnés de prendre part à l’exploitation illégale du bois, qui de ce fait est repartie à la hausse. Début 2020, l’administrateur du sanctuaire d’El Rosario et militant écologiste opposé à ce trafic, Homero Gómez González, a été retrouvé mort dans un réservoir d’eau, avec un traumatisme crânien antérieur à la noyade. Quelques jours plus tard, un guide qui travaillait avec lui a également été tué.
Depuis 2019 cependant, les cartels de drogue, très actifs dans l’État du Michoacán, sont soupçonnés de prendre part à l’exploitation illégale du bois, qui de ce fait est repartie à la hausse. Début 2020, l’administrateur du sanctuaire d’El Rosario et militant écologiste opposé à ce trafic, Homero Gómez González, a été retrouvé mort dans un réservoir d’eau, avec un traumatisme crânien antérieur à la noyade. Quelques jours plus tard, un guide qui travaillait avec lui a également été tué.
Située au cœur de la réserve, Angangueo dans l’État du Michoacán est la ville qui permet de rejoindre les sanctuaires d’El Rosario et de Sierra Chincua. Ses rues sont constellées de fresques où le monarque est représenté. Un festival y est même consacré chaque année.
Située au cœur de la réserve, Angangueo dans l’État du Michoacán est la ville qui permet de rejoindre les sanctuaires d’El Rosario et de Sierra Chincua. Ses rues sont constellées de fresques où le monarque est représenté. Un festival y est même consacré chaque année.