Rares sont les interlocuteurs qui mordent à l’hameçon avec l’entrain d’Olivier Le Nézet : au bout de cinq minutes de discussion dans les travées du Salon de l’agriculture, voilà que j’étais déjà chargé de féliciter mes parents pour le choix de mon prénom, tandis que je n’ignorais plus rien de l’histoire de ce jeune « intouchable » de Mumbai qu’il avait sauvé des crocs des chiens errants. Plutôt désarmant pour un premier contact. La stratégie d’étourdissement avait déjà commencé.
La veille de l’entretien, coup de fil préparatoire du chargé des relations presse, pour connaître les grands thèmes que je compte aborder – « Olivier n’aime pas être pris à défaut sur un chiffre, mais il en a beaucoup à gérer, vous comprenez ». Alors que je m’inquiète d’avoir assez de temps pour l’échange, je suis vite mis au parfum : « Je n’ai jamais vu Olivier accorder plus de quarante-cinq minutes à un journaliste, alors si vous avez une heure, ce sera déjà un record ! » Depuis, le Guinness des journalistes compte donc une nouvelle performance : près de deux heures et quart d’échanges, à haute intensité. Je le savais, Olivier Le Nézet n’a pas la réputation de goûter la contradiction. Mais je n’étais pas là non plus pour le regarder me dessiner l’histoire du port de Lorient et de ses deux « cathédrales », ces immenses bunkers construits par les Allemands pendant la Seconde Guerre mondiale. Alors, quand il a fallu aborder les sujets qui fâchent, puis insister devant des réponses qui n’en étaient pas, le ton est vite monté, quand bien même le dictaphone enregistrait.