À Springbok, ville un peu Far West d’Afrique du Sud, avec son avenue unique bordée d’échoppes dans un paysage de désert orange, le patron de la pension familiale historique ne s’en remet toujours pas : dans le petit tribunal en face de son restaurant va s’ouvrir le procès du policier star de cette commune de 13 000 habitants. « J’espère que c’était une infiltration et que notre détective voulait seulement piéger les gangs en trafiquant ces plantes », souffle le vieil Afrikaner entre deux consignes à ses employés. En mai 2024, le capitaine Karel du Toit, décoré quatre fois détective de l’année par la province du Cap-Nord, a été arrêté pour fraude, corruption et trafic de plantes.
Avec lui sont tombés un autre policier, parmi la vingtaine que compte la ville, et Adam Harrower, un botaniste acclamé pour ses efforts dédiés à la conservation. Il travaillait pour l’État au sein du South African National Biodiversity Institute (Sanbi, l’Institut national sud-africain de la biodiversité). Tous deux ont été arrêtés, accusés d’alimenter un trafic mondialisé qu’ils sont censés combattre : celui des succulentes, aussi appelées malacophytes ou plantes grasses, dont l’Afrique du Sud est un des principaux berceaux sur la planète, avec le Mexique et le Chili.
Succulentes vedettes d’Instagram
C’est sur le territoire de la « nation arc-en-ciel » que poussent un tiers des plantes grasses du monde, et la moitié de toutes les espèces lui sont endémiques. Quand pendant la pandémie, en 2020, les touristes ont déserté ses parcs nationaux, des trafiquants en ont profité pour faire main basse sur ces plantes, surnommées ici les « diamants verts ». Et pour les exporter dans le monde entier. Car, au même moment, la demande mondiale a explosé, dépassant l’offre légale. Avec les confinements dans des habitats parfois très petits, une tendance a émergé, largement encouragée par les réseaux sociaux comme Instagram : décorer son intérieur avec des succulentes, des petits cactus notamment. En 2020, plus de la moitié des Américains ont acheté un cactus, selon la base de données Statista.
Les jardineries et magasins de décoration se sont donc mis à remplir davantage leurs rayons de succulentes, comme Ikea qui en vend depuis 2010. Le géant suédois vantant même, dans la version anglaise de son site web, ces plantes « parfaites si vous n’avez pas la main verte. Elles seront de merveilleuses colocataires ». La Crassula ovata, ou arbre de jade, endémique de l’Afrique du Sud et présentée par Ikea comme « plante de bureau », est considérée comme un porte-bonheur en Chine, qu’on recommande d’offrir dans les dîners importants. Pour les collectionneurs, les Conophytum, petites succulentes rondes ressemblant à des pierres, sont parmi les plus prisées et se monnaient en ligne sur des sites spécialisés jusqu’à 100 euros pièce. L’industrie légale des plantes grasses a ainsi représenté plus de 4 milliards de dollars en 2023 et devrait dépasser les 11 milliards de dollars d’ici 2030, selon le cabinet Exactitude Consultancy.
Touristes, trafiquants et petites fleurs
En parallèle, le marché noir, qui se chiffrerait aussi en milliards de dollars, croît à vitesse grand V. En Afrique du Sud, les saisies liées au trafic des végétaux ont ainsi augmenté de 250 % par an ces trois dernières années, selon la Botanical Society of South Africa. Au point que certains sont déjà proches de l’extinction. « En l’espace de cinq ans, douze espèces ont déjà disparu du paysage », s’alarme Carina Becker-du Toit, coordinatrice scientifique chargée de la réponse au braconnage pour le Sanbi et pour l’ONG WWF.
Le tribunal de Springbok se trouve juste derrière un gros rond-point fleuri avec fierté de la plupart des espèces de succulentes du Namaqualand. Cette zone désertique du nord de l’Afrique du Sud et du sud de la Namibie est réputée pour ses printemps qui voient ses vallons se couvrir de milliers de petites fleurs roses, oranges et rouges. Pendant ces fameux épisodes de superbloom, ou « superfloraison », les touristes affluent, auxquels se mêlent, discrets, des trafiquants. Dans le petit palais de justice, les deux prévenus passent à côté du patio où les quelques familles qui attendent les suivent des yeux. Ce sont les seuls Blancs au tribunal, ce matin du 19 mars 2025. La région est majoritairement peuplée de Coloureds, des métis descendant des Khoïsans, le premier peuple du pays.
Trapu, en pantalon treillis et pataugas poussiéreux, boussole accrochée à la poche, le capitaine Karel du Toit marche vers la salle d’audience avec à ses côtés le botaniste Adam Harrower, grand, raide et propret, endimanché dans son costume clair. Derrière eux, une sexagénaire blonde avance voûtée, drapée de noir. Leur avocate. Elle tire derrière elle une valise cabine, elle est venue exprès en voiture du Cap, la deuxième ville d’Afrique du Sud, à six heures de route. Dans la salle, seules quelques personnes sont assises sur les trois bancs affectés au public. L’affaire n’a pas vraiment été ébruitée localement. « C’était l’un des policiers les plus importants de la ville. Ils ont peur que la communauté perde confiance dans les autorités », explique, souriant avec ironie, une quadragénaire venue par curiosité. Devant elle, le botaniste, le policier et son collègue prennent place derrière la barre.
« Consumé par la lutte contre le braconnage »
Le capitaine Karel du Toit est notamment accusé d’avoir créé et utilisé une agence de tourisme pour alimenter le trafic. Dédiée aux passionnés de botanique, Pillansii Tours, dont la page Facebook regorgeait de posts photo et vidéo des explorations les plus périlleuses, dans la rocaille en 4×4, a été officiellement créée en 2019. Mais le policier aurait emmené dès 2016 des trafiquants repérer les plus beaux spécimens de plantes contre une grasse rémunération. « L’accusé […] n’a pas mentionné qu’il utilisait son entreprise de tourisme […] et n’a pas dit qu’il recevait de l’argent d’étrangers qui ont été arrêtés », précise le dossier judiciaire que XXI s’est procuré.
En novembre 2022, Adam Harrower a écrit un mail à sa hiérarchie et à ses collègues du Sanbi, déclarant que, « après 95 constats et trois ans et demi à être complètement consumé par la lutte contre le braconnage des plantes », il décidait de s’arrêter et demandait à pouvoir travailler dans le secteur privé. C’est à partir de là qu’il s’est mis à facturer au policier ses services d’expertise botanique.
Les Noirs font les diamants. Nous, les métis, on fait les coquillages et les plantes.
Leonard, trafiquant de succulentes
Toujours selon le dossier judiciaire, l’arrestation des deux hommes serait liée à des témoignages de petits braconniers. Dans ce pays où près de la moitié des jeunes sont au chômage, les gangs n’ont aucun mal à recruter. Pour le braconnage de plantes, mais aussi d’ormeaux, des coquillages protégés très prisés en Asie. « Les communautés marginalisées sont la cible de ces trafiquants internationaux », dénonce Carina Bruwer, chercheuse sud-africaine spécialiste du crime organisé.
À Koingnaas, village au cœur du Namaqualand situé sur une côte déserte trouée par les mines de diamants, Leonard [prénom modifié à sa demande] se confie sur ses activités de braconnier. « Ici, on se répartit le braconnage entre communautés, explique d’une voix rapide et étouffée ce métis, la quarantaine, yeux rouges et peau râpée par le soleil. Les Noirs font les diamants. Nous, les métis, on fait les coquillages et les plantes. Et dans le trafic de plantes, c’est organisé pareil : les braconniers sont tous des métis, les transporteurs sont tous des Noirs, les patrons sont asiatiques et on achète les policiers blancs. »
« Il y a deux chefs chinois au Cap, poursuit l’homme. Un qui gère le marché asiatique, l’autre le marché européen. Ils ont des hommes dans chaque petite ville du Namaqualand, tout le long de la nationale 7 [l’unique route traversant cette région déserte]. Ceux-ci recrutent ensuite localement pour récolter les plantes. » Leonard reste évasif sur son implication actuelle dans ce trafic – il travaille officiellement pour une exploitation légale de kelp, tenue par des Chinois qui utilisent ces algues pour des produits de beauté.
Enfants recrutés en échange de bonbons
« Ils embauchent de petites mains qu’ils trouvent dans la rue, ou via les réseaux sociaux, qui leur facilitent énormément la tâche, décrypte Carina Bruwer. Ils envoient par WhatsApp les photos et la géolocalisation des plantes qui ont été repérées discrètement, notamment lors de visites touristiques avec des guides. Puis ils paient en cash. Parfois, pour être plus insoupçonnables, des enfants sont même recrutés pour cueillir quelques spécimens en échange de bonbons. » Selon Leonard, les petits braconniers sont payés quelques euros par succulente récoltée. Dudley Wessels, naturaliste et guide dans la région, abonde : « L’appât du gain n’est pas négligeable. Ils peuvent toucher jusqu’à 500 euros pour un gros sac de plantes. »
À la barre du tribunal de Springbok, l’avocate de Karel du Toit et d’Adam Harrower s’adresse d’une voix chevrotante à la juge, Noire élégante qui la toise avec dureté. La blonde âgée paraît chagrine : « Les dossiers sont trop volumineux et j’ai reçu les éléments trop tard. Je n’ai pas pu les étudier tous. » Effectivement, ils regorgent de pièces, à l’instar de preuves de virements. Sur l’un des comptes du policier ont été trouvés notamment des transferts d’argent venant de trafiquants, arrêtés ensuite.
« On peut facilement acheter un policier »
Les enquêteurs ont estimé que Karel du Toit a pu gagner au total jusqu’à 100 000 euros par an grâce à ses activités parallèles à ses fonctions officielles. En Afrique du Sud, les policiers sont payés en moyenne 1 100 euros par mois, si l’on en croit le site de notation des entreprises Glassdoor. « Donc on peut facilement acheter un policier, abonde Leonard. Mon réseau en achète beaucoup, en leur donnant une ou deux fois par an des enveloppes de cash, entre 1 000 et 2 000 euros. On considère qu’on travaille avec la police. Les nouveaux venus dans ce trafic, qui n’ont pas ces connexions, se font arrêter. »
Les arrestations posent justement question dans le dossier de Karel du Toit. Selon plusieurs témoignages recueillis par les enquêteurs, le capitaine, qui faisait du chiffre côté interpellations, proposait aux petits braconniers à qui il passait les menottes le marché suivant : les relâcher en échange d’un don à son association de chasse et de protection de la nature, ou payer une amende pour éviter le tribunal. Des pratiques déjà observées dans d’autres trafics. « Nous avons constaté une corruption généralisée dans le braconnage des rhinocéros et d’autres animaux, impliquant le personnel et les gardes forestiers des parcs nationaux sud-africains », déplore Dave Bryant, membre du parlement de la province du Cap-Occidental, en charge de l’environnement.
Les techniques du trafic de drogue
Malgré la complicité de certains policiers, les gangs se montrent prudents et ont mis au point une taylorisation du trafic, à la manière de ce qui se fait pour la drogue. Le naturaliste Dudley Wessels explique : « Ils sont très malins, ils séparent étroitement chaque activité de la chaîne et dissimulent leur organisation habilement. » En s’enfonçant dans le fauteuil en osier de son salon, Leonard détaille : « Il y a ceux qui récoltent, les grossistes et les transporteurs. Le plus souvent, on repère par drone les zones avant les collectes, comme ça on est sûr de ne croiser personne. Certains braconniers haut placés ont même acheté des fermes dans ces régions désertes, idéales pour s’y établir et cacher la marchandise. »
« Une fois qu’on a récolté les succulentes, on doit entourer les racines de papier toilette pour les garder au chaud, poursuit le braconnier, et on a 48 heures pour les acheminer au Cap. Sinon, elles meurent. Donc on organise des “go fast”, parfois de camions entiers. » Si le convoi n’est pas arrêté, une fois arrivées en ville, les succulentes braconnées par milliers sont réceptionnées dans une zone près du port industriel. « Les transporteurs venus du Namaqualand reçoivent des localisations GPS qui changent à chaque fois. Ils ne savent pas où les plantes sont entreposées. En tout cas, elles sont conditionnées pour ensuite voyager. »
Comme avec les blessés de guerre, je dois faire un tri. Beaucoup de plantes meurent sur mes étagères.
La botaniste Carina Becker-du Toit
Dominique Prinsloo, qui a enquêté pour Traffic, une ONG luttant contre le trafic international de faune et flore sauvages, décrit : « On a découvert ainsi une maison dans la banlieue nord du Cap qui était une plateforme de préparation des plantes braconnées. Les policiers y ont trouvé 41 000 spécimens prêts à être exportés. » Par bateau et par avion, les végétaux sont acheminés dans le monde entier avec de faux papiers.
Sauver les succulentes quand ces braconniers sont interpellés et tenter de les replanter dans leur milieu naturel, c’est la mission de la botaniste Carina Becker-du Toit. « Nous recevons entre trois et sept saisies par semaine, principalement du Cap-Nord, et le nombre de plantes dans chaque cas peut varier entre 1 000 et 10 000. Comme avec les blessés de guerre, je dois faire un tri, se désole-t-elle. Faute de moyens et de temps, je traite en priorité les plantes les plus rares. Beaucoup meurent donc sur mes étagères. » Depuis 2019, plus de 1,1 million de plantes ont ainsi été saisies en Afrique du Sud, selon le Sanbi, avec un nombre d’interceptions passant de 22 000 en 2020 à environ 300 000 en 2022.
Faux certificats et plantes hybridées
Officiellement, l’exportation de plantes est très encadrée par la législation sud-africaine : sont exigés permis, preuve de l’origine légale, certificat phytosanitaire… Mais les trafiquants les falsifient facilement au moment de l’exportation ou de la vente. « Je ne peux pas m’aligner, se lamente Annette Beket, propriétaire d’une pépinière de plantes grasses à Springbok. Le moindre touriste étranger qui voudrait m’acheter une plante grasse doit remplir tout un tas de papiers pour la ramener dans son pays. Donc il a tout intérêt à la commander en ligne depuis chez lui à des trafiquants qui envoient les plantes avec de faux certificats. D’autant qu’il la paiera moins cher. Moi, pour faire pousser une succulente, je dois semer et attendre au moins deux ans. Et seulement 20 % des graines donnent des plantes. »
« C’est notre incapacité à répondre à la demande grandissante qui a alimenté ce braconnage, créant un marché noir qui pèse des milliards de dollars », pointe Anthony Rausch dans le magazine sud-africain d’agriculture Farmer’s Weekly. L’ancien président de la Johannesburg Succulent Society, une association d’horticulteurs professionnels, soupçonne que certaines de ces plantes braconnées sont aussi acheminées discrètement vers des pays d’Asie qui les reproduisent en masse. En quelques années, avec d’immenses fermes-usines, la Corée du Sud est devenue championne des plantes grasses sous serre, notamment grâce à des techniques d’hybridation très poussées et à l’impulsion donnée par le district d’Eumseong, dans le nord du pays, considéré depuis dix ans comme la Mecque de la culture de succulentes. Alors que ce ne sont pas des plantes qui poussent ici.
En association avec la Chine, qui fait de la production de masse pour pas cher, et avec cette technologie de pointe, la Corée du Sud peut donc proposer des plantes très recherchées, en grande quantité, pour un marché grandissant y compris localement – les Coréens sont devenus fous de succulentes. « Je ne serais pas surpris de découvrir que ces plantes clonées, hybridées sont ensuite envoyées sur les marchés légaux », lâche le guide naturaliste Dudley Wessels.
De Gamm vert à Ikea, le flou règne en France
En France, il est difficile de connaître la provenance certaine des végétaux proposés dans les rayons des jardineries et de la grande distribution, premiers lieux d’achat de plantes. Chez Gamm vert, qui n’a pas souhaité répondre aux questions de XXI, on peut lire « France » à la ligne « origine » des « kits cactus et succulentes ». Du côté de Leroy Merlin, l’origine de nombreuses plantes grasses vendues par le distributeur sur son site web n’est pas mentionnée, et la ligne « nom latin générique » se contente parfois d’indiquer « cactaceae » (c’est-à-dire cactus), ou même « succulentes ». L’enseigne a refusé de nous donner plus d’explications.
Sur le site français d’Ikea enfin, la fiche produit de plusieurs succulentes vendues entre 2,99 euros et 7,99 euros indique « Origine : toutes zones à climat aride », quand celle de la Crassulata ovata mentionne, elle, l’Afrique du Sud. Sollicitée par XXI sur l’origine des plantes et la quantité vendue ces dernières années, l’enseigne suédoise, via son service communication, répond qu’elle « n’a pu obtenir les informations demandées ».
« Il est arrivé que l’on retrouve des plantes braconnées chez des cultivateurs dits “éthiques”, enregistrés auprès des autorités, dénonce à XXI Gerhard Sieburg, président de la Johannesburg Succulent Society. Elles sont parfois présentées dans des expositions à l’étranger, en Asie, en Europe et aux États-Unis, et même en photo dans des revues, mais les autorités sud-africaines ne peuvent agir dans ces pays. » Tous les maillons de ce trafic n’ont donc pas encore été mis au jour par la justice, par manque de coordination internationale. Le politicien Dave Bryant en a fait son cheval de bataille : « On a appelé à une plus grande coopération entre Interpol et les autorités sud-africaines afin de démanteler les groupes criminels qui alimentent le commerce illégal vers la Chine. »
Puces RFID dans les cactus
Pour l’instant, ce trafic n’a vu qu’un seul chef de réseau mis derrière les barreaux : le sud-coréen Byungsu Kim, qui aurait braconné au total plus de 120 000 plantes, notamment aux États-Unis. Après avoir échappé à la police américaine en se réfugiant au Mexique en mai 2019, le plus connu des trafiquants internationaux a déployé ses hommes en Afrique du Sud, arrachant plus de 2 000 succulentes, dont certaines avaient plus de 250 ans. Arrêté en octobre 2019 par les Sud-Africains puis extradé aux États-Unis, il a plaidé coupable et a été condamné en 2022 à deux ans de prison.
Byungsu Kim utilisait une pépinière en Californie comme entrepôt pour exporter des Dudleya farinosa sauvages vers l’Asie, en fournissant de faux certificats aux douanes. Face à ce problème de traçabilité, dans certains parcs nationaux américains, comme celui de Saguaro en Arizona, les rangers sont allés jusqu’à insérer des puces RFID dans les cactus pour pouvoir les tracer et en détourner les braconniers. Système jusqu’ici plutôt efficace. L’Afrique du Sud, elle, n’a pas ces moyens, et ses toutes petites plantes se prêtent mal à un puçage.
Sourire carnassier
Dans la salle d’audience de Springbok, la juge écoute encore un peu l’avocate, regarde ses notes puis accepte sa demande d’un délai supplémentaire. L’audience reprendra au mois de juin pour exposer tous les faits en détail. L’avocate se redresse, puis se retourne vers les deux prévenus dévoilant soudainement un sourire carnassier. « On n’est pas dupes, ils jouent ce jeu pour gagner du temps », confie à la sortie l’un des enquêteurs.
Le procureur, lui, se réjouit de ce délai, car il prépare un coup : il veut faire venir à la barre des témoins chinois et tâcher ainsi de démanteler toute l’organisation. La justice sud-africaine va peut-être, pour la première fois, faire tomber un puissant réseau. Le policier et le botaniste encourent jusqu’à quinze ans de prison. Vont-ils parler à la barre ? Pour l’instant, tous les deux, comme leur avocate, refusent de commenter l’affaire.