


Cet arbre du comté de Västerbotten situé au nord du pays a été volontairement abimé. « Les entreprises forestières repèrent les spécimens rares ou les espèces protégées et les dégradent afin qu’ils soient considérés comme malades et que leur coupe soit autorisée », explique la photographe. Seule une petite proportion des troncs coupés sont utilisés pour la confection de meubles ou de produits en bois. L’immense majorité termine en pulpe, communément appelée « pâte à papier », puis transformée en papier ou en… carton, dont la demande a explosé avec la vente en ligne depuis la pandémie de Covid-19. « De nombreux packaging – comme ceux des produits Apple ou des parfums de luxe – mais aussi tous les emballages qui entrent en contact avec de la nourriture, la plupart des papiers hygiéniques ou ceux sur lesquels sont imprimés les magazines sont fabriqués avec des arbres récemment abattus. La production de pâte à papier recyclée rapporte moins », déplore Mélanie Wenger.

Sebastian Kirrpu observe la souche d’un pin sylvestre dans une forêt du Värmland (au centre de la Suède), menacée par la coupe. Le quinquagénaire, biologiste de renom, est l’une des voix les plus connues de la défense des forêts suédoises. « Il traque les marques laissées sur les arbres par les entreprises forestières. Quand il repère celles indiquant qu’une forêt primaire va subir une coupe rase, il se met en quête d’un indice qui rendra la parcelle intouchable pour sa valeur écologique. Champignons, espèces rares, plantes protégées : il consigne les détails qui lui permettront de stopper l’abattage », relate la photographe. Son travail, mené en collaboration avec l’ONG locale Skydda Skogen (« protégez la forêt »), lui vaut d’être détesté par l’industrie forestière.






