Mort sur le fleuve Congo
Podcast. 16 janvier 2001, palais présidentiel à Kinshasa, aux environs de 13 heures. Le président Laurent-Désiré Kabila est assassiné dans son bureau par un ancien enfant-soldat devenu garde du corps. L’ancien rebelle ayant renversé le maréchal Mobutu Sese Seko en mai 1997 avec l’aide du Rwanda et de l’Ouganda, deux puissances régionales dont il chercha à se débarrasser une fois au pouvoir, bouleverse la RDC et la géopolitique des Grands Lacs. Son fils et successeur à la tête de l’État, Joseph Kabila, dirigera le pays jusqu’en janvier 2019 sans que la lumière soit faite sur cet épisode tragique de l’histoire. Le commanditaire de l’assassinat de Kabila père et les mobiles restent inconnus, donnant toujours lieu à de multiples conjectures de la rue congolaise. Ce podcast captivant en quatre épisodes d’Esdras Ndikumana et Arnaud Zajtman rouvre ce dossier sombre de l’histoire congolaise et explore quelques pistes d’enquêtes en s’appuyant sur des documents et témoignages rares d’anciens responsables sécuritaires et politiques.
L’abscisse et l’ordonnée
Livre. Près de quinze ans après sa sortie, ce livre de fiction constitue toujours l’un des manuels politiques les plus subtils pour saisir les dynamiques des intrigues du pouvoir de Kinshasa. L’écrivain congolais In Koli Jean Bofane décrypte avec humour et délicatesse les réalités des faubourgs populaires impitoyables de la mégalopole et les cénacles d’une élite politique cynique et vénale. Le personnage central, Célio, navigue entre ces deux univers au gré d’une rencontre avec un conseiller du président séduit par ses théorèmes fantasques développés à partir d’un ancien manuel scolaire. Des formules et concepts mathématiques d’abord appliqués aux maux qui rongent son quartier délaissé, puis à la gestion du pouvoir et de l’opposition, féroce mais manipulable. Une plongée dans les arcanes d’un État imaginaire, mais dont les travers ressemblent à ceux du monde réel congolais.
Fresque sanglante
Livre. Cet ouvrage devenu best-seller retrace cent vingt ans d’histoire congolaise. Une fresque totale où se succèdent les heures les plus mouvementées de la RDC : celles d’une colonisation brutale menée par la Belgique, du système prédateur mis en œuvre par le maréchal Joseph Mobutu Sese Seko, puis des guerres qui ont ensanglanté le pays à partir de 1994. Tout au long des 720 pages de son livre, l’écrivain néerlandais David van Reybrouck prend soin de faire résonner des centaines de voix oubliées, à l’image de celles, émouvantes, de vétérans congolais de la Seconde Guerre mondiale. Avec pour ambition de redonner corps et vie à une histoire longtemps tue.
Bouillon de culture
Documentaire. Dans un Kinshasa frénétique, une poignée d’artistes – plasticiens et performeurs – déversent angoisse et rage dans des créations tantôt loufoques, tantôt inquiétantes, pour donner du sens à un quotidien chaotique. Il y a comme une pulsion de vie dans cette scène bouillonnante, filmée avec intensité par Renaud Barret. Avant Système K, ce cinéaste français a également signé le remarqué documentaire Benda Bilili!, qui retraçait l’histoire d’un orchestre congolais composé pour partie de paraplégiques.
À chœur vaillant rien d’impossible
Collection XXI. Plus connue pour la rumba, la République démocratique du Congo est pourtant, depuis l’époque des missionnaires, un pays de chorales. Emmené par l’énergique Douce Namwezi, et accompagné par la soprano Maruska Le Moing et la pianiste italienne Lucia Zarcone, un groupe de virtuoses débrouillards entreprend de donner vie et voix à un projet fou de « Requiem pour la paix ». L’idée de ce concert itinérant : amorcer un travail de mémoire dans un pays meurtri où rien n’a été pensé pour les victimes. L’écrivain-voyageur Guillaume Jan a suivi la troupe, de Bukavu à Kinshasa en passant par Goma, et a raconté leur périple dans le numéro 61 de XXI (hiver 2023).